Dans une lettre adressée au Commissaire Provincial de la Police Nationale Congolaise (PNC) du Sud-Kivu, l’avocat et défenseur des droits humains Pappy Kajabika exprime de vives inquiétudes sur la gestion des contrôles routiers (bouclage) à Bukavu, notamment concernant l’implication des agents de la Police de Circulation Routière (PCR). L’avocat appelle à des mesures urgentes et draconiennes afin de mettre fin à ce qu’il décrit comme une « mafia organisée » et de restaurer l’ordre dans la circulation routière de la ville.
Depuis le 5 décembre 2024, un bouclage est en cours dans la capitale du Sud-Kivu pour vérifier la régularité des véhicules circulant avec des immatriculations congolaises.
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Selon Kajabika, cette opération a mis en lumière une absence préoccupante de véhicules peints en jaune (taxis de transport en commun), pourtant censés être en règle. Le constat est sans appel : plus de 90% de ces véhicules ne sont pas en conformité avec la réglementation, ce qui révèle un dysfonctionnement majeur dans les contrôles effectués par les agents de la PCR.
L’avocat précise que cette situation ne peut être considérée comme un hasard.
Il dénonce une complicité entre les agents de la PCR et les propriétaires de ces véhicules, qui ont jusqu’à présent pu circuler librement malgré leur non-conformité.
« Depuis le déclenchement de ce bouclage, on enregistre l’absence quasi-totale de véhicules peints en couleur jaune sur les routes de la ville. L’absence de ces véhicules sur la chaussée signifie tout simplement qu’ils ne sont pas en ordre, alors qu’en temps normal, ils circulent librement avec la complicité des agents PCR commis à différents postes et Check Point PCR à Bukavu. Cette situation doit interpeller tous les citoyens et particulièrement votre autorité »
Il qualifie cette pratique de « mafia organisée », où les agents de la PCR fermeraient délibérément les yeux sur les infractions en échange de compensations financières.
Cette situation, selon Kajabika, prive l’État de ressources cruciales alors que la République Démocratique du Congo entame une phase de reconstruction essentielle.
Kajabika interpelle donc le Commissaire Provincial afin qu’il prenne des mesures concrètes et « draconiennes » contre les éléments de la PCR impliqués dans ces pratiques.
Il demande des explications claires et la mise en place d’enquêtes pour identifier les responsables, auteurs, complices et co-auteurs de cette malversation.
Pour l’avocat, cette situation est un exemple flagrant d’impunité et que des actions doivent être prises pour rétablir la justice et l’ordre dans le secteur de la circulation routière.
Dans sa lettre, Pappy Kajabika insiste sur la nécessité d’utiliser l’expérience de ce bouclage pour amorcer un changement durable.
Il appelle à une remise en question profonde de la gestion de la circulation à Bukavu et dans toute la province du Sud-Kivu. Selon lui, il est impératif de lutter contre l’impunité pour garantir un système de circulation juste et transparent.
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« Nous pensons que l’expérience de ce bouclage doit vous permettre de prendre un nouvel élan pour mettre fin à l’impunité et instaurer de l’ordre dans le secteur de la circulation routière dans la ville de Bukavu et dans toute la province du Sud-Kivu », écrit-il dans sa correspondance.
L’avocat conclut en exprimant l’espoir que son appel sera pris en compte avec la plus grande urgence, pour permettre à la justice de triompher et aux citoyens congolais de vivre dans un environnement où la loi est respectée.