Intervenons-nous

    Dorothée Nganiza Masirika, Ministre provinciale des Finances, de l’Economie, de l’Industrie, du Commerce, de l’Entrepreneuriat et de la Fonction Publique vient d’être révoquée de ses fonctions par le Gouverneur Purusi. Une révocation qui signe la fin des agissements de la toute puissante ministre, très proche du deuxième Vice-Président du Sénat Modeste Bahati Lukwebo, Autorité de l’AFDC dont est issu le Gouverneur actuel.

    L’acte est courageux, la mesure est symbolique pour un Gouverneur qui veut rompre avec un passé douloureux des intouchables soutenus par leurs chefs des partis au sein de l’administration provinciale.

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    Pourtant, les nouvelles de ces derniers mois présentaient Madame Dorothée Nganiza comme un électron libre qui décidait parfois à la place de l’autorité provinciale. C’est d’ailleurs ce que confirme l’arrêté de révocation signé le Gouverneur Jean-Jacques Purusi. Le Gouverneur l’accuse par exemple d’avoir suspendu, sans en avoir informé au préalable sa hiérarchie, le Chef de Division de l’EPMEA.

    Pire, elle a sollicité un prêt bancaire de  cinq millions (5.000.000) de dollars  américains, au nom de la Province, sans que ni l’Autorité Provinciale,  ni l’Assemblée Provinciale et moins encore le Conseil des Ministres Provinciaux ne soient préalablement informés.

    Alors que le Gouverneur concentre son action notamment dans la régulation des activités des sociétés et coopératives minières suspendant même les activités minières pour y voir clair, Dorothée Masirika, elle est accusée d’avoir de son propre chef, autorisé la reprise des activités au profit de deux sociétés minières opérant à Fizi « à la suite des paiements insignifiants dans les caisses de la province, court-circuitant ainsi les compétences et les efforts de du groupe d’experts ad hoc constitué à cet effet par le Gouvernement provincial ».

    «Des actes coupables, répréhensibles et préjudiciables de nature à ternir l’image et la crédibilité du Gouvernement Provincial du Sud-Kivu », annonce le Gouverneur de province.

    La question par exemple liée aux 5 millions de dollars a créé des remous au sein de l’Assemblée Provinciale du Sud-Kivu.

    Des rumeurs de motion de censure contre le Gouvernement provincial ont couru dans le couloir de la première institution provinciale depuis quelques semaines. Pour de nombreux députés, c’était inacceptable l’acte. Le Gouverneur était donc pressé de donner des explications et/ou d’agir.

    Ce n’est pas la seule question qui fâchait autour de Dorothée Nganiza. A la Direction Provinciale de Mobilisation et d’Encadrement des Recettes (DPMER), on l’accusait désormais de violer toutes les procédures.

    Des agents révoqués, suspendus, écartés selon ses humeurs. D’autres payés à la main. Les accusations venaient désormais de tous les côtés pour dénoncer une gouvernance totalitaire du Gouvernement Purusi sous sa ministre des Finances.

    « Procédant à la nomination, au placement et au mouvement du personnel, sans en avoir ni l’avis ni l’autorisation de la hiérarchie ; une pratique qui va à l’encontre de la philosophie et de la ligne de conduite du Gouvernement provincial », annonce l’arrêté de révocation.

    Récidiviste? 

    Mais madame Dorothée Nganiza n’est pas à sa première révocation. Sous Théo Ngwabidje, le prédécesseur de Jean-Jacques Purusi, elle avait encore subi la même mesure.

    Alors Chef de division de Recouvrement au sein de la DPMER Sud-Kivu, le Gouvernorat du Sud-Kivu annonçait que les derniers faits qui ont conduit à sa révocation étaient d’une « flagrance terrible ».

    « C’est la figure d’un pompier pyromane. Alors qu’elle a été engagée pour recouvrer les recettes de l’Etat, Madame fait juste le contraire de sa mission », disait la Cellule de Communication du Gouverneur.

    Dorothée Nganiza est également une femme d’affaires. La province sous Ngwabidje l’accusait également de fraude notamment autour de l’importation du ciment gris.

    « La cargaison des ciments gris qui l’a finalement emportée n’est que, selon certaines sources,  le quarantième jour du voleur de la Bible. Les Ets Mwinja dont elle est l’unique propriétaire, seraient spécialisés dans ces genres de pratiques de coulage des recettes grâce à sa position de Chef de Division du Recouvrement à la DPMER. Il n’y a rien d’acharnement dans ce cas précis de flagrance dans une fraude massive. D’ailleurs Madame Dorothée aurait dû renoncer elle-même à ses fonctions en vertu de l’article 12, Al 4 du Décret-Loi 017-2002 du 03 octobre 2002 portant code de conduite de l’agent public de l’Etat, relatif au conflit d’intérêts…» écrivait la Cellule de Communication de Théo Ngwabidje aux accusations de l’entourage de Nganiza.

    La révocation de Dorothée Nganiza sera levée quelques temps plus tard sur fond notamment de la normalisation des relations entre l’ancienne autorité provinciale et Modeste Bahati Lukwebo alors élu Président du Sénat en 2021.

    Parlementaire pour le compte de la RDC dans les pays de la communauté d’Afrique de l’Est, Nganiza est revenue en force comme parmi les éléments clés du gouvernement provincial sous Purusi.

    Cette révocation sonne comme un avertissement adressé à tous les autres responsables publics sous la direction du Gouverneur Purusi. Ce dernier tient coûte que coûte à imprimer sa marque dans la gouvernance au niveau provincial. Mais a-t-il les muscles solides pour faire face à la colère de plusieurs responsables politiques ayant proposé des mandataires à différents postes, si certains subissaient des mesures similaires ?L’avenir nous le dira.

    Jean-Luc M.
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