La Société civile du Sud-Kivu, mouvements citoyens et autres structures engagées, s’est exprimée sur deux enjeux cruciaux pour l’avenir du pays : le débat sur la révision ou le changement de la Constitution et la situation sécuritaire alarmante à l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC). C’était au cours d’un point de presse organisé ce jeudi 5 décembre 2024 dans la salle Concordia de l’Archevêché de Bukavu.
Pour la Société civile du Sud-Kivu, la révision de la Constitution ne doit pas être la priorité en ce moment critique. Ce sont les enjeux de sécurité, d’unité nationale et de justice sociale qui doivent primer. En appelant à un engagement plus ferme du gouvernement et des acteurs internationaux pour résoudre les conflits armés et répondre aux aspirations du peuple congolais, la Société civile du Sud-Kivu et les mouvements citoyens souhaitent que l’on change d’abord la vie des Congolais avant de toucher à la Constitution.
La première préoccupation des Forces Vives du Sud-Kivu demeure la détérioration continue de la situation sécuritaire dans l’Est du pays.
Le Nord-Kivu, province voisine, est en proie à des violences incessantes dues aux incursions du M23 et à d’autres groupes armés. Le Sud-Kivu, particulièrement les hauts plateaux de Minembwe, n’échappe pas à ces tensions, comme l’atteste l’affrontement récent entre les FARDC et le groupe armé Twirwaneho, qui a fait plusieurs blessés.
La violation flagrante des accords de cessez-le-feu, en particulier ceux de la feuille de route de Luanda, inquiète la Société civile.
Le M23, soutenu par des forces rwandaises, continue de conquérir des localités, notamment dans le territoire de Walikale.
Les citoyens, à travers la Société Civile et mouvements citoyens se demandent pourquoi les FARDC, déjà engagées sur plusieurs fronts, ne sont pas soutenues de manière adéquate par le gouvernement national.
La Société civile s’interroge aussi sur le rôle des puissances étrangères dans cette instabilité, soulignant l’importance de neutraliser les FDLR, des groupes responsables de nombreux conflits et qui, selon certains, sont liés à des intérêts géopolitiques concernant les ressources minières de la RDC.
Le débat sur la révision constitutionnelle : une question mal venue
La Société civile du Sud-Kivu se montre particulièrement critique face au débat actuel sur la révision constitutionnelle.
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Selon elle, cette discussion est prématurée et inopportune alors que le pays traverse une période de crise profonde.
En effet, l’article 218 de la Constitution permet uniquement la révision, mais l’article 219 interdit toute révision constitutionnelle lorsque certaines régions du pays sont sous état de siège. Or, plusieurs provinces, dont le Nord-Kivu, l’Ituri et une partie du Sud-Kivu, sont toujours dans une situation de guerre.
La Société civile rejette fermement l’idée de modifier l’article 220 de la Constitution, qui limite le nombre de mandats présidentiels à deux, craignant que ce changement ouvre la voie à un pouvoir autoritaire.
« Certes qu’à force de vouloir atteindre à tout prix le but de s’éterniser au pouvoir, le gouvernement peut lever l’Etat de siège sans régler le problème de l’agression rwandaise et mettre fin aux affrontements dans les provinces de l’ituri, Nord Kivu et présentement au Sud-Kivu dans la partie Nord et Sud et celle Maniema. C’est irresponsable d’amener le Chef de l’Etat actuel à la dérive dictatoriale que l’UDPS a combattu plus de 30 ans en voulant à tout prix déverrouiller l’article 220 qui limite le nombre et la durée des mandats du Chef l’Etat limité à Sans renouvelables une fois et qu’on voudrait ramener à 7ans », dit la déclaration.
Selon les forces vives, il est plus urgent de mettre fin à l’instabilité sécuritaire et de répondre aux besoins sociaux des citoyens, en particulier ceux des enseignants et autres fonctionnaires.
« La Société civile du Sud Kivu dans toute sa diversité refuse ce plan qui veut donner de l’eau au moulin aux ennemis de la RDC qui nourrissent sans cesse le plan de balkanisation et qui veulent compromettre l’unité et la cohésion nationales. Ne touchez pas à notre constitution, mettez d’abord fin à l’agression rwandaise, mettez fin aux conflits armés au Nord Kivu, Sud- Kivu, et en Ituri, répondez à la grogne sociale en assurant des conditions de vie et de travail décents à nos enseignants et autres agents de l’Etat, en mettant fin au pillage de ressources de la RDC et en instaurant une gouvernance au bénéfice de la population qui a décidé de donner son pouvoir aux représentants que vous êtes. La révision de la Constitution est constitutionnelle mais il n’est ni le moment ni l’opportunité. Changez la vie de congolais et non la constitution ».
Un appel à l’unité et à la mobilisation
Face à cette situation, la Société civile lance un appel clair aux autorités : mettre fin aux agresseurs étrangers, restaurer la paix à l’Est du pays et garantir une gouvernance plus juste et plus efficace. Pour ce faire, des recommandations ont été formulées, notamment l’interpellation des ministres des Affaires étrangères et de la Défense afin de clarifier la situation sécuritaire à l’Est de la RDC.
En outre, la Société civile du Sud-Kivu a lancé la campagne « Congolais, réveillons-nous, la patrie est en danger », visant à sensibiliser la population sur l’importance de l’unité nationale face à ces crises. Une contre-pétition contre la révision constitutionnelle sera également initiée dans la ville de Bukavu et dans les territoires de la province.
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