Un Mémorial Virtuel des Victimes des différents massacres commis en RDC a été créé par un groupe de jeunes congolais; qui disent avoir voulu joindre leurs voix à celles de ceux qui ne veulent pas oublier; et qui veulent se souvenir, connaître la vérité, obtenir justice et réparation.
Ce mémorial virtuel sous la forme d’un site web www.memorialrdcongo.org et d’un calendrier rappelle presque quotidiennement les incidents; selon la terminologie utilisée par le Rapport Mapping, c’est-à-dire les massacres, les exécutions sommaires; les viols, les pillages, les recrutements d’enfants soldats, etc.
Outre ce calendrier des crimes «impunis» en RDC, ce mémorial virtuel propose les différents incidents et leurs contexte; un espace pour les témoignages, les différentes propositions du rapport mapping ayant trait au droit à la vérité, à la justice et à la réparation; ainsi que des liens vers des documents et rubriques d’actualités sur la lutte contre l’impunité en RDC.
Selon le Dr Denis Mukwege qui a décidé de soutenir cette initiative, la RDC est endeuillée depuis près de trois décennies jusqu’à nos jours; par de multiples conflits armés avec leur lot de victimes «innombrables» de massacres, d’exécutions sommaires, de viols, de pillages, etc.
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Malgré l’ampleur de ces tueries, il règne selon lui un silence pesant et assourdissant. Aucune poursuite judicaire n’a été par exemple entamée pour sanctionner les auteurs présumés des crimes commis; mais aussi aucune réparation pour les victimes de ces exactions.
«Ce calendrier des crimes commis est donc aussi un agenda qui nous aide à garder en mémoire les choses que nous avons à faire. Agir pour que soient enfin mis en œuvre en RDC les mécanismes de la «justice transitionnelle»; de poursuite judiciaire, de recherche de la vérité, de réparation et de réforme institutionnelle; agir pour que les auteurs présumés des crimes commis aient à répondre de leurs actes et, dans la poursuite de cet objectif; agir pour que soit levé l’embargo sur la base de données du Haut-Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme; actuellement gardée confidentielle, identifiant les présumés auteurs des 617 incidents violents documentés dans le Rapport du projet Mapping.» a dit le prix nobel 2018.
Je vous invite à consulter ce site : https://t.co/HAlPdupALh un mémorial en ligne des victimes des massacres documentés dans le #rapportmapping. Ces crimes graves ne peuvent être oubliés ni rester impunis ! #memorialducongo #joubliepas#justicepourchaquevictime #nojusticenopeace pic.twitter.com/QcleoIY7o1
— Denis Mukwege (@DenisMukwege) September 30, 2020
Mette fin à l’impunité
Rappelons que le 1er octobre prochain, le rapport mapping qui cartographie des crimes graves perpétrés sur le sol du Congo-Zaïre entre mars 1993 et juin 2003; et publié par le Haut-Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme en 2010; totalise 10 ans jour pour jour.
Ce rapport avait documenté 617 incidents auxquels se rapportent les violations les plus graves; des droits humains et du droit international humanitaire sur la période considérée; y compris des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité. Le rapport avait également dressé un état des lieux de la capacité du système judiciaire national; et proposé des options de justice pour faire face aux conséquences de ces crimes.
Selon des organisations de défense des droits de l’homme, à ce jour, en dehors de quelques progrès réalisés sur le plan législatif; et de quelques poursuites menées éparsement par la justice congolaise, les crimes documentés dans le rapport mapping demeurent largement impunis.
C’est ce que décrie d’ailleurs le Docteur Denis Mukwege qui dans ses différentes interventions; estime qu’aucun mécanisme judiciaire indépendant, impartial et efficace n’a été mis en place; et il n’y a eu aucune véritable réforme institutionnelle, des services de sécurité, de la justice, garantissant que ces atrocités ne se répéteront pas à l’avenir.
Celui-ci a dit être convaincu, comme les jeunes initiateurs de ce mémorial, que la réponse appropriée à ces violences et crimes «est la mise en œuvre des mécanismes de la justice transitionnelle»; à savoir, les poursuites pénales, l’établissement de la vérité, les réparations pour les victimes; et les réformes institutionnelles.
Museza Cikuru
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