Intervenons-nous

La Cour militaire de l’ex Kasaï Occidental a rendu son arrêt ce samedi 29 janvier 2022, dans le procès sur le meurtre de deux experts de l’ONU, tués en mars 2017 dans la région du Kasaï. 49 prévenus ont été condamnés à la peine de mort, parmi eux 22 par contumace.

Deux seuls prévenus, notamment le journaliste Raphaël Trudon Kapuku Kamuzadi et l’agent de la police Tshimbamba Mutombo Honoré, ont recouvré leur liberté après ce procès qui aura duré 4 ans.

Ces prévenus sont condamnés pour différentes infractions, à savoir le crime de guerre par mutilation, crime de guerre par meurtre, association des malfaiteurs, participation au mouvement insurrectionnel et terrorisme.

Sur la liste des condamnés à mort, figurent Jean Bosco Mukanda, Vincent Manga, Constantin Tshidime Bula Bula et Thomas Nkashama, alors agent de la DGM et membre de la famille Kamuina Nsapu.

Le Colonel Jean de Dieu Mambweni, un officier des FARDC, a lui été condamné à 10 ans de servitude pénale pour violation des consignes et non-assistance à la personne en danger.

Après cet arrêt, le Président de la Cour militaire de l’ex Kasaï Occidental, Général de Brigade Jean Paulin Ntshayokolo, a regretté de constater que ce procès n’ait pas permis de connaître les commanditaires du meurtre de ces deux experts.

Celui-ci indique que la cour avait posé expressément la question aux prévenus pour savoir s’ils ont été incités par une quelconque personne ou une autorité à commettre ce meurtre. Mais tous les prévenus avaient nié. La cour a dit espérer qu’au degré d’appel, les prévenus pourront parler.

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Ce procès a débuté en juin 2017 avec 54 accusés dont 32 ont comparu sur place et 22 autres par défaut car étant en fuite. Les deux experts onusiens, notamment l’américain Michael Sharp et la suédoise Zaïda Catalan, avaient été tués le 12 mars 2017 à Bukonde, dans la région du Kasaï, alors qu’ils enquêtaient sur la milice Kamuina Nsapu.

En réaction à cet arrêt, Staffan Lindberg, journaliste d’investigation suédois, dit noter que ce procès de quatre ans a été « extrêmement » délicat et juridiquement « peu sûr ».

«Des témoins clés ont mystérieusement été empoisonnés en détention. Un suspect principal a réussi à s’échapper. Des témoins ont été transportés par avion à Kinshasa, lavés par les services de sécurité et ont changé leurs témoignages,» décrie-t-il.

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Celui-ci déplore également le fait que tout au long du procès, la chaîne de commande n’ait pas été étudiée.

«Même après le verdict, nous ne saurons pas qui a finalement pris la décision d’assassiner Zaida et Michael. Seulement que les pistes continuent de pointer vers le sommet de l’appareil d’État congolais de l’époque. Ceux qui sont maintenant condamnés (mais probablement pas tous) étaient probablement impliqués à un certain niveau […] pour de l’argent,» écrit-t-il sur Twitter.

De sa part, Thomas Fessy, représentant de Human Right en RDC, pense que beaucoup reste à faire. Selon lui, l’ONU doit maintenant enquêter de manière « exhaustive » sur le rôle crucial que des responsables de l’État ont pu jouer dans ces meurtres.

«L’enquête des autorités judiciaires et ce procès n’ont pas permis de faire toute la lumière sur ce qu’il s’est passé : que ce soit le meurtre des enquêteurs de l’ONU, Zaida Catalan et Michael Sharp, ou la disparition de leur interprète et chauffeur congolais. Et donc près de cinq ans après leur assassinat, il reste encore plus de questions de réponses et beaucoup reste à faire. Que cet épisode judiciaire avec ses lenteurs et tergiversations de ces dernières années, ne soit pas une manière de clore l’affaire. Nous le répétons : la justice congolaise avec l’appui de l’ONU doit maintenant enquêter de manière exhaustive sur le rôle crucial que des responsables de l’État, donc du gouvernement ou des forces de sécurité, ont pu jouer dans ces meurtres […] Il faut enquêter en remontant la chaîne de commandement et en se penchant sur la responsabilité de ceux qui auraient planifié ou ordonné ces meurtres. La responsabilité de l’État devrait être ainsi mise en question pour aboutir à une véritable justice,» a-t-il déclaré sur RFI.

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Staffan Lindberg pense que la question la plus importante à se poser est de savoir : « dans l’intérêt de qui était-ce vraiment de voir les experts de l’ONU morts ? ». Celui-ci souhaite également que même après ces condamnations, « la lutte pour découvrir la vérité doit continuer ».

Museza Cikuru

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