Intervenons-nous

    Le mouvement citoyen Lutte pour le Changement (LUCHA) a rendu public son premier baromètre sur la gouvernance de l’actuel Gouverneur Jean-Jacques Purusi au Sud-Kivu, ce lundi 7 octobre 2024. La « Purusimétrie » vise à évaluer l’action du gouvernement provincial.
    Investi depuis le 29 juin 2024 par l’Assemblée provinciale, le gouvernement Purusi a été fortement évalué par ces militants engagés au sein de ce mouvement citoyen. La LUCHA précise qu’elle ne souhaite pas faire de la « Purusimétrie » une tribune de jugement ou d’acharnement, mais plutôt un outil de participation citoyenne.

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    Qu’est devenu son discours et son programme trois mois plus tard ? Quelle est la situation dans la province ? Quelles sont les avancées ? À quel niveau se trouvent aujourd’hui les actions prioritaires ? s’interroge le mouvement citoyen dans ce document d’une vingtaine de pages.

    Les plus grands mérites de Jean-Jacques Purusi, selon certains témoignages rapportés par la LUCHA, résiderait dans son rapprochement avec la population pendant ses 100 premiers jours, en visitant plusieurs contrées de la province, notamment le territoire de Shabunda.


    « Ce dernier n’avait pas vu de gouverneur fouler le sol de Matili depuis 1980. D’autres soulignent que l’invitation du Gouverneur à la population au stade de Kadutu pour échanger avec elle et lui présenter son bilan de deux mois a été considérée comme une pratique de redevabilité inédite au Sud-Kivu depuis 2006. D’autres évoquent encore la mobilisation de 2,5 millions de dollars en seulement deux mois. Certains citent la révocation de la ministre provinciale, membre de son regroupement politique (AFDC-A), Madame Dorothée Nganiza Masirika. Par ailleurs, une partie de la population apprécie sa décision de suspendre les activités minières artisanales et semi-industrielles dans la province, ainsi que la suspension de tous les chefs de division de la Direction Provinciale de Mobilisation et d’Encadrement des Recettes (DPMER) pour diverses raisons », explique le mouvement citoyen.

    Cependant, la LUCHA insiste sur le fait que l’évaluation de Purusi en tant que Gouverneur doit se baser non seulement sur sa proximité avec la population, mais surtout sur sa capacité à apporter des solutions tangibles aux problèmes quotidiens qui affectent les Sud-Kivutiens.

    « C’est dans cette démarche unique, consistant à relever les défis locaux, que le surnom « Magufuli », qui lui est attribué par certains, pourrait se confirmer. Car plus qu’un simple nom, il pourrait devenir un symbole d’un leadership dévoué à l’amélioration réelle de la vie du peuple. »

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    En revenant sur les cinq axes et les dix jalons prioritaires du programme du gouvernement Purusi, la LUCHA note que, dans le chapitre sur la paix et la sécurité, la situation des militaires et des policiers vivant dans nos différents camps constitue un déshonneur. En effet, la précarité dans laquelle vivent de nombreuses familles de militaires dans divers camps est une question importante, mais souvent peu débattue.

    « Il est crucial de souligner que les questions de nourriture, d’habillement et de logement décent pour nos forces de défense et de sécurité étaient urgentes et auraient dû être traitées par le Gouverneur pendant ces 100 premiers jours. Considérant leur solde, cela témoignerait d’une volonté concrète de la part du gouvernement. Or, à la place, Jean-Jacques Purusi, comme beaucoup de politiciens congolais, s’est contenté de distribuer des vivres et des fournitures scolaires aux veuves et orphelins, alors que le peuple congolais mérite des actions gouvernementales durables. »

    La LUCHA rappelle que le Gouverneur avait promis l’intégration des femmes et des jeunes issus des militaires dans différents services de l’État au niveau de la province, ainsi que la réhabilitation des infrastructures dans les camps militaires.

    « La politique de dons doit être bannie, car nous avons des institutions investies légalement pour répondre aux besoins du peuple, et non des individus usurpant des fonctions institutionnelles. »

    Le mouvement souligne également la nécessité de coordonner l’action de la police de proximité pour assurer sa présence dans les zones sensibles de la province. Ces deux actions, selon la LUCHA, constituent des urgences qui auraient dû faire partie des priorités du gouvernement pendant ses 100 premiers jours.

    « Nos forces de sécurité vivent dans une précarité extrême, ce qui les pousse à chercher des moyens de survie, créant ainsi une insécurité qu’elles engendrent. Les investigations du gouvernement provincial révèlent que 4 200 barrières illégales, souvent gérées par des agents de l’ordre, existent au Sud-Kivu. Cela illustre l’indifférence des autorités face à la situation inhumaine imposée par leur mauvaise gouvernance. »

    La LUCHA s’interroge sur l’efficacité des actions humanitaires face aux véritables besoins des familles et conclut que ces mesures ne résolvent pas les problèmes concrets.

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    « La réponse est NON, car on ne guérit pas d’une maladie en prononçant le nom du médicament, mais en le prenant. »

    En ce qui concerne les barrières illégales, la LUCHA évoque les barrages de fortune érigés sur les routes, tels que Bukavu-Uvira et Bukavu-Walungu-Mwenga-Shabunda, où les usagers sont contraints de payer pour passer.

    « Les autorités politiques auraient dû s’impliquer durant ces 100 premiers jours pour initier des projets concrets en faveur des familles des agents de l’ordre. Cela n’a pas été fait. »

    L’insécurité demeure présente à Bukavu et dans le reste de la province. La LUCHA rappelle des incidents récents, notamment le meurtre d’un jeune de 30 ans, tué à bout portant à l’avenue ISGEA 1, dans le quartier Ndendere, le 18 juillet 2024.

    « Des questions se posent : des enquêtes ont-elles été menées ? Les coupables ont-ils été identifiés et arrêtés ? Qui d’autre détient des armes, à part les agents de l’ordre ? Les armes, financées par l’argent du contribuable congolais, deviennent-elles une source d’insécurité pour celui-ci ? Dans ces 100 premiers jours, nous espérions ne plus voir nos policiers et militaires comme source d’insécurité. Pourtant, c’est toujours le cas. »

    La LUCHA demande également un renforcement de la police de circulation routière pour éviter de tracasser la population. Elle déplore que cette action n’ait pas été initiée durant les 100 premiers jours du gouvernement Purusi.

    « Il est essentiel que le gouvernement, en collaboration avec le commissaire provincial de la police, précise le nombre de points de contrôle de la police de circulation routière, leur localisation et le nombre de policiers affectés à chaque point. De plus, il est nécessaire de mettre fin à la corruption normalisée qui sévit au sein des forces de police. »

    Pour le mouvement citoyen, la débrouille est la raison pour laquelle les agents de police continuent de rançonner les citoyens paisibles.

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    « Ils survivent de la débrouille, car ils reçoivent des salaires dérisoires, tandis que les dirigeants s’attribuent des salaires pharaoniques. Il est impératif de renforcer cette action par l’identification des éléments de police, la transparence sur les points de contrôle et une amélioration de leurs conditions de vie, qui sont à l’origine de ces pratiques. »

    Enfin, la LUCHA recommande au Gouverneur de s’impliquer activement dans la restauration de la paix et de la sécurité durables dans les différents territoires de la province.

    Edith Kazamwali

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    2 commentaires

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