Intervenons-nous

La situation des femmes cantonnées dans des camps de déplacés, fuyant la guerre du M23 au Nord-Kivu, provoque des courroux aux Nations Unies. Selon la Représentante spéciale des Nations Unies chargée de la question des violences sexuelles commises en période de conflit, plus de 38.000 femmes ont été violées au Nord-Kivu depuis l’année 2022, mais seulement 600 ont reçu la prise en charge.

Alors que le dénouement du conflit opposant les rebelles du M23 aux forces armées de la RDC semble devenu mythique, les abus sexuels s’accentuent à l’égard des femmes et des filles se trouvant dans des camps de déplacés internes, autour de la ville de Goma. Dans un message publié ce jeudi 25 mai 2023, sur le site de l’ONU, madame Pramila Patten révèle une situation plutôt chaotique.

Si on l’en croit, les camps de déplacés sont loin de constituer un cadre sécure pour les femmes et les jeunes filles. Se référant aux informations reçues des partenaires sur terrain, madame Patten se montre « profondément troublée par les graves allégations de violences sexuelles liées au conflit dans les camps des déplacés autour de Goma, perpétrées par des hommes armés qui ont pris pour cible des femmes et des filles qui tentaient de rentrer chez elles ou qui menaient leurs activités quotidiennes de subsistance, notamment la collecte de bois de chauffage, de nourriture ou d’eau ».

Dans sa note, ce haut fonctionnaire des Nations Unies fait savoir que des dizaines de milliers de femmes victimes, « les acteurs humanitaires déclarent avoir fourni une assistance à plus de 600 survivants de violences sexuelles liées au conflit dans six camps de déplacés au cours de deux semaines dans un environnement sécuritaire instable ».

En outre, la Représentante spéciale des Nations Unies en charge des violences sexuelles commises en période de conflit déplore l’inefficacité des actions menées en faveur des victimes jusqu’à présent.

« Les femmes et les filles sont touchées de manière disproportionnée par la violence sexuelle dans les cas signalés par les partenaires humanitaires, et un grand nombre de victimes n’ont pas été en mesure d’accéder à des services vitaux, notamment à des kits de prophylaxie post-exposition, au cours de la période cruciale de 72 heures qui suit une agression », a-t-elle noté.

Affligé par cette situation, Pramila Patten plaide pour le renforcement de l’assistance tant médicale que psychologique, ainsi que de la protection « afin de garantir que les personnes qui ont été forcées de quitter leur domicile en raison de la violence et de l’insécurité, y compris les femmes et les filles fuyant le conflit dans les territoires de Masisi et de Rutshuru dans la province du Nord-Kivu, soient en mesure d’accéder aux services et ne soient pas exposées à un risque supplémentaire de violence sexuelle. »

L’alarmante situation à laquelle sont soumises les déplacées de guerre du Nord-Kivu n’a pas échappé à l’Homme qui répare les femmes. Aussitôt l’alerte lancée, par madame Patten, le Dr Denis Mukwege s’est montré soulagé que cette occurrence ait préoccupé la haute sommité du secteur à l’échelle mondiale.

Réagissant au tweet de la Campagne de l’ONU contre la violence sexuelle dans les conflits, le lauréat du Prix Nobel de la Paix 2018 s’est arrêté à remercier madame Pramila Patten « d’alerter le monde sur les violences massives et systématiques que subissent les femmes déplacées au Nord Kivu en RDC ».

Ce court message du gynécologue, loin d’être un message de remerciement, se révèle interpellateur à l’égard de la communauté internationale, à qui il reproche de donner moins d’importance à la crise que vit le peuple congolais que celles vécues par d’autres peuples.

L’alerte de Madame Patten, associée à la voix du Dr. Denis Mukwege, réussira-t-elle à déclencher une mobilisation internationale en faveur des déplacés victimes d’abus dans les camps de réfugiés au Nord-Kivu, ou d’influer sur la cessation des hostilités dans cette région de l’Est de la RDC, afin que ceux-ci regagnent leurs demeures ? Très risqué serait ce pari, d’autant plus que d’amples voix se sont levées mais un statu quo flagrant s’observe toujours sur le terrain.

John Achiza

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4 commentaires

  1. Maonero miruho Désiré on

    Les a activités de production transversale doivent être réalisés à bushusha et nyamukubi pour une bonne assistance humanitaire

  2. Tuyisenge Gatuku Boniface on

    Vraiment c’est déplorable ‘les violences dans les sites de déplacés autour de Goma, à mon humble avis les humanitaires devraient suivre le système de collecte de données VBG aussi le système de publication des données VBG, car les humanitaires viennent en appui au gouvernement congolais,. Question : est ce que les ministères provincial et National sont ils informer et ont ces statistiques femmes et filles violées ? Plaidons pour le retour sans condition des déplacés internes.

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