Intervenons-nous

    Simple, attentive et souriante….c’est l’image que dégage Néné Bintu Iragi à chaque fois qu’on l’aperçoit ou qu’on parle d’elle en cours de route. Mais derrière cette simplicité, ce sourire, se cache une véritable force, une femme connaisseuse des méandres des processus de paix dans la région et une militante engagée dans les processus de paix dans les Grands-Lacs Africains. Avocate acharnée, elle est également l’un des symboles de la lutte contre les injustices et en premier lieu celles commises contre les femmes.

    Nene Bintu Iragi a été depuis son jeune sur la première ligne pour sensibiliser les femmes sur leurs droits. Expert en genre, éducation civique et électorale, Néné Bintu sert, dans son quotidien de pilier pour de nombreuses femmes et jeunes.

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    Grande et surtout jeune, Néné Bintu n’est pas une inconnue du public de Bukavu et de l’ensemble de la province. Quadragénaire et mère de famille, l’actuelle Présidente de la Société Civile du Sud-Kivu est une figure emblématique dans la lutte pour la paix et l’accès des femmes et des jeunes aux postes de responsabilité. Un combat qu’elle commence dès le bas âge.  

     « Nous avons toujours parlé aux femmes de Bukavu en particulier et de la RDC en général de la résolution 1325; une résolution qui parle de la femme, la paix et la sécurité », rappelle-t-elle d’un air souriant.

    Leader incontestée, Néné Bintu s’est toujours, en effet, démarquée des autres depuis le Lycée Wima ou elle fait ses études secondaires,  puis a la paroisse catholique Materdei de Muhungu où elle sera, pendant plusieurs années, Coordinatrice des jeunes.

    C’est peut-être pour ce combat en faveur des faibles qu’il choisit d’embrasser les études de Droit à l’Université Catholique de Bukavu.

    En 2013, la célèbre Néné Bintu rejoint le barreau du Sud-Kivu après ses 5 années d’études en droit. Depuis, elle est devenue l’une et peut-être la principale figure féminine du barreau du Sud-Kivu.

    Celle-ci a  été élue première femme pour siéger au Conseil de l’Ordre. Un bureau qui n’avait jamais connu de femme en termes de responsable  depuis 50 ans. 

    Mais avant, elle a eu à diriger de 2010 à 2012, le Syndic du Sud-Kivu, qui est le corps des défenseurs judiciaires, où elle avait encore été la première femme en RDC à être élue pour diriger ce corps.

    Néné Bintu, est actuellement avocate de profession et Coordonnatrice du « Collectif Simama Congo », une association qu’elle met en place après des années à la Commission Diocésaine Justice et Paix (CDJP Buavu). Aujourd’hui, son organisation œuvre dans le domaine de développement durable, des droits humains, des actions humanitaires et de la bonne gouvernance. La bonne Gouvernance, la paix et les ressources naturelles sont également des thématiques qu’elle maitrise parfaitement.

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    Des années durant, Néné Bintu se révèlera efficace au sein de la Société Civile dans laquelle elle gravit des échelons très vite. Team leader du Groupe de Travail Thématique (GTT) Election et Bonne Gouvernance au sein de la Société Civile d’abord, elle a beaucoup été visible dans tous les combats pour la bonne gouvernance électorale et politique.

    Elle sera très visible, comme Vice-Présidente de la Société Civile avant d’être hissée à la tête de cette structure pour un mandat de trois ans.

    Mais pour Néné Bintu, la fonction de Présidente n’est qu’une mission. Elle ne rate pas de prendre son téléphone, même dans des grandes réunions pour répondre aux questions urgentes des simples citoyens qui veulent dénoncer les dérives de la Justice, ceux qui veulent avoir des conseils et de l’aide dans leurs démarches ou ceux qui demandent que certaines injustices soient dénoncées.

    « Néné Bintu, c’est l’avocat-conseil de nous tous qui n’avons pas de quoi payer les avocats. C’est une femme de fer, une femme avec un caractère que j’admire. Avec elle, tu es sûr que ton dossier sera porté partout et qu’elle ne s’arrêtera que quand l’injustice sera corrigée », dit une habitant qui dit avoir été fièrement été accompagnée par cette femme, militante des droits de femmes.

    Néné Bintu, ce n’est pas seulement à Bukavu. Elle est partout où les injustices se commettent. Partout, où elle doit dénoncer ou accompagner les plus démunis. De Kalehe à Kabare, Walungu, Fizi, Uvira, Mwenga et ailleurs, elle s’est montrée particulièrement active dans l’accompagnement des animateurs de la Société civile et des militants du Sud-Kivu ayant été arrêtés ou poursuivis dans l’exercice de leurs missions.

    Une militante avérée !

    Militante, elle l’est. Elle connait par cœur la résolution 1325 en tant que femme active au sein de la Composante Femme de la Société Civile du Sud-Kivu.

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    Son organisation, le « Collectif  Simama Congo » accompagne les femmes dans le relèvement économique en contribuant à la promotion des associations de femmes dans l’épargne, notamment.

    Dans son organisation « Simama Congo  » Néné Bintu dit avoir contribué activement dans le domaine de résilience en renforçant la communauté locale à faire face aux énormes difficultés nutritionnelles dans certains territoires du Sud-Kivu. 

    Néné Bintu a activement contribué, grâce à ses compétences intellectuelles, à rédiger des rapports d’études dans le domaine électoral, de lutte contre les violences sexuelles et basées sur le genre, etc.

     « Dans la résolution 1325, une résolution qui parle des femmes, paix et sécurité, nous avons beaucoup apporté car à travers notre organisation,  nous travaillons dans le domaine de résilience en renforçant les communautés locales pour faire face à l’insécurité alimentaire dans les territoires de Kabare, Walungu et Uvira. Également, les actions de renouvellement à travers la promotion des Associations Villageoises d’Epargne et de Crédit (AVEC) auprès de nos bénéficiaires ».

    Très dynamique et sans peur, elle est présente à toutes les mobilisations de rue organisées par la Société Civile du Sud-Kivu et d’autres structures pour exiger la paix au Nord Kivu et en Ituri, la bonne gouvernance à la tête de la province du Sud Kivu, etc.

    Actrice de paix

    Néné Bintu c’est aussi des questions de paix dans la région. Elle connait les acteurs et les portes sur lesquelles il faut frapper.

    Dans la région, « Maman Néné » comme on l’appelle n’hésite pas à porter haut la voix de la communauté de congolaise et celle de l’Est plus particulièrement face à la guerre à l’Est.

    On l’a vu participer activement à la mobilisation autour des accords de paix signés par la RDC et les pays voisins. En 2022, à Nairobi, elle a conduit la délégation de la Société Civile de 5 provinces de la RDC en insécurité dont l’Ituri, Nord Kivu, Sud-Kivu, le Maniema et le Tanganyika et a prouvé son degré de leadership rassembleur en produisant beaucoup de documents de plaidoyer à la facilitation kenyane exigeant à celle-ci de ne pas cautionner la balkanisation de la RDC en mettant une zone tampon au Mont Sabinyo, rappelant le principe d’intégrité du territoire de la RDC et exigeant la condamnation de pays agresseurs de la RDC dont le Rwanda et l’Uganda, exigeant la levée de l’embargo d’achat des armes dont la RDC était victime depuis plusieurs décennies et exigeant la réparations de victimes de guerres multiples en RDC ainsi que la prise en compte de la dimension genre dans les processus formels de négociation et de paix en RDC .

    Au mois d’avril dernier, Bintu Iragi a notamment été aux côtés du Représentant du Secrétaire Général de l’ONU dans la région des Grand-Lacs pour porter haut les besoins de la population par rapport à une paix durable dans la région et mettre fin à la guerre du Congo.

    Dans tous les secteurs, Néné Bintu propose des réformes dans le souci de rendre effective la résolution 1325.

    Au cours de ces élections passées, son organisation le « Collectif Simama Congo » a proposé plusieurs réformes dans ce secteur. Des reformes qui aideraient à accroitre la représentation des femmes et des jeunes.

    Avocate des femmes

    Membre de l’Association des Femmes Juristes du Congo (AFEJUCO), cette femme pleine de bravoure et d’humilité participe dans des actions généreuses, en venant en aide aux enfants aux femmes victimes de viol dans des audiences foraines. 

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    « J’apporte parfois ma contribution pour assister les femmes en difficulté et celles victimes de violence sexuelles et les enfants dans des audiences foraines », poursuit-elle. 

    En effet, on la voit partout dans des procès publics impliquant des violeurs, des criminels. Toujours calme, elle sait ce qu’il faut dire…elle connait surtout la procédure et les mots pour avoir gain de cause dans des procès symboliques.

    Malgré ses efforts, Me Néné Bintu fait face à plusieurs difficultés dans sa lutte. Dans l’exercice de son travail, elle se heurte aux paroles sexistes et parfois aux menaces d’acteurs de tout genre qui se sentent visés par son combat, sa lutte. Dans ces difficultés, s’ajoute l’épineux problème du manque des moyens financiers.

    « En tant que femme au foyer, la tâche n’est pas facile. Les difficultés il y en a, on doit prendre soins de sa famille en général car les contraintes sociales sont des réelles difficultés auxquelles on doit faire face. Le fait d’être sur plusieurs fronts à la fois, on dort tardivement pour par exemple rédiger les communiqués. De fois on fait face aux injures et menaces lorsqu’on a bousculé les intérêts de telle catégorie de personnes qui piétinent les droits des uns et des autres. Étant donné que le travail que nous faisons nécessite le bénévolat, ça demande  beaucoup de courage et de la détermination. Parfois on est obligé de toucher dans sa poche familiale pour  réaliser certaines actions sociales, pour permettre la réalisation de certaines activités. Souvent, nous avons même en conflits avec certains politiciens du milieu.  Nous luttons mais nous sommes parfois déçues de voir que les femmes ne sont pas encore nombreuses dans les instances de prise des décisions », se plaint Me Néné Bintu. 

    « Les droits s’arrachent »

    Néné Bintu fait partie de ces femmes qui se battent pour mériter leurs places. Sur tous les fronts, elle reconnait que le respect des droits de femmes ne devrait être effectif qu’à travers une lutte acharnée. Elle pense que les femmes et la communauté ne devraient pas croiser les bras pour espérer avoir l’effectivité de l’agenda « Femme, Paix et Sécurité ».

    Dans une région où les coutumes rétrogrades sont encore très présentes et dans laquelle les femmes subissent encore des pratiques sexistes, Néné Bintu sait qu’il y a encore du travail à faire.

    Elle invite les femmes de la RDC en général et plus particulièrement celles de la ville de Bukavu, à avoir la vision et la détermination pour continuer à mener des luttes et promouvoir la résolution 1325.

    « Derrière chaque succès, il y a d’énormes sacrifices. Être élue Présidente de la Société civile et tous les postes qu’on a déjà occupé, jusque-là, ce sont des lourds sacrifices. Pour y accéder ce n’est  pas facile. Il faut avoir la détermination et la vision pour continuer à avancer, mais aussi, demander des conseils aux personnes plus avisées, avoir des principes, de valeurs, bannir le népotisme et la trahison et enfin tout mettre dans la prière ».

    A la tête de la très puissante Société Civile du Sud-Kivu, Nene Bintu est la voix de sans voix Elle sait qu’elle a les yeux braqués sur elle et que des millions des femmes et des jeunes peuvent compter sur elle pour porter haut le combat autour des Résolutions 1325 et 2250 de l’ONU respectivement sur la Femme, le (la) Jeune, la Paix et la Sécurité.

    De nombreux acteurs de la Société Civile, des avocats et des personnalités qui connaissent Bukavu sont unanimes : Néné Bintu est incontestablement une figure de premier rang dans la lutte pour les droits des jeunes et des femmes. Un travail qu’elle fait avec autant d’efficacité, de compétence et d’amour dans le respect de ses valeurs.

    Suzanne Baleke

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    4 commentaires

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