Dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu, la vie des habitants est dramatiquement perturbée par des crises multiples. Entre les inondations dévastatrices à Bukavu, l’insécurité persistante à Goma et la tragédie récente du naufrage du bateau MERDI sur le lac Kivu, les populations se trouvent face à des défis sans précédent. Cette tribune d’Adolphe Baduda met en lumière l’urgence d’un dialogue constructif entre les autorités et la société civile, tout en appelant à des actions concrètes pour briser le cycle d’incertitude qui les frappe.
Le Kivu en crise : entre inondations, insécurité et naufrage (Tribune d’Adolphe Baduda)
Tribune de Adolphe Baduda, citoyen Congolais
Les chefs-lieux des deux Kivu, en République Démocratique du Congo, font face à des crises majeures qui bouleversent la vie de leurs habitants.
Inondations à Bukavu
Bukavu est sévèrement touché par des inondations répétées causées par des pluies torrentielles. Ces événements entraînent des pertes en vies humaines, bloquent la circulation et détruisent des maisons souvent construites de manière précaire sur des conduites d’eau ou sur des sites impropres à la construction. De plus, des réservoirs de fausses sceptiques se déversent et obstruent les canaux de drainage, transformant certaines conduites d’eau en dépotoirs publics. Ces catastrophes naturelles fragilisent une population déjà vulnérable.
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La population s’interroge sur l’inaction des autorités : pourquoi ne réglementent-elles pas l’importation de bouteilles en plastique qui aggravent les inondations ? Pourquoi les constructions anarchiques dans les zones à risque ne sont-elles pas interdites ? Pourquoi l’absence de sanctions ?
Face à ces critiques, les autorités rétorquent que la population exerce une pression sur l’environnement par des actions non contrôlées, telles que la déforestation et la mauvaise gestion des déchets. Cette situation illustre une impasse qui nécessite un dialogue franc entre les autorités provinciales et la population.
Insécurité à Goma
Goma, de son côté, est en proie à une insécurité chronique, caractérisée par des tueries incessantes. Les interrogations abondent : À qui profitent ces crimes ? À des groupes armés, à des conflits interpersonnels, ou à des tentatives de déstabilisation des autorités militaires ? Les conséquences sont dramatiques et affectent la vie quotidienne des habitants.
Récemment, la perte tragique d’un jeune enfant, touché par des balles perdues lors d’une incursion de bandits armés, a choqué la population. Ce décès met en lumière l’ampleur de l’insécurité qui frappe Goma et soulève des questions sur la capacité des autorités à protéger les citoyens.
Réactions des autorités
Aaron Nabugorhe, un activiste basé à Goma, déclare que la réponse des autorités à cette crise est insuffisante et appelle à une rencontre entre les autorités provinciales et la société civile. Les autorités urbaines, tout en reconnaissant la gravité de la situation, affirment que des mesures sont en cours pour sécuriser la ville, notamment à travers l’opération « Safisha Muji Wa Goma. »
Naufrage du bateau MERDI
En parallèle des inondations et de l’insécurité, le naufrage tragique du bateau MERDI, en route de Minova vers Goma, a plongé les deux provinces dans le choc et le deuil. Cette catastrophe, évitable, a causé de lourdes pertes humaines et matérielles, suscitant une profonde inquiétude au sein des populations locales.
Les autorités provinciales ont rapidement mis en place une commission d’enquête. Cependant, des questions cruciales demeurent : avons-nous réellement tiré les leçons des précédents naufrages ? Les recommandations des enquêtes antérieures ont-elles été mises en œuvre ? Risquons-nous de répéter les erreurs du passé ?
Appel à l’action
Il est impératif de procéder à un diagnostic approfondi et de mettre en œuvre des mesures radicales pour briser ce cycle d’incertitude. La reprise par l’armée du tronçon routier Minova-Bweremana-Sake est une solution envisageable, mais la navigation sur le lac doit également être sécurisée.
Nous devons collectivement tirer des leçons du drame du bateau MERDI et proposer des solutions durables, au-delà des simples visites de délégations. Les risques de naufrages demeurent élevés en raison de la vétusté des embarcations et du manque d’équipements de sécurité.
Les provinces du Nord et du Sud-Kivu sont prises dans un cycle de crises mêlant catastrophes naturelles et violences humaines. Il est plus que temps d’agir pour garantir une meilleure protection de la population.