Intervenons-nous

La Société Civile du Sud-Kivu a adressé une lettre urgente aux autorités militaires et gouvernementales de la République Démocratique du Congo (RDC), sollicitant la création d’une coordination efficace pour les Volontaires pour la Défense de la Patrie (VDP), communément appelés « Wazalendo », au Sud-Kivu. Cette demande survient alors que la situation sécuritaire dans la région se détériore, notamment avec l’entrée des forces du M23 soutenues par le Rwanda, qui ont pris le contrôle de plusieurs localités du territoire de Kalehe, telles que Lumbishi, Numbi, Mukwija, et Kinyezire.

Dans cette lettre adressée au Chef d’État-major Général des Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC), au Gouverneur de la province, ainsi qu’à d’autres responsables militaires, la Société Civile fait état de la désorganisation des VDP et de la méfiance croissante entre ces groupes. Cette situation crée des tensions qui risquent d’entraver les efforts de défense du pays contre l’agression étrangère, notamment celle du M23.

Le Bureau de Coordination de la Société Civile souligne l’urgence de nommer un coordonnateur pour les VDP afin d’assurer une meilleure organisation et une coordination avec les FARDC. L’objectif est de maximiser l’efficacité des opérations militaires au Sud-Kivu, tout en préparant les VDP à la réintégration dans la vie civile dans le cadre du processus de Désarmement, Démobilisation, Réinsertion et Réintégration des Combattants et ex-combattants (PDDRCS).

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« Le Bureau de Coordination de la Société Civile du Sud-Kivu constate qu’il existe plusieurs groupes de VDP au Sud-Kivu qui ne sont pas coordonnés. Des échauffourées entre eux se produisent parfois, et il existe une méfiance de la part de certains membres des FARDC à combattre ensemble contre l’ennemi, à savoir l’alliance AFC/M23 soutenue par le Rwanda, qui a déjà fait son entrée au Sud-Kivu, à travers le territoire de Kalehe depuis la prise de Lumbishi le 18 janvier 2025, suivie de Numbi, Shange, Kasunyu, Mukwija et Kinyezire. Nous estimons qu’il est urgent de nommer un coordonnateur de cette structure afin de bien coordonner les opérations militaires au Sud-Kivu et préparer les VDP pour leur engagement dans le PDDRCS une fois le conflit terminé. Nous avons également entendu des rumeurs sur l’éventuelle nomination d’un coordonnateur pour la RAD au Nord-Kivu, ce qui suscite déjà des mécontentements, certains estimant qu’il pourrait aussi être chargé de cette mission au Sud-Kivu. »

Les autorités sont également appelées à renforcer la formation des jeunes, notamment après la manifestation massive du 30 janvier 2025 à Bukavu, où des milliers de jeunes ont exprimé leur désir de rejoindre l’armée. La Société Civile propose que des formateurs agréés soient désignés pour encadrer ces jeunes, afin de les préparer adéquatement avant de les envoyer au front, afin d’éviter qu’ils ne soient utilisés comme boucliers humains ou qu’ils périssent faute d’expérience. Cela permettrait également de soulager les FARDC, déjà engagées dans des zones à haut risque.

Le Bureau de Coordination de la Société Civile ajoute : « Nous encourageons la consultation des groupes en présence, en concertation avec le Commandant de la 33e région militaire et d’autres couches sociales au Sud-Kivu, afin d’éviter des désagréments, car nous sommes dans un contexte très particulier d’agression qui crée parfois des traîtres au sein de différents groupes, mettant en péril le patriotisme qui demeure une valeur commune. Il serait également important de mener des enquêtes et d’évaluer l’apport du gouvernement national dans la prise en charge des VDP, car des rumeurs circulent sur des détournements de fonds et de matériel de guerre destinés aux VDP dans les provinces du Sud-Kivu et du Nord-Kivu. Enfin, face à l’engouement des jeunes pour l’armée, manifesté lors du meeting populaire au stade de Funu à Bukavu le 30 janvier 2025, par le Ministre provincial de l’Intérieur, l’honorable Murhula Kahasha dit Foka, nous pensons qu’il est urgent que le Chef d’État-major Général désigne des formateurs agréés sous la supervision de la 33e région militaire, afin d’assurer une formation adéquate pour ces jeunes, afin qu’ils ne servent pas de boucliers humains ou ne périssent dans les affrontements faute d’expérience. »

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En outre, la Société Civile du Sud-Kivu suggère la création de bases militaires dans des zones stratégiques de la province, telles que Shabunda et le territoire de Fizi, et la réhabilitation du centre de formation de Luberizi. Cela contribuerait à renforcer la défense du pays et à dissuader toute tentative d’expansion du Rwanda et de ses alliés.

« Nous pensons qu’il est crucial, à moyen terme, de doter la province du Sud-Kivu d’au moins deux grandes bases militaires, l’une à Shabunda et l’autre à Fizi, et de réhabiliter le centre de formation de Luberizi dans la plaine de la Ruzizi, afin de dissuader les appétits expansionnistes du Rwanda et de ses complices. Toutes les rebellions partent du Sud-Kivu ou du Nord-Kivu. Le recrutement, la formation continue et l’équipement de notre armée doivent devenir des priorités absolues, car il est temps de cesser de recourir à d’autres pour protéger notre nation. Sur le lac Kivu, la force navale doit être renforcée plus que jamais en cette période. »

Face aux défis sécuritaires persistants et à l’engagement croissant des jeunes en faveur de la défense nationale, la Société Civile insiste sur la nécessité de mettre en place une armée bien formée, équipée et prête à défendre la souveraineté du pays.

Jean-Luc M.

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