Nickson Manzekele, journaliste à la Radiotélévision Mont Bleue, a été agressé par deux éléments FARDC la journée de ce mardi 18 janvier 2022 à Bunia, alors qu’il était en plein reportage sur la manifestation des motards qui protestaient contre l’achat obligatoire des plaques d’immatriculation, instauré par les autorités provinciales pour identifier les conducteurs de moto.
Contacté par laprunellerdc.cd, Nickson Manzekele dit avoir été giflé par ces deux militaires, alors qu’ils l’avaient déjà très bien identifié comme journaliste. Ces derniers lui ont également ravis son porte-monnaie et son dictaphone, sous prétexte qu’il enregistrait les motards.
«Après avoir fini l’interview, je comptais rentrer à la radio pour que cela passe dans mon édition de midi. Vu que le gaz lacrymogène de la Police était fini, il faudrait que maintenant les militaires fassent renfort pendant que les policiers sortaient pour aller prendre d’autres gaz lacrymogènes. J’avais sur moi un dictaphone, une bouteille d’eau pour me prévenir également de ce gaz, et un porte-monnaie dans lequel il y avait ma carte d’électeur et mes frais de transport. Je leur ai dit que je suis journaliste et l’un de ces militaires connaissait bien le nom de mon chef. Mais deux autres m’ont dit : -toi tu as enregistré le son des taximen, donne-moi ce dictaphone là-. Et il a pris le dictaphone et m’a tout ravi, » explique le journaliste Nickson Manzekele.
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Cet acte incivique est vivement condamné par l’Union Nationale de la Presse du Congo (UNPC) section de l’Ituri, qui appelle à la sécurité des journalistes dans cette partie du pays.
«Nous regrettons cet acte, parce que le journaliste a quitté sa rédaction pour aller couvrir cet évènement qui prenait à cœur la population de l’Ituri. Etant journaliste, il a ce devoir d’informer la population et de l’autre côté, la population a aussi ce droit-là. Alors, il était en plein travail et il a été agressé. Malheureusement il a perdu ce qu’il avait. Le militaire en question a récupéré son porte-monnaie et aussi son dictaphone. Fort malheureusement, le dictaphone c’est ça même l’outil de travail pour les journalistes. Nous regrettons d’abord cela, et nous condamnons cet acte,» indique Christine Abeditho, Présidente provinciale de l’UNPC en Ituri.
Celle-ci demande que le matériel de ce journaliste lui soit restitué le plus tôt possible.
«Selon les témoignages, le militaire a même reconnu que c’était un journaliste. Mais malheureusement il a continué avec son action, qui a même des effets sur la rédaction de la radio. Nous demandons à ces militaires, de remettre le porte-monnaie avec de l’argent, il y a des cartes à l’intérieur dont la carte d’électeur, certaines pièces justificatives qui s’y trouvent, et aussi qu’il puisse remettre le dictaphone,» demande-t-elle.
Mme Christine Abeditho dit avoir saisi les autorités, qui ont promis de s’impliquer dans ce dossier.
«Aujourd’hui, le journaliste ne sait pas comment travailler. Et aussi il a reçu même des coups de boxe. Donc nous condamnons cet acte et nous voulons que ces matériels soient remis aux journalistes. Nous avons déjà contacté les autorités, nous avons demandé leur implication,» ajoute-t-elle.
La Présidente provinciale de l’UNPC promet, dans le cas échéant, de saisir les instances judiciaires, afin que justice soit faite, pour que pareil cas ne puisse plus jamais se répéter dans cette zone.
John Mary Ndika, depuis Bunia