Les syndicats des magistrats de la République Démocratique du Congo, réunis sous la bannière du Syndicat Autonome des Magistrats du Congo (SYNAMAC), de la Justice Indépendante (JUSI), du Syndicat Chrétien des Magistrats du Congo (SYNCHREMAC) et du Syndicat des Magistrats du Congo (SYMCO), ont exprimé leurs réserves sur les États généraux de la justice en cours à Kinshasa. Ces assises, qui se déroulent du 6 au 13 novembre 2024, sont convoquées par le ministre de la Justice, mais les syndicats dénoncent plusieurs dysfonctionnements dans leur organisation.
Les syndicats, tout en saluant la tenue de ces États généraux, pointent plusieurs anomalies susceptibles de compromettre leur efficacité. Parmi les irrégularités relevées, figurent l’absence du Conseil Supérieur de la Magistrature et des autres acteurs essentiels de la justice dans le processus d’organisation des travaux, ainsi que la forte participation de personnes non directement impliquées dans le secteur judiciaire, telles que des étudiants et des militants politiques.
Ils critiquent également la gestion opaque du Secrétariat Technique des États généraux et la sélection orientée des intervenants et des thèmes des panels.
Une autre critique concerne la faible prise en charge des participants, notamment des magistrats venus des provinces, et la réduction du temps consacré aux ateliers de discussion, qui ne risque pas de permettre des débats approfondis sur les réformes nécessaires à la justice congolaise.
« La pléthore de participants estimée à plus de 3.500, dont la majorité se recrute parmi les étudiants et les militants des partis politiques. La très faible prise en charge des participants, en particulier les Magistrats venus des provinces. Le fonctionnement occulte du secrétariat technique, dont les membres ne sont pas connus des participants. La sélection intéressée et orientée des intervenants et des thèmes développés en panels. Le temps des travaux en ateliers réduit à un seul jour, risque de rendre superficiels les débats… », disent les syndicats.
Les syndicats rappellent que ces États généraux font suite à ceux de 2015, qui avaient formulé 350 recommandations pour réformer la justice congolaise. Cependant, une évaluation réalisée par le ministère de la Justice et ses partenaires a révélé que seules 0,8 % des recommandations avaient été mises en œuvre, aggravant les dysfonctionnements du système judiciaire.
Pour les syndicats, les objectifs de ces nouveaux États généraux risquent de rester lettre morte, si les conditions d’organisation et de participation ne sont pas rapidement améliorées.
Dans un communiqué diffusé à la presse, les syndicats des magistrats appellent à une révision du processus en cours pour garantir que les véritables enjeux de la réforme de la justice soient abordés de manière transparente et inclusive. Ils redoutent que la théâtralisation de ces assises ne fasse échouer les réformes nécessaires au bon fonctionnement de la justice en République Démocratique du Congo.
Marina Mwanda