Dans une lettre ouverte et sans détour adressée au Président des États-Unis, Donald Trump, le Consortium « Pamoja Kwa Amani », qui regroupe plusieurs organisations de la Société Civile de l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC), a lancé un cri de cœur pour une paix véritable, fondée sur la justice, la souveraineté nationale et l’inclusion du peuple congolais.
Une paix sacrifiée sur l’autel des intérêts miniers ?
Félicitant Donald Trump pour son retour à la Maison Blanche, les signataires saluent également l’initiative de son administration, qui a récemment facilité une rencontre entre la RDC et le Rwanda, débouchant sur la signature d’une déclaration de principes à Washington le 25 avril 2025. Un pas encourageant, selon eux, vers une résolution pacifique du conflit.
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Mais derrière cette lueur d’espoir, de vives inquiétudes pointent : les organisations craignent que les négociations en cours ne réduisent une guerre de trente ans à une simple affaire de minerais stratégiques, négociés sans le consentement libre et éclairé du peuple congolais.
« Le temps peut passer, mais la conscience d’un droit ravi injustement, elle, ne passera pas », alerte le Consortium, insistant sur le fait que tout accord sur les ressources naturelles sans validation parlementaire et participation citoyenne sera rejeté.
Le risque d’un nouveau bradage des ressources congolaises
Le message est clair : la souveraineté du peuple congolais n’est pas négociable. Le Consortium alerte sur les risques d’accords conclus dans l’ombre pour satisfaire des intérêts politiques ou géostratégiques, et rappelle que les minerais congolais appartiennent au peuple, non à ses dirigeants de passage.
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Pour éviter un nouveau cycle de frustration et de conflit, le Consortium propose trois préalables non négociables :
- Une transparence absolue à toutes les étapes des négociations et des contrats,
- Une inclusion réelle des représentants du peuple, y compris les communautés locales et la société civile,
- Une lutte ferme contre la corruption, l’impunité et les manipulations judiciaires.
Une vision globale pour une paix durable dans les Grands-Lacs
L’appel à la paix lancé par « Pamoja Kwa Amani » dépasse les frontières congolaises. Le Consortium invite les États-Unis à s’attaquer aux causes profondes de l’instabilité régionale :
- L’ouverture démocratique dans toute la sous-région, notamment au Rwanda et en Ouganda,
- Un dialogue interne entre Kigali et les FDLR, entre Kampala et les ADF/NALU, ainsi qu’avec les autres groupes armés,
- La création urgente d’un Tribunal pénal international pour la RDC, pour mettre fin à l’impunité,
- Un mécanisme de vérité et réconciliation entre les peuples de la RDC, du Rwanda, du Burundi et de l’Ouganda,
- Des partenariats économiques équitables, qui respectent les souverainetés nationales et bénéficient réellement aux populations.
Contre toute idée de « bien commun mondial » des minerais congolais
« Non au régime de communauté universelle des biens », clament les organisations. Le Consortium rejette catégoriquement toute tentative de transformer les minerais congolais en ressources « partagées » avec des pays voisins, appelant à respecter le principe sacré de la souveraineté des États, y compris sur leurs ressources naturelles.
Une main tendue à Washington
Enfin, les signataires expriment le souhait d’être reçus à la Maison Blanche pour transmettre directement au président Trump les attentes et propositions des populations congolaises de l’Est. Car, rappellent-ils, ce sont ces communautés qui paient chaque jour le prix fort de cette guerre économique, qualifiée de plus meurtrière depuis la Seconde Guerre mondiale.
« Nous disons oui à la paix, mais non au bradage de notre dignité et de notre souveraineté », concluent-ils avec solennité.
SB