Intervenons-nous

    Le naufrage du MV Merdi le 3 octobre 2024, qui a causé la perte de vies humaines précieuses, n’est pas un accident isolé. C’est le symbole tragique d’un système à l’agonie, d’une indifférence collective qui condamne les populations riveraines du lac Kivu à vivre dans la peur et l’angoisse. Alors que le gouvernement congolais est interpellé par cette énième tragédie, la réponse est désolante : des promesses en l’air, des excuses creuses, et une absence criante d’action concrète.

    Le fait que seul le Chef de poste lacustre de Minova ait été suspendu, comme un bouc émissaire, en dit long sur l’absence de responsabilité au sein de l’administration. Qui, parmi les hauts fonctionnaires et les élus, a vraiment pris la mesure de cette catastrophe ? Qui est prêt à s’engager pour mettre un terme à l’anarchie qui prévaut dans le secteur du transport lacustre ? Alors que les routes demeurent impraticables, et que la menace des M23 pèse lourdement, la population est piégée dans un réseau de transports vétustes et dangereux. Cette réalité est inacceptable !

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    La Direction Générale des Migrations, censée être le garant de la sécurité des passagers, se retrouve totalement démunie. Incapable de donner un nombre exact de passagers à bord du MV Merdi, elle démontre une incompétence choquante. 

    Les manifestes de voyage, qui devraient garantir une traçabilité et une sécurité élémentaires, sont délaissés, et les autorités ferment les yeux sur cette faillite. Cette inaction, ce déni de responsabilité, est une trahison envers les citoyens qui risquent leur vie chaque jour pour traverser le lac Kivu.

    La récurrence de ces naufrages est le fruit d’une irresponsabilité institutionnelle. Les promesses d’« enterrement dignes » et d’« indemnisations » ne sont que des mots vides, prononcés pour apaiser une colère légitime. 

    Les populations de Kalehe, Minova et Idjwi,… en ont assez de cette mascarade. Elles ne veulent plus d’une compassion feinte, mais d’actions décisives qui mettent fin à cette tragédie humaine. La colère gronde, et elle est légitime.

    Les causes de ces naufrages sont connues : l’absence de gouvernance, le manque de suivi après les États Généraux des Voies Navigables, et une administration fluviale et lacustre totalement démunie.

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    La non-tenue du Conseil Supérieur de la Navigation Fluviale et Lacustre, l’absence de formation continue pour le personnel navigant, et l’ineptie dans le recrutement des responsables font écho à une incompétence systémique. Les promesses de bateaux modernes, d’une réhabilitation des routes, de contrôles rigoureux ne sont que des chimères, des illusions qui s’évanouissent dès qu’il s’agit d’agir.

    Il est temps que les responsables politiques cessent de fuir leurs responsabilités. Chaque naufrage, chaque vie perdue est le résultat d’une indifférence coupable, d’une volonté de maintenir un statu quo mortel. 

    Le désordre dans le transport lacustre n’est pas une fatalité : c’est un choix délibéré d’inaction, une trahison envers ceux qui subissent quotidiennement les conséquences d’un système défaillant.

    Les habitants du Sud-Kivu, fatigués de vivre dans la peur, méritent de vivre en sécurité. Ils méritent un gouvernement qui prenne des mesures tangibles pour garantir leur bien-être. Les lacunes dans la gestion du transport lacustre doivent être corrigées sans délai. 

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    Il est urgent de tenir le Conseil Supérieur de la Navigation, de réformer l’administration maritime, lacustre, fluvial, de former le personnel navigant et d’acquérir des bateaux conformes aux normes de sécurité.

    La population ne demande pas seulement des mots, mais des actes. Les tragédies du passé doivent servir de leçons, non d’oubli. Il est temps de mettre fin à cette indifférence scandaleuse et de rétablir la dignité des Congolais, car chaque vie compte et mérite d’être protégée.

    Le lac Kivu ne doit plus être le témoin silencieux d’une hécatombe, mais un symbole d’espoir pour un avenir où la sécurité et le respect des droits humains priment. Il est temps d’agir !

    Jean-Luc M.

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    3 commentaires

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