Au-delà de la demande de l’eau devenue une denrée dans des robinets de Bukavu, les Comités Locaux de Gouvernance Participative (CLGP) et leurs partenaires demandent l’annulation de toutes les factures « forfaitaires » établies par la Régie de Distribution d’Eau (REGIDESO) au Sud-Kivu.
Cette réclamation a été formulée dans un mémo présenté au Directeur Provincial de la REGIDESO, ce mardi 8 octobre 2024, dans son bureau situé dans la commune d’Ibanda à Bukavu, chef-lieu de la province du Sud-Kivu à l’issue d’une manifestation organisation pour réclamer l’eau.
La marche a débuté vers la place Mulamba, avec comme point d’arrivée le bureau de la Régie de Distribution d’Eau.
Munis de bidons et de bâtons, les manifestants brandissaient des calicots sur lesquels on pouvait lire : « On demande de l’eau », « Vos factures forfaitaires, on en a assez », « Où sont vos compteurs ? », et « Respectez la Constitution congolaise, spécialement son article 40 qui consacre le droit à l’eau potable ». Ils scandaient également des chants réclamant de l’eau potable dans les avenues, quartiers et communes de Bukavu.
Dans leur mémo, ils ont évoqué la situation difficile à Bukavu, notamment la pénurie excessive d’eau potable, l’absence d’installations de tuyaux de la REGIDESO dans plusieurs avenues, la mauvaise maintenance du matériel, et le manque de professionnalisme des agents de la REGIDESO.
Ils ont expliqué que cette situation expose la population à des risques, obligeant les habitants à s’approvisionner en eau au lac Kivu, ce qui entraîne des noyades et des maladies d’origine hydrique. De plus, cette pénurie contribue à l’insécurité dans la ville.
Ils ont formulé plusieurs recommandations auprès du Directeur de cette société en lui demandant de :
« Desservir la population en eau de qualité, en quantité, et de manière régulière sur toute l’étendue de la ville ; réaliser un raccordement rapide en eau potable dans plusieurs avenues où les tuyaux n’ont jamais été installés depuis la création de la ville par les Belges ; et annuler toutes les factures fantaisistes établies par vos services alors que l’eau ne coule pas dans nos robinets », lit-on dans ce mémorandum.
Les manifestants ont également averti que si rien n’est fait dans un bref délai, des actions de grande envergure seront organisées.
Ignace Ilunga, Directeur provincial de la REGIDESO, a reconnu la validité de ces revendications. Il a indiqué qu’il est conscient que moins de 50 % de la population de Bukavu a accès à l’eau, et ce, depuis longtemps. Cela s’explique par la forte démographie de la ville.
« Des actions sont actuellement en cours. Des canalisations sont en train d’être posées sur l’avenue Tanganyika, l’avenue du Plateau et l’avenue Ruzizi. Le problème de l’eau ne peut pas être résolu en un ou deux jours ; c’est un processus », a-t-il insisté, promettant qu’en un mois, les quartiers de Muhumba, Nyalukemba et Nyawera seront desservis en eau potable et que des démarches continuent pour résoudre la situation.
Par ailleurs, le Directeur de la REGIDESO a souligné que le gouvernement provincial a également une part de responsabilité, car il gère l’eau provenant de Mazigiro, qui alimente une grande partie du quartier Panzi. Il a précisé que le paiement des factures de ce quartier n’est pas effectué par la REGIDESO.
Signalons que cette marche pacifique a vu la participation de la Société civile de Nyalukemba, Panzi et Kadutu, ainsi que celle des autorités politiques et d’autres personnalités.