Intervenons-nous

Deux morts en moins d’une semaine. La ville de Bukavu est secouée par deux drames survenus sur des lieux de travail, révélateurs d’un fléau silencieux : l’absence d’équipements de protection individuelle (EPI) pour les ouvriers du bâtiment et les travailleurs informels. En cause : la négligence des employeurs et l’inaction des autorités compétentes.

Deux tragédies, un même constat : zéro protection

Le jeudi 8 mai 2025, Bitundwa Lwabaguma Lamartine, maçon de profession, a fait une chute mortelle d’un immeuble de quatre étages à Nguba Feu-Vert. Cinq jours plus tard, le mardi 13 mai, un jeune déchargeur de vitres est écrasé par sa cargaison sur l’avenue Patrice Emery Lumumba, devant l’hôpital FAC à Nyawera.

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Dans les deux cas, les victimes ne portaient aucun équipement de sécurité : pas de harnais, pas de casque, pas de gants. Un manquement flagrant aux règles les plus élémentaires de sécurité.

Une réalité généralisée dans les quartiers de Bukavu

Ces tragédies ne sont que la face visible d’un phénomène généralisé. De Nyalukemba à Panzi, en passant par Ndendere, Mosala, Nyakavogo, Kasali, Brasserie ou encore Essence, les ouvriers sont quotidiennement exposés à de graves risques : chutes, blessures, écrasements, maladies liées à l’inhalation de poussières ou à la manipulation de matériaux dangereux.

Il est devenu banal de voir des hommes travailler sur des échafaudages précaires sans chaussures de sécurité, ni gilets réfléchissants, ni casques.

Où sont les inspections du travail ?

Les habitants s’interrogent : Où sont les inspecteurs de l’ONEM, de la Division, Inspection du Travail ou des services d’hygiène ? Pourquoi les chantiers sont-ils laissés sans contrôle ? Pourquoi les employeurs ou les commerçants autorisent-ils leurs ouvriers à travailler sans protection minimale, alors que la loi les y oblige ?

Ce laisser-faire généralisé trahit une démission institutionnelle et une banalisation inacceptable des morts au travail.

Il est temps de protéger les travailleurs

N’est-il pas urgent que les autorités locales, les services techniques et les employeurs assument pleinement leurs responsabilités ? Des textes existent, mais ils restent lettres mortes sans volonté politique ni mécanismes de contrôle efficaces.

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La sécurité au travail ne doit pas être perçue comme un luxe ou une contrainte économique, mais comme une exigence morale et légale. Chaque travailleur a droit à la protection. Chaque vie perdue est un échec collectif.

Ces deux morts doivent marquer un tournant. La vie humaine ne peut plus être sacrifiée sur l’autel de la négligence.

Abdallah Mapenzi

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