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«La République démocratique du Congo ne peut pas continuer à s’endetter sans avoir de quoi rembourser.» C’est ce que pense Didier Amani Sangara, analyste politique indépendant.

Dans cette Tribune que vous propose Laprunellerdc.info, celui-ci pense que malgré la situation de sa pauvreté; la RDC peut grâce à ses ressources naturelles, dire NON à la dette pour éviter de plonger les générations à venir dans le chaos.

«La dette de sang du peuple congolais» Quel sort pour les générations futures?

La République démocratique du Congo ne peut pas continuer à s’endetter sans avoir de quoi rembourser. Sa génération n’est pas responsable de la dette, au contraire, les colons et la communauté internationale nous doivent ce que les plus grandes richesses ne pourront jamais payer ; c’est-à-dire la dette de sang. Le sang du peuple congolais qui a été versé et qui continue d’être versé.

Le président de la république Félix TSHISEKEDI et sa classe politique viennent de conduire la RD Congo à l’endettement en jouant comme dans un casino. Aujourd’hui, ça paraît comme gagner avec son programme gratuité de l’enseignement, alternance, CAP pour le changement, … mais quand le Fond Monétaire Internationale et la Banque mondiale vont exiger de rembourser, l’on va parler de la crise comme s’était en 1990 avec le Maréchal MOBUTU SESESEKO KUKUNGWENDU WAZABANGA.

« Après que le pays a abandonné, en 1986, le programme d’austérité conditionnant les prêts du Fonds monétaire international (FMI), le Zaïre sombra dans une crise économique qui alimenté l’opposition au régime. En 1990 se multiplient grèves et manifestations de protestation contre la corruption gouvernementale, le pillage des ressources du pays par le président et son entourage, la violation permanente des droits de l’homme et l’absence d’expression démocratique. Seseseko, pressé par les pays occidentaux de démocratiser le régime, accepte la tenue d’une conférence nationale. Il accepta aussi la démocratie et légalisa les partis politiques d’opposition le 24 avril 1990. Mais la démocratisation demeure chaotique, le président torpillant la Conférence nationale instaurée pour élaborer une nouvelle Constitution ».

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La dette, c’est encore le néo-colonialisme où les colonisateurs se sont transformés en assistants techniques et ce sont eux qui nous proposent des sources de financement et de l’aide. Ces bailleurs de fonds sont nos conseillers et nous sont recommandés, ont nous présentent des montagnes financières alléchants, des dossiers ; la RDC est endettée pour dix ans, cinquante ans, même plus pour dire que l’on a amené la République démocratique du Congo à compromettre son peuple pendant cinquante ans et voir plus.

L’aide ou dette, c’est sa forme actuelle, contrôlée, dominée par l’impérialisme, une reconquête savamment organisée pour que l’Afrique ou la RDC, sa croissance, son développement obéisse à des paliers, à de normes qui nous sont totalement étrangères, faisant en sorte que la RDC devienne l’esclave financier. L’esclave tout court de ceux qui ont l’opportunité, la ruse, la fourberie de placer les fonds chez nous avec l’obligation de rembourser.

La politique belge dans ses anciennes colonies s’est matérialisée également par la mise en place d’un programme de coopération particulier. Jusqu’à la fin des années 1980, la Belgique demeura ainsi le premier pourvoyeur d’aide au développement du Zaïre, et son quatrième créancier (après les États-Unis, la France et l’Allemagne). Le budget de la coopération représentait alors 5 milliards de francs belges par an, et plus de mille coopérants travaillaient dans le pays où, d’après la journaliste belge Colette Braeckman, ils étaient « souvent installés dans des rentes de situation ».

A la fin des années 1980, le Zaïre comptait encore 16 000 ressortissants belges. Les liens particuliers entre la Belgique et le Zaïre se manifestaient aussi par un accès privilégié des étudiants zaïrois aux universités belges et par l’octroi de bourses spéciales.

«Autant de mesures qui contribuaient à maintenir l’influence de l’ancienne métropole coloniale par la formation d’une partie des futures élites zaïroises; comme c’est le cas aujourd’hui en RDC où certains de nos ministres, députés et sénateurs ont la double nationalité».

Les intérêts économiques des entreprises belges ont probablement joué un rôle important dans l’intervention de 1978 au Katanga. Ces intérêts ont été de plus en plus contestés, par les États-Unis ou la France. Cependant le cuivre zaïrois, par exemple, représentait toujours un tiers des importations d’une société telle que la Métallurgie Hoboken Overpelt à la veille de 1989.

Par ailleurs, nombre d’entreprises zaïroises ont toujours leur siège à Bruxelles, leurs capitaux transitant de ce fait par la capitale belge. Quant à la Sabena, l’entreprise aérienne nationale belge mise en faillite, 30 % de son trafic était encore réalisé sur son réseau africain, essentiellement axé sur le Zaïre, aujourd’hui Brussel Air line axé au Congo.

Ainsi, bien que l’influence belge sur le Zaïre se soit trouvée contestée de façon croissante, les liens humains, politiques et économiques entre les deux pays se sont maintenus. Ces liens ont très probablement influencé la politique étrangère de l’État belge, ainsi que l’image particulière de l’Afrique dans les médias et dans l’opinion.

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La persistance d’une certaine influence de la Belgique sur ses anciennes colonies, et en premier lieu sur le Zaïre, apparaît par exemple à une journaliste comme Colette Braeckman, spécialiste de l’Afrique des Grands Lacs au quotidien belge Le Soir, comme le seul moyen pour la Belgique de continuer à jouer un rôle, même réduit, sur la scène internationale.

Lors du génocide de 1994 au Rwanda, plusieurs articles dans les quotidiens belges insistèrent sur la nécessité de « conserver un projet africain ». Par ailleurs, les différentes crises qui ont émaillé les relations entre la Belgique et le Zaïre, de 1960 aux années 90, ne furent pas traitées comme n’importe quelle crise diplomatique entre deux États souverains.

La remise en cause des liens privilégiés avec la Belgique, qui se traduisaient concrètement par des avantages économiques pour les entreprises belges, se trouva dénoncée dans la presse comme une atteinte à un droit, voire comme une sorte d’ingratitude. Autrement dit, il semble que les relations entre la Belgique et ses anciennes colonies ne soient pas conçues comme des rapports classiques entre États souverains et indépendants. On retrouve le même type de phénomène dans les relations entre la France et ses anciennes colonies.

« Quand tu t’es battu si dur pour te remettre débout … Ne retourne jamais vers ceux qui t’ont mis à terre » ! Mandela.

C’est ainsi qu’aujourd’hui, pour ne pas subir les dictats des financiers internationaux, le président Félix Tshisekedi devrait refuser toute aide du Fonds Monétaire Internationale et de la Banque mondiale. Malgré la situation de la pauvreté du peuple Congolais, le pillage, tuerie et autres drames, la RDC peut compter sur elle-même. Elle peut dire NON à la dette pour éviter de payer demain et plonger dans le chaos.

Ceux qui prêtent la RDC l’argent, la plupart sont ceux-là qui nous ont colonisés, ce sont les mêmes qui géraient nos Etats et nos économies, ce sont les colonisateurs qui endettaient et/ou continuent d’endetter la RDC ou l’Afrique auprès des bailleurs de fonds, leurs frères et cousins. La RDC est étrangère à cette dette, elle ne peut donc pas la payer.

Disons NON aux vieilles et nouvelles de colonialisme. Disons OUI à la rencontre entre les peuples et les cultures. Nous ne pouvons plus continuer à mener, dans nos pays, dans nos régions, dans notre continent Africain, une politique sur la base de l’aide « Cela n’a pas marché, ça ne marche pas et ça ne marchera pas ! » Ce n’est pas juste qu’un pays comme la République démocratique du Congo, 60 ans après son indépendance, continue à définir son budget de l’éducation et de la santé sur la base des financements provenant des contribuables européens, de la Banque mondiale, de la FMI ou d’autres donateurs potentiels.

Au stade où nous sommes, nous devrions être capables de financer nous-mêmes nos besoins de base. Et cette énergie-là, nous l’aurons ici sur notre continent Africain ou dans notre pays la RDC, si nous implémentons de nouveaux systèmes politiques qui montrent à ces jeunes qu’ils sont l’espoir et qu’il y a des opportunités ici dans ce pays.

« NON, nous ne pouvons pas continuer à être complices, arrêter d’accompagner ceux qui sucent le sang du peuple congolais (Beni, Kassaï, Yumbi, Congo central…), nous ne pouvons pas continuer les accompagner dans leurs démarches assassines ».

L’avenir de la RDC n’est pas uniquement entre les mains des grands dirigeants, des grandes puissances et les élites. Il est fondamentalement dans les mains du peuple Congolais, dans leur capacité à s’organiser et aussi dans leurs mains qui arrosent avec humilité et conviction ce processus de changement. Il faudrait sortir de l’ordinaire.

Le peuple Congolais a besoin du changement, un changement réel, un changement de structures. On ne peut plus supporter ce système de notre pays.

Comme Gandhi l’avait compris et démontré, le principal pouvoir positif dont nous disposons dans un monde de relations est peut-être celui d’interrompre notre coopération avec l’autre s’il refuse de respecter nos intérêts légitimes. Il y a sur le sujet une célèbre histoire grecque que raconte une comédie d’Aristophane, celle de LYSISTRATA. Lassées des guerres constantes que se font les hommes, de la mort et des souffrances qu’elles apportent, les femmes d’Athènes et de Sparte décédèrent de cesser de faire l’amour jusqu’au jour où les hommes arrêtèrent de se battre.

Didier Amani Sangara

Analyste politique indépendant

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