Le ministère de l’Intérieur a officiellement saisi la Cour constitutionnelle au sujet d’une demande de dissolution du Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD), parti fondé et dirigé moralement par l’ancien président Joseph Kabila, aujourd’hui sénateur à vie. La démarche fait suite à plusieurs déclarations et actes jugés contraires à la Constitution et aux lois régissant les partis politiques en République démocratique du Congo.
Dans une lettre adressée au Procureur général près la Cour constitutionnelle, le ministre de l’Intérieur, Jacquemain Shabani, accuse l’ex-chef de l’État d’avoir publiquement tenu, dans une interview accordée au journal sud-africain Sunday Times, des propos « tendant à absoudre l’activisme du M23/AFC » et à « décharger ce mouvement des crimes odieux commis contre la population et le pays ».
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Le ministre évoque également une série de faits, notamment les déclarations de l’ancien président de l’Assemblée nationale, Aubin Minaku, actuel cadre du PPRD, lors d’une manifestation organisée par le parti le 25 février 2025 à Kinshasa. Ce dernier aurait déclaré : « Le chef a dit qu’il faut être prêt à tout : fini le moment du silence, des actions clandestines, maintenant c’est le moment des actions ouvertes, je m’assume… »
Ces propos, selon Jacquemain Shabani, témoignent d’un basculement assumé vers des actions publiques jugées dangereuses pour la paix, l’unité nationale, l’intégrité territoriale, l’ordre démocratique et la souveraineté de l’État.
Par ailleurs, le ministre dénonce les déplacements de Joseph Kabila « à l’insu des institutions » dans des zones occupées par des groupes armés et au Rwanda. Il rappelle que l’article 5 de la loi n°18/021 du 26 juillet 2018 impose à tout ancien président élu une obligation de réserve, de dignité, de patriotisme et de loyauté.
Il affirme que certains membres du PPRD se sont ralliés publiquement au Rwanda et à ses alliés, dans l’objectif présumé de déstabiliser la RDC. Le ministère estime que le parti entretient une confusion volontairement nuisible à la stabilité nationale et à l’ordre républicain.
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Enfin, Jacquemain Shabani qualifie les actes reprochés de « haute trahison » et demande aux juridictions compétentes d’en tirer toutes les conséquences de droit.
Le Sénat congolais devrait, en principe, examiner, ce jeudi 15 mai 2025, la demande de levée de l’immunité parlementaire de Joseph Kabila, dans le cadre de ces accusations.
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