À l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse célébrée ce 5 mai 2025 à Kinshasa, le président du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication (CSAC), Christian Bosembe, a affirmé qu’aucun journaliste n’a été arrêté ni torturé en raison de ses opinions durant les mandats du président Félix Antoine Tshisekedi.
« Aucune rédaction n’a été saccagée, aucune chaîne n’a été fermée sur ordre des services, comme cela se faisait dans le passé », a-t-il déclaré, se présentant comme un défenseur du dialogue et de la régulation non autoritaire.
« Je ne suis pas un dictateur, je ne brandis pas le bâton, je ne tiens pas le fouet. Mais une chose est sûre : un pays sans ordre et sans discipline est un navire sans boussole. Je ne demande pas que l’on se taise, mais que l’on pense, que l’on pèse, que l’on vérifie », a-t-il ajouté.
Une déclaration contestée
Les propos de Christian Bosembe ont immédiatement suscité de vives réactions sur les réseaux sociaux. Si certains y voient une volonté d’apaisement ou un hommage à la liberté de la presse, d’autres dénoncent une déclaration mensongère, en totale contradiction avec la réalité vécue par les journalistes en République Démocratique du Congo.
Le journaliste et analyste Goetant Dauphin Nzowo a réagi sévèrement : « C’est faux. Et tout le monde le sait. Christian Bosembe a menti. Le président le sait. Les journalistes le savent. Et pourtant, la salle a applaudi. C’est ainsi que commence l’autoritarisme : quand un mensonge public devient une vérité d’État. »
Dans le même ton, Elvis Kakonda a pointé la responsabilité du chef de l’État :
« Le problème ce n’est même pas Bosembe. Le vrai problème, c’est le président qui l’a laissé mentir devant le public. C’est le genre d’hommes que le président veut dans son entourage : des flatteurs, menteurs, incompétents. Le président lui-même sait que Bosembe a menti. »
Une réalité plus sombre selon les chiffres
Selon l’organisation Partenariat pour la Protection Intégrée (PPI), 257 violations des droits des défenseurs des droits humains et des journalistes ont été documentées entre le 1er janvier et le 10 décembre 2024, contre 156 cas en 2023, soit une hausse de plus de 65 %.
Dans ce climat tendu, plusieurs journalistes ont fait l’objet de menaces de mort, d’autres ont été tués ou contraints à l’exil, et des cas d’agressions physiques ou d’intimidations ont été régulièrement signalés pendant le mandat du président Félix Tshisekedi.