La commune de Bagira, située à Bukavu, dans la province du Sud-Kivu, est à nouveau frappée par une vague de violences qui inquiète profondément la Société Civile. Ces derniers jours, plusieurs incidents tragiques ont été enregistrés, mettant en lumière une insécurité croissante qui touche la vie quotidienne des habitants. Les disparitions, les meurtres et les kidnappings alimentent la peur et l’incertitude parmi les résidents de Bagira.
Parmi les événements les plus marquants, on note la disparition de deux jeunes hommes, dont les familles sont plongées dans l’angoisse et réclament justice.
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Le 27 novembre 2024, Baraka Cishesa Narcisse, fils du chef de l’avenue Mushekere 2, a disparu alors qu’il s’était rendu à la banque pour retirer de l’argent destiné au paiement de sa mère.
Depuis ce jour, aucune nouvelle de lui. La famille a rapidement reçu un appel de ses ravisseurs, qui exigent une rançon pour sa libération. Cette affaire de kidnapping s’inscrit dans une série de disparitions suspectes dans cette commune, renforçant les craintes d’une recrudescence des activités criminelles à Bagira.
Un autre cas inquiétant concerne Isaac Musaada Zirimwabagabo, un élève de 19 ans, qui a disparu le 26 novembre 2024 après être parti à l’école. Depuis, sa famille est sans nouvelle et s’inquiète de sa sécurité.
Ces deux disparitions viennent s’ajouter à une longue liste de cas non résolus dans la région, où des personnes sont enlevées, souvent contre une rançon, sans que les autorités ne parviennent à identifier et démanteler les réseaux criminels responsables.
Meurtre d’un convoyeur : un climat de violence de plus en plus palpable
Le 29 novembre 2024, un autre drame s’est produit dans la commune : le corps sans vie d’un convoyeur de bus, connu sous le nom d’Aimedo, a été retrouvé au rond-point Maendeleo, dans le quartier Nyakavogo.
Bien que les circonstances exactes de sa mort restent floues, les autorités et les habitants suspectent un meurtre prémédité.
Le cadavre, retrouvé dans un état de dégradation avancé, semble indiquer que l’homme a été tabassé avant d’être tué, selon la Société Civile locale.
Cette découverte tragique souligne une fois de plus l’intensification des violences à Bagira, un phénomène qui semble se répéter de manière inquiétante dans cette commune.
La Société civile exige des mesures urgentes
Face à cette série de drames, Gentil Kulimushi, Président de la Société Civile de Bagira, a exprimé son désarroi et son appel à l’action auprès des autorités compétentes.
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A La Prunelle RDC, il a souligné que « les enlèvements, les meurtres et les disparitions deviennent des faits trop récurrents. La population vit dans la peur et l’incertitude ».
Il a demandé aux autorités locales et nationales d’intensifier la lutte contre l’insécurité en augmentant la présence des forces de l’ordre et en mettant en place des mesures de prévention plus efficaces.
« Nous appelons l’Etat congolais à régler la question de la communication, car ces bourreaux utilisent des numéros de téléphone pour demander des rançons ou de l’argent aux familles des victimes », a ajouté Gentil Kulimushi.
Il a également lancé un appel de vigilance à la population, insistant sur la nécessité de sensibiliser les familles, notamment pour protéger les enfants et éviter qu’ils ne deviennent des victimes faciles de kidnappings.
« Les parents doivent être plus vigilants et éviter que leurs enfants ne se familiarisent avec des inconnus », a-t-il précisé.
Une crise sécuritaire qui perdure
La commune de Bagira est depuis plusieurs années le théâtre d’une insécurité persistante, exacerbée par la prolifération de groupes armés et l’inefficacité des dispositifs de sécurité publique.
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Les autorités locales sont régulièrement accusées de ne pas agir de manière adéquate face à la montée de la violence, tandis que la population vit dans un climat de peur constante. L’impunité et l’absence de justice pour les victimes sont des facteurs qui contribuent à l’aggravation de la situation.
Le renforcement de la présence policière, une meilleure collaboration entre la population et les forces de l’ordre, ainsi qu’un engagement plus ferme de l’État dans la lutte contre la criminalité, sont des mesures urgentes à prendre pour garantir la paix et la sécurité dans la région, comme le réclame la Société Civile locale. Celle-ci demande également à l’Etat de voir clair dans les communications téléphoniques utilisées par les bourreaux pour réclamer la rançon.