Un incident violent a secoué le matin du 19 novembre 2024 la localité de Rugugu, située à la frontière entre les quartiers de Nyakabere II à Sange et le groupement de Mutarule-Katekama en chefferie de Luberizi. En effet, un homme, identifié comme Sako Rununira, a été grièvement blessé à la machette dans son champ, lors d’un affrontement entre les cultivateurs des deux entités rivales.
Les tensions, qui durent depuis plusieurs mois, sont liées à un conflit ancien de délimitation des terres agricoles entre les habitants de Nyakabere et ceux de Mutarule-Katekama. Rugugu, une zone particulièrement fertile de la plaine de la Ruzizi, est au cœur de ce différend territorial.
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Le manque de clarté sur les frontières des terres cultivables a exacerbé les frictions, avec des conséquences dramatiques pour les habitants qui s’y affrontent régulièrement pour la possession de ces terres arables.
Le chercheur principal au Centre Indépendant de Recherches et d’Études Stratégiques du Kivu (CIRESKI), Juvénal Twaibu, explique que ce conflit est le résultat d’une tension persistante entre les deux communautés.
Selon lui, malgré les tentatives des autorités locales de résoudre la question en favorisant le dialogue, les solutions proposées n’ont pas permis de restaurer la paix.
« Les conflits fonciers dans cette région du Sud-Kivu, en particulier entre ces deux entités, sont d’une grande complexité. Les délimitations restent floues et les autorités n’ont pas réussi à instaurer une véritable coopération entre les habitants de Nyakabere et de Mutarule », déclare Twaibu à La Prunelle RDC.
L’affrontement du matin, survenu ce mardi 19 novembre, a dégénéré rapidement en violence. Des machettes et d’autres armes blanches ont été utilisées, entraînant des blessures graves chez deux personnes : l’une originaire de Mutarule-Katekama et l’autre de Nyakabere. Ces blessés ont été évacués à l’Hôpital Général de Référence (HGR) de la Ruzizi, à Sange.
Suite à cet incident, la situation a rapidement dégénéré, avec des habitants de Nyakabere prenant d’assaut la RN5, qu’ils ont barricadée en signe de protestation et de colère. La circulation sur la Route Nationale Numéro 5 a été paralysée pendant plusieurs heures, jusqu’en début d’après-midi, perturbant ainsi les activités commerciales et les déplacements entre les régions.
Cette nouvelle escalade de violence a ravivé les préoccupations sur la gestion des conflits fonciers dans cette partie du Sud-Kivu, où les rivalités pour la terre sont exacerbées par des tensions politiques et ethniques.
Les autorités locales, déjà sous pression, se retrouvent face à une situation de plus en plus difficile à maîtriser. Le dialogue et les médiations sont désormais plus urgents que jamais pour éviter que de tels incidents ne se multiplient, comme l’affirme Juvenal Twaibu.
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« Sans une action rapide et concrète, cette zone pourrait sombrer dans un cycle de violences récurrentes. »
Les observateurs et les autorités locales appellent à une solution durable, fondée sur une meilleure gestion des frontières agricoles et la promotion du vivre-ensemble, pour éviter que de nouvelles tragédies ne surviennent.
Ce tragique événement à Rugugu illustre une fois de plus les défis de la gestion des conflits fonciers dans le Sud-Kivu, une région déjà marquée par des tensions ethniques et politiques complexes.
Claudine Kitumaini