Le mois d’octobre 2024 a été particulièrement difficile pour la population de la province du Sud-Kivu. Selon le rapport publié par la Synergie des Associations des Jeunes pour l’Éducation Civique, Électorale et la Promotion des Droits de l’Homme au Sud-Kivu (Sajecek Forces Vives), la situation sécuritaire a continué de se détériorer avec une recrudescence des actes de violence, y compris des attaques de maisons, des braquages de véhicules, des enlèvements et des actes de justice populaire.
D’après les statistiques recueillies par Sajecek Forces Vives, plusieurs territoires du Sud-Kivu ont été secoués par des actes de violence.
Au total, 24 personnes ont perdu la vie en octobre 2024, contre 38 en septembre. La ville de Bukavu, capitale de la province, a été particulièrement touchée avec 5 cas de tueries recensées.
« Sur le 24 cas enregistrés, 17 ont été de sexe masculin et 7 du sexe féminin », affirme SAJECEK.
Cependant, si le nombre de tueries a diminué par rapport au mois précédent, la violence demeure préoccupante.
Le tableau des violences montre aussi une augmentation des attaques de maisons, avec 16 habitations attaquées au cours du mois d’octobre, une baisse relative par rapport aux 22 cas enregistrés en septembre. Le territoire de Kalehe a été l’un des plus touchés, enregistrant 7 attaques sur les 16 répertoriées.
Les braquages de véhicules continuent de faire des victimes : 3 véhicules ont été attaqués durant le mois, contribuant à la montée des craintes chez les habitants. Les bandits armés ciblent régulièrement les transports pour voler les biens des passagers ou extorquer des rançons.
L’un des phénomènes les plus inquiétants demeure les enlèvements. En octobre, 14 personnes ont été enlevées, dont 6 femmes et 8 hommes. La ville de Bukavu s’est distinguée par un nombre particulièrement élevé de cas d’enlèvements, ce qui renforce la crainte générale au sein de la population.
Le rapport de Sajecek Forces Vives souligne qu’une partie importante des victimes d’enlèvements sont des civils innocents pris en otage par des groupes armés à des fins de rançon. Ce phénomène génère un climat de terreur et d’incertitude qui fragilise encore davantage les communautés locales.
La justice populaire, un phénomène inquiétant qui s’étend dans certains territoires de la province, continue de faire des victimes.
En octobre, 7 cas de justice populaire ont été rapportés, impliquant principalement des hommes (5 cas) et des femmes (2 cas). Ce mode de justice informelle, souvent violent et sans procédure judiciaire, est particulièrement répandu dans les territoires de Kalehe (3 cas) et Kabare (2 cas).
Les victimes de justice populaire sont souvent accusées de faits réels ou supposés, sans qu’il n’y ait de garantie de jugement équitable. Cette situation expose encore une fois les faiblesses des institutions judiciaires et de l’État de droit dans la région.
Face à ce tableau alarmant, Sajecek Forces Vives soulève la question fondamentale : où se trouve la priorité des autorités locales et nationales ?
Avec des violences quotidiennes, des habitants pris au piège de groupes armés et des milices, la sécurité dans la province semble de plus en plus difficile à assurer.
Pour l’organisation, il est plus que jamais urgent de renforcer la présence des forces de l’ordre et de mettre en place des solutions durables pour éradiquer les causes profondes de l’insécurité.
De même, l’organisation pense que des réformes dans le secteur judiciaire et un soutien accru aux communautés locales sont essentiels pour prévenir les abus et restaurer la confiance de la population envers les autorités.
Voici le tableau peint par SAJECEK Forces Vives :
Tueries Maisons attaquées | Véhicules braqués | Enlèvements | Justice
Populaire |
||
Bukavu | 05 | 05 | 00 | 09 | 01 |
Kabare | 03 | 02 | 00 | 00 | 02 |
Walungu | 01 | 00 | 00 | 00 | 00 |
Mwenga | 02 | 03 | 01 | 00 | 01 |
Uvira | 02 | 01 | 00 | 00 | 00 |
Fizi | 03 | 02 | 00 | 01 | 00 |
Shabunda | 01 | 00 | 00 | 01 | 00 |
Idjwi | 00 | 00 | 00 | 00 | 00 |
Kalehe | 07 | 03 | 02 | 03 | 03 |
Marina Mwanda