Intervenons-nous

    Des victimes des violences au Sud-Kivu ont appelé à la protection des sites de massacres dans la ville de Bukavu et dans les territoires de la province. Cette demande a été formulée lors d’une marche pacifique le 30 octobre 2024, visant à promouvoir la paix sociale et l’harmonie entre les populations.

    Partant de la place Mulamba jusqu’au gouvernorat de province à Bukavu, les manifestants ont brandi des pancartes proclamant leur exigence de vérité sur les atrocités commises dans l’Est de la RDC et la protection des lieux de mémoire.

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    Il y a 28 ans, le 29 octobre 1996, environ 450 personnes avaient été tuées à Bukavu suite à des attaques de rebelles, un massacre survenu seulement 24 heures après l’assassinat de Monseigneur Munzihirwa, alors archevêque de l’archidiocèse catholique de Bukavu. Aujourd’hui, les auteurs de ces crimes restent impunis, et les victimes n’ont toujours pas obtenu justice.

    L’objectif de cette marche était non seulement de revendiquer leurs droits, mais aussi d’exiger que la mémoire des victimes ne soit pas effacée. Les manifestants soulignent que de nombreuses preuves des crimes ont été détruites, et que ces sites sont désormais utilisés à des fins commerciales et résidentielles.

    Les organisateurs de la marche rappellent qu’un peuple sans mémoire est un peuple condamné à disparaître. Ils affirment que le traitement du passé violent et le devoir de mémoire sont essentiels pour établir une paix durable, favoriser la cohésion sociale et promouvoir un développement harmonieux dans la province et dans le pays.

    Devant le gouvernorat de province, les victimes ont formulé plusieurs demandes :

    1. Que la protection des sites de massacres soit garantie par un édit provincial et intégrée aux priorités du gouvernement provincial pour favoriser la paix sociale.
    2. Que la vérité sur les causes des crimes de masse et des violences sexuelles soit établie via une Commission Provinciale Vérité et Réconciliation, similaire à celle du Kasaï Central.
    3. Que des mécanismes de justice transitionnelle soient mis en place pour que les victimes puissent accéder à la justice et à des réparations, et que des mesures soient prises pour que les auteurs soient traduits devant une juridiction indépendante.
    4. Que des principes de vetting soient appliqués pour empêcher les personnes accusées de crimes de participer aux instances décisionnelles, afin de garantir le processus de justice.
    5. Que les autorités provinciales collaborent avec le Bureau du Procureur près de la Cour Pénale Internationale pour enquêter sur les crimes à Bukavu et dans le Sud-Kivu, et que les responsables soient arrêtés et jugés.
    6. Que les autorités nationales et provinciales soutiennent les initiatives du Dr Denis Mukwege pour l’établissement d’un tribunal pénal international en RDC, ou, à défaut, la création de chambres mixtes spécialisées pour lutter contre l’impunité.

    Les manifestants ont également salué les efforts du gouvernement national pour établir le FONAREV et ont demandé une activation rapide du processus de réparation, accompagnée d’une identification précise des victimes et d’une évaluation des préjudices subis.

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    Le Directeur de cabinet du Gouverneur provincial a promis de transmettre leurs revendications au Vice-Gouverneur et Gouverneur intérimaire, affirmant que certaines préoccupations méritaient une attention particulière et des projets concrets.

    Vinciane Ntabala

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