Intervenons-nous

Le Dr Denis Mukwege, Prix Nobel de la paix et fervent défenseur des droits humains, a récemment exprimé ses préoccupations concernant l’état de la justice transitionnelle en République Démocratique du Congo (RDC). Dans une publication marquée par un ton alarmant, il rappelle que cela fait désormais 14 ans que le rapport Mapping des Nations unies a été publié, soulignant l’absence d’avancées significatives dans ce domaine crucial.

Depuis l’élection de Félix Tshisekedi en 2020, les espoirs avaient été ravivés grâce à une déclaration ambitieuse du Président promettant de mettre la justice transitionnelle au cœur de son agenda.

Cependant, comme l’indique le Dr Mukwege, les résultats concrets font cruellement défaut. Le seul mécanisme mis en place, le Fonds national de réparations (FONAREV), bien qu’initié sous l’égide du Bureau de la Première Dame, reste à ce jour non opérationnel, alimentant ainsi la déception des victimes, se désole Mukwege.

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En 2022, rappelle Mukwege, un processus de consultation populaire avait été lancé par le ministre des Droits humains, accompagné de la formation d’un Comité scientifique chargé d’élaborer une politique nationale de justice transitionnelle. Néanmoins, après deux ans de travail, aucun projet tangible n’a encore vu le jour, ce qui soulève des questions sur la véritable volonté du gouvernement à agir.

Aussi, constate le Docteur Denis Mukwege, le programme d’actions gouvernemental pour 2024-2028 ne fait qu’effleurer la question de la justice transitionnelle, la mention n’étant que symbolique. Pour lui, cette situation indique un manque de détermination de la part des autorités à s’attaquer aux crimes passés, malgré l’évidence que l’impunité contribue à la répétition des atrocités en RDC.

« Enfin, nous déplorons que le programme d’actions du gouvernement pour 2024-2028 ne contienne qu’une mention cosmétique à la justice transitionnelle, ce qui démontre qu’il n’y a pas une réelle volonté politique du régime en place pour faire avancer la justice transitionnelle en RDC, ce qui est très regrettable lorsque l’on sait que l’impunité pour les crimes du passé alimente la répétition des atrocités jusqu’à ce jour », dit Denis Mukwege.

La déclaration du Dr Mukwege met en lumière un paradoxe troublant : alors que les besoins en justice et en réparation sont pressants, le gouvernement semble privilégier des solutions superficielles. Les victimes, dont les souffrances continuent d’être ignorées, méritent bien plus qu’une simple promesse sur le papier.

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Alors que le pays se trouve à un tournant, Mukwege presse continuellement la communauté internationale et les acteurs de la société civile à rester vigilants et exiger des actions concrètes. Lui comme d’autres défenseurs des droits humains sont formels : La justice transitionnelle ne peut plus attendre, et la RDC doit prendre les mesures nécessaires pour tourner la page des violences passées et construire un avenir basé sur la vérité, la justice et la réconciliation pour parvenir à la réparation.

Suzanne Baleke

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