Une femme âgée d’environs 70 ans a été sauvagement abattue à Ciherano, dans la chefferie de ngweshe en territoire de Walungu le 06 octobre 2023. La victime a été accusée de sorcellerie par les habitants de son village.
Selon le bulletin d’information de la Commission Diocésaine Justice et paix CDJP, cette femme avait fui son village quelques temps avant son retour.
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« La victime aurait déjà pris fuite dans un village voisin. Mais sur demande d’un de ses fils, son mari aurait osé la ramener en famille le même jour de son assassinat ! Dans la cour, assise par terre et encerclée par des loups voraces, on les a vu lever sur elle des mains armées des bâtons, des pierres, la tabassant à tour de bras comme un serpent venimeux ! Ses sanglots, ses cris, ses gémissements, son épuisement jusqu’à la mort n’avaient suscité aucune pitié ». Regrette la CDJP.
Dunia M’Mukubanyi n’est pas la première victime de cette vindicte population.
Dans plusieurs chefferies et villages du Sud-Kivu, des vieilles femmes, des jeunes filles et des enfants sont sauvagement tués parce que accusés des sorcières par des prophètes ou voyantes communément appelées « Mujakazi ».
« Seulement pour le mois de septembre 2023, des dénonciations ont fait état de huit femmes brûlées vives et/ou lynchées dans trois territoires du Sud-Kivu (Kalehe, Walungu et Fizi). Jugées et condamnées à mort par une certaine justice populaire, leurs jugements ont été sans appel l’exécution a été aussi horrible qu’expéditive, souvent déclenchée sur injonction des « voyantes » aux idées obscurantistes trainant de la criminalité ! » s’indigne la CDJP.
Malgré la présence de l’édit portant interdiction de la justice populaire au Sud-Kivu, ce phénomène prend de l’ascenseur et risque d’être fatal dans l’avenir.
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Rappelons que depuis le début de l’an 2023, 15 femmes ont été tuées parce qu’accusées de sorcellerie dans la Province du Sud-Kivu jusqu’en juin.
Dans une enquête menée par l’Association des Femmes de Média (AFEM), 97 cas des femmes accusées de sorcellerie ont été documentés dans différents territoires du Sud Kivu. Une situation qui s’est aggravée.
Cette organisation de défense des droits de femmes avait demandé aux organisations de la Société Civile d’intensifier les sensibilisations contre la pratique de la justice populaire.
La CDJP demande quant à elle à la Société Civile dans sa diversité et toutes ses composantes de refuser et pousser qu’on traduise en justice les auteurs intellectuels et matériels de ces forfaits.
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« Et des apprentis voyants ou voyantes qui se cachent dans les villages avec la prétention qu’ils savent les mauvais doivent, avec les criminels qu’ils fabriquent, être à l’endroit qu’ils méritent : la prison ».
Le gouvernement provincial devrait aussi définir des mécanismes pour mettre fin à ces pratiques des violations grave de droit de l’homme.