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A quelques jours de sa nouvelle tournée en RDC pour projeter le film «L’Empire du Silence », le réalisateur belge Thierry Michel reçoit le soutien de l’Association des Journalistes Professionnels (AJP) et de la Fédération Internationale pour les Droits Humains (FIDH).

Dans deux communiqués rendus publics, ces organisations ont exprimé leur soutien à Thierry Michel ainsi qu’à la productrice du documentaire, Mme Christine Pireaux.

«Thierry Michel et Christine Pireaux font actuellement face à un « procès bâillon » à Kinshasa, visant à interdire la diffusion de leur dernier film l’empire du silence. Cette procédure est initiée par un cinéaste et un producteur congolais, auteurs en 2015 d’un film intitulé « Congo, le silence des crimes oubliés ». Ils accusent Thierry Michel e.a. de « plagiat » et de « vol et viol de l’imaginaire congolais ». Ces accusations sont non seulement diffamatoires, mais sans fondement sérieux. Leur but est simplement d’empêcher que le film puisse être vu par le plus grand nombre au Congo et à l’étranger.  Ce procès est une atteinte à la liberté d’expression et au droit d’information,» lit-on dans le communiqué de la FIDH.

La FIDH et ses ligues avancent entre autres raisons de leur soutien à Thierry Michel et Christine Pireaux dans cette épreuve judiciaire, le fait que le film L’Empire du Silence dénonce avec force les crimes graves commis au Congo depuis plus de 25 ans, en pointant les coupables et en donnant la parole aux victimes des crimes commis. Mais aussi le fait que le travail de ce réalisateur est « très important » pour lutter contre l’impunité qui est devenue la norme en RDC.

« Il appartient à la justice de rétablir leur honneur en balayant ces accusations qui ne visent qu’à nuire à leur réputation et à bâillonner leurs dénonciations de l’impunité des crimes les plus graves frappant le Congo depuis tant d’années. L’impunité des crimes du passé nourrit la violence et les crimes d’aujourd’hui et de demain,» indique la FIDH.

Pour sa part, l’Association des Journalistes Professionnels (AJP) pense que les accusations dont fait objet le réalisateur de L’Empire du Silence constituent une « grave atteinte » à sa liberté d’expression, et le contraignent à s’y consacrer alors même que la diffusion de son film en République Démocratique du Congo requiert toute son attention et sa disponibilité.

«En ce sens, elles nuisent incontestablement à son travail. De telles procédures s’apparentent en effet à ce qu’il est désormais courant d’appeler « SLAPP » (acronyme anglophone pour Strategic Litigition Against Public Participation), c’est-à-dire une procédure bâillon, une action en justice infondée, engagée par une ou des personnes influentes qui cherchent à intimider un journaliste pour qu’il renonce à poursuivre son travail,» regrette cette organisation.

L’AJP salue le fait que Thierry Michel ne compte nullement renoncer à exercer son métier, et lui rassure un soutien et des conseils constants « jusqu’au terme des procédures en cours ».

Contexte

Il faut dire ici que le cinéaste Thierry Michel est poursuivi en justice pour « contrefaçon » pour son film « L’Empire du Silence »

En mai dernier, le belge Thierry Michel et la co-autrice/productrice de son dernier film avaient été cités à comparaître à Kinshasa par deux cinéastes congolais qui cherchent à faire interdire la diffusion de ce documentaire en République démocratique du Congo.

Ces deux réalisateurs, Balufu Bakupa Kanyinda et Gilbert Balufu Mbaye, réalisateur et producteur en 2015 du film « Congo, le silence des crimes oubliés », cherchent également à faire condamner Thierry Michel à une peine d’emprisonnement ainsi que la co-auteure et productrice Christine Pireaux.

Ce procès fait suite au dépôt par les deux cinéastes congolais d’une plainte pénale, déposée pour « contrefaçon » et « vol et viol de l’imaginaire congolais » que pratiquerait Thierry Michel depuis trente ans, la période durant laquelle il a consacré une dizaine de films, souvent récompensés, au Zaïre et à la RDC.

« Il s’agit clairement d’une diffamation qui porte atteinte aux Congolais qui ne pourraient pas voir ce film, et à mon intégrité. Nous avons donc déposé une plainte en diffamation au Congo et en Belgique. D’autant que plusieurs personnalités indépendantes et juristes, tant congolais que belges, ont conclu clairement à l’absence totale de contrefaçon,» avaient déclaré en mai, le réalisateur et la productrice.

Et d’ajouter : « Nous ne pouvons bien entendu qu’espérer que le tribunal déclare cette citation pénale, non seulement irrecevable mais téméraire et vexatoire. C’est d’ailleurs dans cet esprit qu’avec mes avocats belge, Me Alexis Deswaef et congolais Peter Ngomo et Firmin Yangambi, nous avons déposé conjointement une plainte pour diffamation devant le procureur du Roi en Belgique et le procureur de la République à Kinshasa » avaient-ils soutenu dans leur communiqué.

Lire aussi RDC: Thierry Michel annonce la projection de « L’Empire du Silence » à Kinshasa, Bukavu, Goma et Kisangani

Pour rappel, c’est la deuxième fois que Thierry Michel et Christine Pireaux sont poursuivis en justice pour un film consacré à la RDC. La première fois ce fut suite au film « L’Affaire Chebeya, un crime d’Etat? » retraçant le procès des assassins, tous des policiers, du célèbre militant congolais des droits de l’Homme Floribert Chebeya Bahizire, en juin 2010.

Bertin Bulonza

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