Intervenons-nous

Des femmes petites commerçantes transfrontalières demandent aux autorités de la RDC et du Burundi de revoir à la baisse le coût du test de dépistage rapide du Covid-19, qui leur est exigé avant toute traversée entre ces deux pays, et entre la RDC et le Rwanda. Selon elles, le coût élevé de ce test ne leur permet pas de bien mener leurs activités économiques.

«L’impact que la variation du coût du test de dépistage rapide de la Covid-19 demeure très négatif sur notre économie. Car le Gouvernement burundais exige 30 dollars américains pour chaque test. Mais nous sommes en réalité obligées de payer environ 40 dollars, notamment 5 du côté congolais à Gatumba. Du côté du Rwanda, avant la traversée, les autorités congolaises de la ville de Goma exigent 40 à 45 USD pour le test Covid-19, alors que ce test revient à 5 dollars au Rwanda voisin,» affirme Armelle Katembera, Coordonnatrice de CCF, une organisation qui lutte pour les droits des femmes petites commerçantes transfrontalières.

Ces femmes commerçantes reconnaissent que la fixation des conditions d’accès sur le territoire de tout Etat relève des domaines de sa souveraineté, surtout dans ce contexte sanitaire fragilisé par la propagation de la pandémie de Covid-19 à l’échelle planétaire.

Mais selon elles, la plupart des restrictions actuellement en vigueur sont à leur préjudice. «Nous avons un capital économique d’investissement atteignant difficilement la barre de cinquante dollars américains l’année. Aujourd’hui obligées, comme tous les autres citoyens plus nantis et riches, de payer ces frais [30 dollars au Burundi ou 45 USD avant d’entrer au Rwanda] à chaque traversée, c’est vraiment difficile,» Germaine Nabintu, petite commerçante de Bukavu.

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De sa part, Neema Barume, petite commerçante burundaise qui traverse tous les jours à la frontière de Gatumba à Uvira, explique que cette baisse devrait prévenir le risque elles femmes de recourir à des réseaux mafieux ou à la clandestinité pour traverser les frontières terrestres et maritimes entre la RDC et le Burundi, dans le but d’échapper au paiement des frais assignés aux tests de dépistage rapide. Cela, selon elle, les expose à des noyades, décès précoces, arrestations et autres dégâts imprévisibles.

«Nous demandons que nos autorités revoient progressivement à la baisse le coût du test de dépistage rapide et de prise en charge de la Covid-19 et porter le plaidoyer pour son harmonisation au niveau des Etats du Marché commun de l’Afrique orientale et australe (COMESA) en vue de rendre standard le document devant constater ou prouver les résultats dudit test de dépistage rapide au niveau de ces Etats,» demande-t-elle.

L’un des objectifs du COMESA, auquel font partie la RDC, le Rwanda et le Burundi, est d’obtenir la libéralisation des échanges et la coopération douanière entre ses 21 pays membres, mais aussi améliorer l’administration des transports et des communications afin de faciliter la circulation des biens, des services et des personnes entre les pays.

Selon la Coordonnatrice de Célébrons le Courage de la Femme (CCF), les autorités des 3 pays devraient permettre provisoirement aux catégories sociales les plus particulièrement vulnérables, notamment aux femmes exerçant le petit commerce transfrontalier entre la RDC et le Burundi, et entre la RDC et le Rwanda, de pouvoir traverser les frontières terrestres et maritimes des 3 pays moyennant le test de dépistage rapide qui coûte le moins cher possible, soit cinq dollars américains, en attendant l’harmonisation espérée au niveau de la sous-région des Grands-Lacs, et de tous les états membres du COMESA.

Covid-19 - Pancarte - Ruzizi 1
Un panneau de sensibilisation sur le danger du Covid-19 à la frontière Ruzizi 1.

Dans une interview nous accordée ce 17 septembre 2021, celle-ci dénonce par ailleurs l‘instabilité du taux de change et la multiplication des taxes sans preuve de paiement, qui figurent parmi les défis majeurs auxquels se heurtent les femmes qui exercent le petit commerce transfrontalier dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu.

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Armelle Katembera constate qu’à la suite de ces contraintes sanitaires et économiques, des grands commerçants grossistes des pays voisins, notamment le Rwanda et le Burundi, viennent revendre en détail des mêmes marchandises en RDC, et au même prix que les femmes petites commerçantes.

«Il s’agit entre autres du taux de dollars qui constitue actuellement un handicap majeur au petit commerce transfrontalier. Nombreux grands commerçants grossistes du Rwanda et du Burundi auprès desquels s’approvisionnent les petites commerçantes Congolaises sont le même qui traversent du côté de la RDC avec les marchandises pour le revendre en détail et presque au même prix que les Congolais. La multiplication des taxes se poursuit et sans presque preuves de paiement ou quittances. Trop peu d’espace sont prévus pour les femmes exerçant le commerce transfrontalier pour l’écoulement de leurs marchandises dans les marchés notamment ceux de la ville de Bukavu et d’Uvira, qui sont très exigus et ce qui cause d’énorme crise de collaboration entre elles et les policiers d’assainissement. Plusieurs cas de tracasseries inadmissibles à l’encontre de ces femmes sont perpétrées par certains agents de l’ordre, notamment de la Police Nationale Congolaise PNC et de la Police Nationale Burundaise PNB,» décrie-t-elle.

La RDC est frontalière avec le Burundi à partir de la province du Sud-Kivu [Uvira-Gatumba], et avec le Rwanda à partir du Sud-Kivu [Bukavu-Kamembe] et du Nord-Kivu [Goma-Gisenyi] notamment. Ces femmes petites commerçantes transfrontalières plaident auprès des autorités de ces pays, de créer un guichet unique de paiement pour diminuer les tracasseries, mais aussi de former les agents sur les droits de cette catégorie des femmes et sur les lois en vigueur, par rapport aux violations des droits des femmes. Elles demandent également la vulgarisation du certificat d’origine simplifié du COMESA auprès des administrations douanières de ces pays, qui leur permet l’exemption des droits de douane sur les marchandises éligibles au Régime Commercial Simplifié (RECOS), en vue d’augmenter la taille de leurs activités dans le cadre du commerce transfrontalier.

 Museza Cikuru

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