Intervenons-nous

Les autorités de la République démocratique du Congo devraient enquêter de manière significative sur la responsabilité du gouvernement dans les meurtres; commis en 2017, des experts des Nations Unies, Michael Sharp et Zaida Catalán, a déclaré Human Rights Watch ce vendredi 12 mars 2021.

Selon cette déclaration, l’administration du président Félix Tshisekedi devrait s’engager à faire en sorte que tous les individus responsables de ces meurtres rendent des comptes et que les normes internationales d’un procès équitable soient respectées.

Quatre ans après le drame, Human Rights Watch  pense que les autorités congolaises n’ont pas démontré qu’elles voulaient vraiement enquêter d’une manière exhaustive sur cette affaire. 

Bien que le pouvoir de l’ancien Président Kabila avait vite imputé cet incident aux miliciens de la Kamxina Nsapu, HRW estime, qu’après plusieurs enquêtes menées par différents chercheurs, la responsabilité de l’Etat congolais serait aussi engagée. L’instruction devrait aller au-delà des exécutants et, s’il y a lieu, orienter l’enquête vers les échelons supérieurs de la chaîne de commandement, a affirmé Human Rights Watch.

« La justice congolaise devrait explorer toutes les pistes afin que toute la vérité soit révélée sur l’assassinat des experts de l’ONU, le sort de leur interprète et de leurs chauffeurs », a déclaré Thomas Fessy, chercheur principal pour la RD Congo chez Human Rights Watch. « D’autres hauts fonctionnaires, notamment ceux dont la responsabilité serait d’avoir planifié et ordonné les meurtres, devraient faire l’objet d’enquêtes. »

Human Rights Watch n’a pas ublié de rappelé au Président Tshisekedi qu’il avait affirmé, lors des réunions avec   des hauts fonctionnaires des Etats-Unis, notamment, qu’il était déterminé à faire en sorte que toute la vérité soit enfin révélée, et que les principaux responsables des meurtres soient tenus de rendre des comptes.

Les hauts fonctionnaires impliqués, actuels et anciens, ne devraient pas s’en tirer sans poursuites

« Les hauts fonctionnaires impliqués, actuels et anciens, ne devraient pas s’en tirer sans poursuites et toute personne qui s’immisce dans la procédure, falsifie des preuves ou menace les prévenus et témoins devrait être dûment sanctionnée » insiste donc HRW.

Le 12 mars 2017, des assaillants ont sommairement exécuté Zaida Catalán, une Suédoise, et Michael Sharp, un citoyen des Etats-Unis, alors qu’ils documentaient, pour le compte du Conseil de sécurité de l’ONU, de graves violations des droits humains perpétrées dans la province du Kasaï-Central.

Les casques bleus de l’ONU ont retrouvé leurs corps deux semaines plus tard près du village de Bunkonde. Leur interprète congolais, Betu Tshintela, est toujours porté disparu, de même que les trois chauffeurs de moto qui les accompagnaient – Isaac Kabuayi, Pascal Nzala et Moïse (nom de famille inconnu). Le procès d’une cinquantaine de prévenus, s’est ouvert en juin 2017 devant un tribunal militaire de Kananga, la capitale provinciale, et une équipe spécialisée de l’ONU, le Mécanisme de suivi, y apporte soutien et conseil.

Des violences liées au contrôle coutumier des chefferies locales ont éclaté dans la région du Kasaï en 2016. Ce conflit était clairement lié à la dynamique politique nationale, l’armée congolaise soutenant l’autorité de personnes considérées comme fidèles au président de l’époque, Joseph Kabila, et à sa coalition politique, et certaines milices armées soutenant des personnes considérées comme plus proches de l’opposition. Ces violences ont causé la mort de centaines de personnes et le déplacement de plus de 200 000 personnes.

Judith Maroy

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