Intervenons-nous

Linsécurité est devenue endémique dans la ville de Bukavu, Chef-lieu de la Province du Sud-Kivu. On tue pratiquement tous les jours sans compter les vols, braquages armés contre des paisibles citoyens et/ ou des opérateurs économiques. Mais pourquoi cette insécurité, quelles sont les causes, comment cela affecte la vie de tous les jours ou encore comment y remédier ? LaPrunelleRDC.info a rencontré le Chef des Travaux Désiré Lugerero, enseignant à l’Université Catholique de Bukavu et à l’Université de Cinquantenaire/Lwiro. (Interview).

LaPrunelleRDC : l’insécurité fait rage dans la ville de Bukavu, entant qu’expert, quelles en seraient les principales causes ?

Désiré Lugerero : Entant que criminologue, je pense qu’on a un grand défi sécuritaire au niveau de la province du Sud-Kivu. Chaque jour vous entendez des assassinats surtout des cambistes, des personnes qui sont filées par les criminels. Il y a plusieurs causes. La première est celle liée à l’obscurité dans la ville de Bukavu. Quand vous parcourez la ville de Bukavu, vous trouvez qu’elle n’est pas éclairée car nous savons que l’obscurité est un facteur criminogène. Les criminels préfèrent opérer dans l’obscurité parce que ça les aident à se dissimuler dans l’ombre.

La deuxième cause est liée aux épaves dans la ville de Bukavu. Vous allez voir des épaves des véhicules, souvent des véhicules qui ne fonctionnent plus. Souvent des criminels se cachent dans ses épaves des voitures pour opérer la nuit. La troisième cause est liée au nombre insuffisant des policiers de l’ordre et ceux qui sont là, sont là pour protéger les bâtiments abritant les bureaux et services publics et certaines autorités de la province. La dernière des causes est le manque du laboratoire spécifique qui permettrait d’identifier les auteurs des actes criminels. Certes que le nombre d’experts n’est pas aussi satisfaisant mais il y a moins des matériels pour lutter contre ce phénomène.

LaPrunelleRDC : cela n’est pas sans conséquence sur le vécu des habitants…

Désiré Lugerero : La première conséquence est que cette insécurité cause la psychose au niveau de la population. Les gens ont peur car on ne sait pas si on reviendra de la maison à chaque sortie. Quand on a peur, on n’est pas épanoui, on est inquiet à tout moment. Donc, cela empêche l’épanouissement collectif et personnel, et ça réduit l’économie de la ville. La deuxième conséquence est la réduction du développement de la province et empêche les investisseurs de faire l’investissement dans cette ville car ils ont peur d’être inquiétés à tout moment. Il y en a plusieurs autres.

LaPrunelleRDC: que faire concrètement pour espérer arrêter cette hémorragie ?

Désiré Lugerero : je suis en train d’écrire un article sur « La Police scientifique et enquêtes criminelles », je pense que cet article qui sortira prochainement est une des solutions pour réduire l’insécurité dans la province.

Deuxièmement, la création d’un laboratoire scientifique et technique. Même si nos autorités ont peur car ces moyens sont très couteux et préfèrent l’interventionnisme. Troisièmement, que la SNEL éclaire la ville de Bukavu et que la Mairie mette des lampadaires solaires pour éclairer la ville car le soleil peut toujours charger ses lampadaires ou imposer à chacun d’installer des lampes à l’extérieur de sa maison. Et enfin, distribuer équitablement la sécurité dans la ville. Qu’on implante à chaque 100 mètres un policier pour dissuader un criminel, il aura peur d’agir quand il verra la police. Mais quand ils sont cantonnés dans des maisons, ils ne peuvent pas sécuriser les gens. Aussi, que le Maire évacue les épaves des véhicules se trouvant dans les rues de la ville ou de demander aux propriétaires de les évacuer.

LaPrunelleRDC : la question des épaves semble être complexe, comment procéder par exemple ?

Désiré Lugerero : Concernant les épaves, la mairie devrait donner un délai de 3 mois aux propriétaires de ces épaves pour les évacuer. Dépassant ce délai, la mairie peut s’approprier ces épaves pour aller peut-être les vendre afin d’avoir les moyens nécessaires pour évacuer d’autres épaves dans la ville et lutter contre l’insécurité.

LaPrunelleRDC : et vous parliez de la question des policiers…

Désiré Lugerero : En ce qui concerne les policiers, le gouvernement devrait déployer à chaque 100 mètre au moins un policier pour dissuader le criminel à opérer, que les policiers cessent d’être des sentinelles, des gardes des autorités mais qu’ils protègent la population. Par exemple, Il y a de fois que des cas d’insécurité se produisent dans un milieu, mais le policier se trouvant en pleine garde dans une maison a peur d’intervenir car n’ayant pas reçu l’ordre de sa hiérarchie. Quand il y a insécurité, les investisseurs ont peur craignant pour leur vie et cette situation donne une mauvaise image de la ville. Parmi les solutions, Le gouvernement devrait octroyer à la police des motos, des voitures afin de les aider à intervenir en cas d’insécurité. La sécurité est la responsabilité de tous mais les dirigeants doivent être en première ligne.

LaPrunelleRDC: monsieur le Chef des Travaux, merci!

Propos recueillis par Abiud Olinde

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Un commentaire

  1. Je pense que cet enseignant n’est branché sur la réalité. Il répond sans avoir fait aucune étude du phénomène de la criminalité. On a impression qu’il confond les facteurs favorisant la criminalité et les causes de la criminalité. Donnez lui les temps d’étudier certains specifiques de ces derniers mois pour qu’il revienne à la raison.

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