Intervenons-nous

Le Docteur Denis Mukwege dit vouloir voir des mesures concrètes être prises pour protéger les droits et les vies des femmes. Il l’a dit ce mardi 8 mars 2022, à l’occasion de de la journée internationale des droits de la femme.

Dans sa déclaration, le Prix Noble de la Paix 2018 a salué le « pouvoir et la force » des femmes et des filles du monde entier, en honorant le rôle qu’elles jouent dans les économies, les communautés et les foyers.

Pour lui, la seule reconnaissance du pouvoir des femmes ne suffit pas aujourd’hui, compte tenu des divers obstacles auxquels elles continuent de faire face.

«Des mesures concrètes doivent être prises pour protéger leurs droits et leurs vies. Les lois discriminatoires doivent être éliminées. L’injustice doit avoir des conséquences tangibles. Et il faut mettre fin aux pratiques néfastes qui perpétuent l’inégalité entre les sexes » a soutenu le Dr Mukwege, insistant sur le fait que la communauté devrait plutôt reconnaître et célébrer le rôle « immense » et « incalculable » des femmes chaque jour, plutôt qu’une seule fois par an, avec des engagements à veiller à ce qu’elles aient un accès équitable à tous les droits et opportunités qu’offre l’humanité commune.

Parlant des progrès dans la promotion des droits des femmes et des filles, le Dr Mukwege a affirmé que les efforts sont jusque-là fragiles, faisant référence aux crises humanitaires les plus récentes en Éthiopie, en Afghanistan et en Ukraine, où selon lui, les femmes et les filles souffrent ou risquent de souffrir de manière disproportionnée.

«Ces conflits ont connu des reculs rapides et généralisés en matière de droits de l’homme qui ont annulé les progrès réalisés dans la protection des droits des femmes » regrette-t-il, paraphrasant  Simone de Beauvoir dans son livre, Le Deuxième Sexe, « N’oubliez jamais qu’une crise politique, économique ou religieuse suffira à remettre en cause les droits des femmes. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilant tout au long de votre vie ».

Mukwege rappelle qu’en République démocratique du Congo, de telles atrocités s’y opèrent depuis plus de deux décennies et demie, et de nouvelles vagues de conflits s’ajoutent à l’insécurité, dégradant davantage le statut des femmes.

«Nous sommes solidaires de toutes les femmes et communautés touchées par ces conflits et exhortons la communauté internationale à réagir avec détermination. Nous espérons que ces appels à la justice ne tomberont pas dans l’oreille d’un sourd et qu’ils seront accueillis par des investissements accrus dans des programmes qui soutiennent la participation des femmes à la politique, à la défense des droits de l’homme et à d’autres moyens de lutter contre les inégalités et la discrimination,» croit Mukwege.

A cette occasion, le Prix Nobel congolais a partagé un extrait de son livre, « Le pouvoir des femmes », qui est un hommage aux femmes « extraordinaires » qui l’ont  inspirée et façonnée, et un hommage à la force de toutes les femmes, individuellement et collectivement.

«Je rêve d’une société dans laquelle nos mères sont reconnues comme les héroïnes qu’elles sont, dans laquelle les filles nées dans notre aile de maternité sont célébrées autant que les garçons, et dans laquelle les femmes grandissent sans craindre la violence. J’espère un monde où les femmes auront les mêmes possibilités d’avancement professionnel, de joie et d’épanouissement personnel que les hommes et où le pouvoir politique sera partagé de manière égale… J’imagine aussi un avenir où l’agression sexuelle sera perçue comme un retour à une époque antérieure et plus brutale. Je crois que tout cela est à la fois souhaitable et possible. Je crois que nous pouvons tous contribuer en tant qu’individus et en tant que collectifs pour y parvenir. Je crois au pouvoir des femmes,» écrit Mukwege dans son livre.

Le Dr Denis Mukwege a clôturé sa déclaration par une note d’espoir. Il espère voir ses rêves pour les droits des femmes devenir celles de toute la communauté internationale. C’est là que, selon lui, la reconnaissance du pouvoir des femmes deviendra universelle.

Bertin Bulonza

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