Le 4 décembre 2025, Washington D.C. a accueilli un tournant diplomatique majeur pour la région des Grands Lacs : la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda ont signé un accord de paix présenté comme un jalon décisif vers la fin de près de trente années de conflits meurtriers à l’Est du Congo. Entériné par les présidents Félix Tshisekedi et Paul Kagame, et soutenu par l’administration américaine de Donald Trump, le texte ambitionne de mettre un terme à un cycle de violences qui a fait des millions de victimes et massivement déplacé les populations.
Négocié sous la médiation de Washington, l’accord repose principalement sur deux engagements clés :
- La neutralisation des FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda), groupe armé d’origine rwandaise présent sur le sol congolais depuis 1994 et considéré par Kigali comme une menace persistante.
- Le retrait des troupes rwandaises du territoire congolais, régulièrement dénoncé par Kinshasa et documenté par plusieurs rapports internationaux.
Pour Donald Trump, la signature marque « une journée exceptionnelle pour l’Afrique et le monde ». Le président américain a mis en avant la centralité de la justice pour les victimes et annoncé des mesures concrètes : cessez-le-feu, désarmement des groupes armés non étatiques, retour des déplacés, et suivi international de la mise en œuvre.
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Au-delà de la sécurité, l’accord inaugure une approche basée sur la coopération économique. Trump a insisté sur la volonté des deux États « d’intégrer davantage leurs économies au lieu de se battre », un effort que Washington promet d’accompagner à travers des programmes d’appui et d’investissements.
Malgré les combats encore actifs dans l’Est du Congo, il se dit convaincu que Kinshasa et Kigali « tiendront leurs engagements » et ouvriront « un avenir brillant » à leurs populations.
Le président rwandais Paul Kagame, tout en saluant un accord « contenant tout ce qu’il faut pour mettre fin à ce conflit », a adopté un ton plus mesuré. Il a rappelé avec force que le succès de cette initiative dépend principalement des dirigeants africains eux-mêmes.
« Si cet accord échoue, la responsabilité n’incombera pas au président Trump, mais à nous-mêmes », a-t-il déclaré, soulignant la nécessité pour les pays de la région d’assumer leur rôle dans la consolidation de la paix.
Conscient des défis à venir, Kagame a évoqué une mise en œuvre marquée par « des hauts et des bas », tout en réaffirmant que le Rwanda reste déterminé à garantir sa sécurité et à poursuivre la voie d’un avenir « prospère et stable ».
L’« Accord de Washington » porte l’ambition claire de refermer un chapitre sanglant de l’histoire régionale. Mais sa réussite dépendra de sa traduction concrète sur le sol congolais. Or, au même moment où les signatures étaient apposées à Washington, les combats se poursuivaient au Nord-Kivu et au Sud-Kivu entre les FARDC, les Wazalendo et les rebelles du M23 appuyés par le Rwanda, selon Kinshasa.
Cette persistance des hostilités — et les violations des droits humains qui s’ensuivent — constitue un test majeur pour la crédibilité de l’accord.
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L’appel de Donald Trump à « laisser régner l’harmonie » place désormais les deux chefs d’État devant une responsabilité historique. Pour que cet accord ne devienne pas un énième document diplomatique resté lettre morte, mais plutôt le point de départ d’une véritable ère de stabilisation, la confiance, la coopération sincère et la volonté politique seront indispensables.
L’avenir dira si Washington aura été le théâtre d’un tournant durable ou d’une parenthèse de plus dans un conflit qui n’a que trop duré.

