« Des cloches sonnent dans les cœurs, des mélodies inondent les coins et recoins du Pays. C’est la liesse et la louange au Dieu qui délivre. On dirait un jour de résurrection ou du retour de l’exilé. De quatre vents ont jubilé : le fils d’Alphonsine et Constantin désormais parmi les siens, quelle allégresse ! Vital Kamerhe acquitté !
Cet événement qui scelle un destin politique particulier et couronne une carrière d’un homme d’État, rallume bien d’espérances et inaugure une ère nouvelle pour le renouveau. Nous imaginons difficilement la joie qui arrose le cœur d’Alphonsine Nemberwa ; la mère de douleur, qui a vu supplicier son fils, événement inédit que les médias avaient bien relayé.
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Nous pensons aussi à la joie de Constantin Kamerhe le Père qui, du Ciel où il vit dans la lumière de son Créateur, a partagé l’immense clameur à la justice pour le rejeton de son jardin. Il résonne en eux l’Évangile de la Visitation, occasion d’entrer dans le mystère de ce que Dieu veut de nous aujourd’hui : rendre grâce. Alphonsine et Constantin entonnent :
« Mon âme exalte le Seigneur : Exulte mon esprit en Dieu mon Sauveur. Il s’est penché sur son humble servante ; désormais tous les âges me diront bienheureuse. Le Puissant fit pour moi merveilles : Saint est son nom » (Lc 1, 46-49).
En effet, ces mots de la Mère de Jésus quand elle rend grâce et dévoile les confidences sur son état d’esprit sont aussi ceux des parents, de la famille, des amis de Vital Kamerhe et d’une grande partie du peuple congolais au jour de l’acquittement du toujours allié du Président congolais, Félix Antoine Tshisekedi.
Pour sûr, l’heure n’est ni au triomphalisme, ni à l’exaltation des mérites des uns et à l’exposition des fragilités des autres. Il n’y a ni gagnant ni perdant. C’est la justice divine qui a triomphé sur les combines malsaines humaines. C’est la R.D. Congo qui gagne quand elle refuse à la face du monde d’être la mère chétive et exécrable, risée de ses moqueurs impénitents, souvent manipulateurs et instigateurs au mal.
Voilà pourquoi, l’heure est à l’humble reconnaissance qu’il y a un Dieu vivant qui est Amour, juste et qui combat pour nous. Rien d’humain, aucun instant de notre vie n’échappe à son regard. Pour lui, il n’y a pas d’exclus. De cet Amour de Dieu sans bornes parlait obstinément Kamerhe du haut de la barre en ces termes : « Quand les juges ici, humains, s’écartent de la justice, la vraie, Dieu rétablit toujours l’innocent dans ses droits ».
Ces paroles lâchées hier dans la douleur se comprennent mieux aujourd’hui.
Seul la louange aurait un sens et serait l’unique réponse convaincante à l’Amour de Dieu pour Kamerhe. Le Dieu Juste et Amour (longtemps resté accroupi aux pieds de l’homme dont plusieurs avaient prophétisé l’anéantissement politique), nous dit qu’il agit en son temps, qu’il n’est jamais en retard mais que c’est nous les humains qui, impatients, ne comprenons pas son langage. Le Dieu qui tira Lazare de son tombeau nous tire toujours de nos tourments et de nos misères. Comme Lazare, ce Dieu-Amour appelle Vital à la vie.
Comment comprendre, dès lors, le destin singulier du faiseur des Rois et Pacificateur jusqu’au bout ? Certains ont souvent ironisé qu’à l’homme politique très populaire par le procès qui le grava aux cœurs des Congolais manquait cette expérience de la prison. A n’en pas douter, Dieu l’y a façonné et réarmé pour servir avec la même détermination son peuple pour le bien duquel il a souvent risqué au delà de ses forces ; ce peuple dont il a toujours rêvé la grandeur, le développement et la dignité dans le concert des nations.
L’exultation serait aussi celle du « prophète » qu’on ne tint pas au sérieux lorsqu’il déclara du haut d’une tribune à Goma : » Vital Kamerhe est mon frère…C’est quelqu’un de correct, de sérieux… et je suis convaincu qu’il jouera à nouveau un grand rôle dans ce Pays ».
Puisse le faisceau lumineux de l’histoire politique de la RDC, qui s’ouvre par cet acquittement du compagnon du Président Félix, conduire au renouveau que Dieu opère dans la justice congolaise. Que s’en suive un changement de coeur. Qu’en s’orientant résolument vers l’élévation de notre Nation par l’État de droit qu’elle a servi, la justice congolaise aille jusqu’à ouvrir partout les portes qu’elle avait fermées.
Prions pour Vital Kamerhe, sa famille biologique et politique, que cette expérience humiliante de la prison le fasse grandir dans l’amour et le service du Seigneur qui, » déployant la force de son bras, il a dispersé les superbes ; il renverse les puissants de leur trône, il élève les humbles ».
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Apprenons des événements de cette vie fugace que nul ne peut dire avec précision la ligne que prendra l’histoire. Réalisons aussi qu’un arbre cassé n’est pas un bois mort et que tant que Dieu n’a pas fermé les rideaux, point de place au désespoir, puisque ses grâces peuvent entrer en brisant les vitres. Aussi, son Christ glorifié a-t-il d’abord été un Messie humilié, au visage défiguré, sans beauté ni éclat, presque semblable à celui des lépreux qu’il avait purifiés.
Acquitté, Vital Kamerhe tendrement appelé le « Mwalimu », l’enseignant, devient mieux une école d’hommes d’État, un symbole de loyauté et de fidélité aux idéaux. Il nous apprend la patience du Cultivateur et de la mère qui attend naissance ! Les générations montantes ont vu et entendu. Les étapes du procès de 100 jours, les paroles lâchées du haut de la barre, d’autres leçons offertes lors de grandes assises où se négocient la paix et le développement des pays où il a assisté, font de l’aigle de Bulwi un héritage vivant accumulé pour l’avenir.
Cher Vital enfin, j’aime quand tu comprends que l’homme est fragile et inconstant et quand tu libère le pardon qui recrée la vie et alimente l’espérance !
J’aime quand tu refuse d’enfermer tes semblables dans leur passé sombre où ils broient l’amertume de la faute, de la méchanceté ou de l’erreur.
En effet, tu crois en Dieu, tu crois aussi en l’homme capable de tomber et de se relever. Tu l’as si bien exprimé du haut de la barre devant ceux qui déversaient sur toi un fleuve d’accusations mensongères au seul but de te nuire : » Je ne suis pas choqué, du tout, je ne suis pas non plus surpris … ». C’est une chance pour la vie, savoir qu’en l’homme il y a du tout. Après la prison, il y a la vie à mener, un idéal à poursuivre, des convictions profondes à cultiver, des valeurs à défendre, un rêve à réaliser et un peuple à servir. C’est la mission que Dieu te donne.
Je ne saurais finir ma considération sans brandir cette glace où tu te mirais durant ton calvaire : » Ma vie, c’est Dieu qui me l’a donnée… Dieu est Amour» ! C’est le Psaume 103(102) que tu évoque là, mon frère, et je souhaite que tu en fasses ton hymne au lever comme au coucher :
» Bénis Yahvé, mon âme,…n’oublie aucun de ses bienfaits…Lui qui…rachète à la fosse ta vie, qui te couronne d’amour et de tendresse ; qui rassasie de biens tes années , et comme l’aigle se renouvelle ta jeunesse.
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Yahvé qui fait œuvre de justice et fait droit à tous les opprimés…Bénis Yahvé, mon âme » (Cfr.Ps 103,1-22).
Effectivement, cher Vital Kamerhe, face à la surabondance d’amour de notre Dieu qui a exagéré en t’aimant, nul merci de toi ne suffira, tout restera dette. Bénis la puissance de ce Dieu qui te fait justice et miséricorde. Bénis- le pour cette présence discrète et bénéfique à tes cotés, de la femme entrée providentiellement dans l’histoire du Bushi pour veiller sur le petit grain à l’étape de sa croissance politique, quand il est façonné par l’épreuve qualifiante.
J’évoque là Maman Hamida Kamerhe Chatur, prisonnière avec toi ; elle qui, fidèlement et dans la constance d’un amour sans cesse renouvelé, a su t’aider à ne céder à aucun sentiment contraire à l’amour de Dieu et du prochain, ni à renoncer à l’idéal patriotique, conservant bien frais tes rêves éternels d’un Congo, locomotive de toute l’Afrique subsaharienne, où l’homme peut vivre un petit bonheur.
Ah, comme les jours s’en vont ! Comme les efforts des moissonneurs pourraient paraitre vains ! Attention enfin aux pièges du démon du matin et du soir. Il sait toujours profiter de nos manques, de nos échecs et de nos humiliations, de notre faim aussi pour nous proposer des solutions faciles et éphémères ; c’est- à -dire de la pierre pour du pain… Il pourrait profiter de nos regrets, de nos souvenirs douloureux et de nos espérances noyées pour nous convaincre qu’il n’est point de Dieu Amour. Ta vie est pleine de traces de Dieu, rends-en grâce et restes- en reconnaissant !
Allez méditer et comprenez ce que veut dire cette anecdote de l’homme au sac de sel et du bandit au canon :
On raconte que deux hommes priaient, chacun dans son coin, l’un indépendamment de l’autre.
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D’un côté celui qui transportait du sel dans un sac perméable, demandait au Seigneur qu’il ne pleuve pas pendant son voyage. Et de l’autre coté, un bandit avec son canon priait pour qu’il ne pleuve pas afin qu’il trouve quelqu’un à terroriser.
Et bien, il a plu et le transporteur de sel était fâché contre Dieu, car son sel commençait à s’abîmer. Aussitôt il aperçut un bandit armé qui voulut lui arracher et le sac de sel et la vie sur le chemin. Dieu merci, il avait plu et son canon était déjà refroidi qu’il ne pouvait plus sortir une balle.
Constatant l’incapacité de l’homme au canon à sortir une balle malgré la force et la soif de nuire, l’homme au sac de sel mouillé se mit à remercier Dieu d’avoir fait tomber la pluie qui a refroidi le canon. Sinon il mourait des balles sorties du canon du bandit…Ah, cette vie, cette grande école de sagesse pratique !
Bon vent donc, cher frère Vital Kamerhe, partout où le devoir patriotique et la noblesse républicaine te voudront. Tu as toujours rêvé un Congo respecté et prospère, que Dieu t’en fasse un serviteur dévoué et loyal. Et puisque la porte de la maison est ouverte pour t’accueillir, n’y entre pas le cœur gros, broyé par les sentiments divers. » Offre le pardon, reçois la paix », te dirait bien le saint Père Jean-Paul II.
Paix et bénédiction, bonheur et du courage !
Abbé Kabazane Nsibula Jean-Baptiste »