Le 30 août 2024 marque le premier anniversaire du massacre de Ndosho, au cours duquel plus de 50 civils, principalement des membres de l’église La Foi Naturelle Judaïque Messianique vers les Nations (FNJMN), connus sous le nom de « Wazalendo », ont été tués. L’incident s’est produit dans le quartier Ndosho, à l’ouest de Goma, Province du Nord-Kivu (RDC) alors que les fidèles se préparaient pour une manifestation visant à demander le retrait des forces de l’EAC et de la MONUSCO.
Ce jour-là, les forces de l’ordre ont recouru à une force excessive pour empêcher la manifestation, entraînant la mort de nombreux civils, y compris des femmes et des enfants. La radio a été réduite au silence et vandalisée, et l’église a été incendiée.
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Un an après ces événements tragiques, les cicatrices demeurent visibles sur les visages et dans les cœurs des survivants. Le jeudi 29 août, une veillée a été organisée à leur nouvelle église, désormais située à Kiziba, en territoire de Nyiragongo, en préparation de la commémoration des massacres prévue pour le 30 août.
Le nouveau responsable de l’église, Monsieur Bwinja Amini, a révélé que plus de 100 membres de la communauté ont été abattus, un bilan bien plus lourd que les 50 personnes annoncées par le gouvernement congolais. Une soixantaine d’autres restent incarcérés. Monsieur Amini a souligné que la justice n’a pas encore été rendue et que les victimes ont été « injustement » arrêtées.
« Nous avons été jugés arbitrairement, sans considération pour les faits réels. Cependant, nous espérons que la justice sera rendue à la cour militaire du Nord-Kivu où nous avons interjeté appel. Le déroulement du procès nous donne espoir, malgré les retards », a-t-il déclaré.
Il a également insisté sur la nécessité d’une réparation pour les victimes, en raison des préjudices subis.
Les victimes réclament justice et réparation
Pour Madame Uwase Bikanaba, désormais responsable de sa famille après le décès de son père, le procès mené par l’État congolais était biaisé.
« J’étais assise à côté de mon père, je l’ai vu tomber, et j’ai pris la fuite. Sa disparition a laissé des cicatrices profondes en moi. Je trouve du réconfort auprès des autres membres de l’église, c’est ma raison d’être ici », explique-t-elle.
Elle estime qu’il est crucial de garantir l’égalité des droits pour tous les citoyens.
Une autre victime déplore la « légèreté » avec laquelle la justice congolaise a traité l’affaire et appelle à une réforme du système judiciaire.
« Cette tragédie a laissé des plaies dans nos cœurs. Les forces de sécurité ont tiré sur des civils non armés avant même que la manifestation ne commence. Le gouvernement a minimisé la situation en cachant la vérité. Cela nous révolte profondément », affirme le jeune Mwenze Mwanamarundi.
« Un an plus tard, les autorités congolaises ont poursuivi plusieurs personnes pour le massacre de 2023 à Goma, mais les enquêtes ont été très limitées et aucune indemnisation n’a été versée aux victimes. Il est essentiel de déterminer les responsabilités et de punir adéquatement les coupables pour éviter de tels abus à l’avenir. Nous n’oublierons jamais ! » déplore Josué Wallay, activiste de la LUCHA, un mouvement citoyen actif au Nord-Kivu.
Il convient de rappeler qu’en date du 9 octobre 2023, la cour militaire du Nord-Kivu avait condamné à mort le pasteur Ephraïm Bisimwa, leader de l’église, et 63 autres personnes à des peines de 10 à 20 ans de prison. 52 autres personnes ont été acquittées après la présentation de la défense par les avocats de l’église Wazalendo. Ephraïm Bisimwa et ses disciples ont été condamnés pour « participation à un mouvement insurrectionnel, association de malfaiteurs et meurtre ».
Freddy Ruvunangiza, depuis Goma