Intervenons-nous

Le 31 mai dernier, la RDC a pris des mesures contre le Rwanda, pour son soutien présumé aux rebelles du M23. De la mise en garde à la suspension des vols de la compagnie Rwandair, ou même l’interpellation de l’Ambassadeur rwandais, Kinshasa a haussé le ton face à ce pays voisin, qu’il accuse d’être derrière ce désormais « mouvement terroriste », qui a maintes fois attaqué les forces armées congolaises au Nord-Kivu, depuis mars dernier. Dans cette tribune que vous propose Laprunellerdc.info, Blaise Pascal Zirimwabagabo Migabo, Représentant de la NDSCI en Europe, dit saluer ces mesures qui sont toutefois, selon lui, insuffisantes.

BRAVO POUR LES MESURES CONTRE LE RWANDA, MAIS…

Le gouvernement congolais vient de faire un pas significatif en suspendant les vols Rwandair et en excluant les M23 du processus de Nairobi. Dans les cas où ces mesures venaient d’être appliquées (il faut vérifier et suivre de très près), alors ça sera une avancée significative dans la posture timorée que Kinshasa a toujours affichée vis-à-vis de l’attitude belliqueuse de Kigali.

Malgré ces apparences encourageantes de Kinshasa, il y a un MAIS. Car disons-nous la vérité : ces mesures resteront INSUFFISANTES si et seulement si :

– la question centrale de l’infiltration rwandaise des FARDC et de l’Administration publique congolaise n’est pas résolue. Autrement dit c’est prétendre soigner une maladie profonde (infiltration de l’armée et du pouvoir) en se limitant sur les simples symptômes extérieurs de la maladie (vol rwandair et convocation de l’ambassadeur). Les services spéciaux détiennent la liste de ces infiltrés, bon sang mais qu’attend le décideur politique pour prendre ses responsabilités ?

– La suspension des vols devant être accompagnée des mesures de neutralisation des agents infiltrés. Car en effet à quoi servirait la suspension des vols Rwandair si les nombreux « agents » que cette société a postés dans nos aéroports continuent leur sale besogne ? Quelle est la mesure du gouvernement pour neutraliser ces agents qui ont pris le contrôle de nos aéroports et de nos frontières internationales ???

– La prise de conscience que le processus de Nairobi est un mécanisme piégé dans lequel les M23 sont loin d’être le seul danger contre la sécurité en RDC. L’historique de tous ces groupes armés qui écument à l’Est du Congo démontre qu’ils sont pour la plupart commandités par ces pays voisins, notamment le Rwanda et l’Ouganda. Exclure les seuls M23 ne résoudra point la question sécuritaire en RDC. Au contraire cette solution partielle permettra aux ennemis du Congo de continuer par d’autres groupes armés à contraindre le gouvernement congolais à négocier avec les autres. Ce qui revient à encourager « la stratégie talk and fight » des pays ennemis.

Ceci dit, pour lutter contre l’hydre, couper une de ses nombreuses têtes ne suffit point. La seule solution efficace c’est de planter le glaive dans le cœur du monstre en vue de l’asphyxier et de le mettre hors d’état de nuire.

– Enfin pour conclure, la mise en garde gouvernementale contre le Rwanda est une mesure trop insuffisante face à un ennemi obstiné depuis 25 ans à nous nuire.  L’on ne met en garde que quelqu’un qui peut écouter l’avertissement pour s’amender. Le Rwanda est dans l’unique logique de confrontation et de guerre contre la RDC depuis deux décennies. L’arme diplomatique a démontré ses grandes limites. Kinshasa doit considérer Kigali comme ce dernier le prend, c’est-à-dire son coriace ENNEMI. Au lieu de mettre son ennemi en garde, le grand Zaïre doit montrer ses muscles en excluant l’ambassadeur rwandais, en annulant tous les accords militaires et économiques avec ces pays belligérants et en coupant carrément le pont avec tous les pays commanditaires des groupes armés. Sans omettre de suspendre jusqu’au retour définitif de la paix, la participation du Congo-Kinshasa à leurs organisations sous-régionales.

Blaise Pascal Zirimwabagabo Migabo

Représentant de la NDSCI en Europe

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