Intervenons-nous

La situation à la chefferie de Nindja, dans la province du Sud-Kivu, suscite de vives inquiétudes et interrogations parmi des habitants. Malgré les efforts de plusieurs acteurs, l’installation de Marcel Munganga Chihugo-Cha-Naninja XIII Maheshe II comme Mwami de la chefferie reste bloquée, et les raisons de ce retard soulèvent des débats.

Kinshasa, par le biais du vice-ministre des Affaires coutumières, a affirmé avoir rempli toutes ses obligations pour faciliter cette installation. Lors d’une récente rencontre à Bukavu, le vice-ministre a exprimé son incompréhension face aux lenteurs dans la province, qualifiant cette situation de « honte » pour le Sud-Kivu. Pourtant, malgré les nombreuses démarches entreprises par des délégations auprès du Gouverneur, aucune avancée n’a été constatée.

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Le Bureau de Coordination de la Société civile du Sud-Kivu avait également plaidé pour une intervention rapide du Gouverneur, mais jusqu’à présent, le silence persiste.

Des rumeurs circulent, insinuant que certaines personnalités, dont le Président de l’Assemblée provinciale, auraient conseillé au Gouverneur de retarder cette installation. Quelles motivations se cachent derrière cette opposition, et quel intérêt aurait l’Assemblée provinciale ou le parti politique du Président à maintenir ce statu quo ?

Le Parlement des Jeunes du Sud-Kivu, dans une lettre adressée au Gouverneur, a rappelé que le Mwami Marcel avait remporté plusieurs procès, dont un dernier devant le Conseil d’État, lui reconnaissant le droit de régner.

Pour ce Parlement des Jeunes, l’ « usurpation » de pouvoir par son frère, Freddy Bataona, a conduit à une instabilité persistante qui a coûté la vie à plusieurs habitants de Nindja et contraint de nombreux autres à l’exil.

Pour cette structure, il est choquant de constater qu’après plus de dix ans de conflit, la Chefferie de Nindja reste sans chef reconnu. Le dernier arrêté ministériel, daté du 25 novembre 2021, a pourtant clairement désigné Marcel Munganga comme le Mwami légitime. Malgré cela, l’absence de notification de l’autorité provinciale empêche son retour.

« Il y a donc aujourd’hui 11 ans, jour pour jour, que cette situation sème terreur et désolation au sein de la population de Nindja, qui a vu ses habitants forcés à l’exil, tandis que d’autres ont été tués, soit par balles, soit par armes blanches, pour s’être opposés au règne d’un usurpateur s’appelant abusivement ‘Mwami’ et soutenu par vos prédécesseurs pour des intérêts probablement politiques et électoralistes. Plusieurs lettres et correspondances ont été signées par la vice-primature à l’Intérieur en faveur de sa Majesté Mwami Marcel Munganga Chihugo-Cha-Nanindja XIII Maheshe II, mais ont été ignorées par des dirigeants malintentionnés en province, laissant ainsi la chefferie de Nindja sans chef reconnu tant sur le plan coutumier que légal », déclare le Parlement des Jeunes.

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Pour l’instant, plusieurs jeunes de Nindja se sentent trahis par le manque d’action des autorités, et l’appel à la justice et à la légitimité se fait de plus en plus pressant.

Dans un contexte où la paix et la stabilité sont essentielles pour le développement de la région, des habitants de Nindja attendent des actions concrètes de la part du Gouverneur et des institutions concernées.

Les espoirs d’une résolution pacifique reposent désormais sur la volonté politique des dirigeants et sur leur capacité à gérer des situations conflictuelles et de respect des textes et décisions judiciaires.

Jean-Luc M.

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