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Quatre (4) nouveaux décès viennent d’être enregistrés en quelques heures dans la Prison Centrale de Bukavu, Chef-lieu du Sud-Kivu. C’est l’organisation Partenariat pour la Protection Intégrée (PPI) qui dénonce dans une note parvenue à La Prunelle RDC. Les autorités évoquent des cas « de maladie des suites d’une intoxication » alors que PPI n’exclut pas la torture, notamment.

Selon l’organisation de défense des droits de l’homme, deux détenus sont morts samedi et deux autres dimanche au « quartier spécial ». « Des morts de trop », dénonce PPI.

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Mort d’intoxication ?

Le Gouvernement provincial annonce que les détenus sont tous des prévenus. Le Secrétaire Exécutif Provincial du Gouvernement provincial évoque une « intoxication ».

« Son Excellence Monsieur le Gouverneur de Province, Jean-Jacques Purusi Sadiki vient d’apprendre avec amertume le décès de quatre prévenus gardés à la Prison Centrale de Bukavu et des cas de maladie des suites d’une intoxication. Il adresse ses condoléances les plus attristées aux Familles éprouvées et compatit avec tous les malades », dit un communiqué consulté par La Prunelle RDC.

En outre, l’autorité provinciale saisit cette occasion pour instruire les Autorités Pénitentiaires « de prendre les mesures idoines pour sauver les victimes encore en vie ».

« L’Autorité Provinciale rassure qu’une enquête urgente sera menée pour dénicher les auteurs de cette intoxication afin qu’ils subissent la rigueur de la Loi », dit Charles Buhendwa Mudahama.

 

L’éternelle loi du « Capita » et la torture

Le « Quartier Spécial » se trouvant dans la Prison Centrale de Bukavu et dans lequel ces détenus sont morts est plus ou moins sécurisé où, avant d’y accéder, le détenu doit obligatoirement payer entre 300 et 500 dollars américains de droit d’entrée, 100 dollars de restauration et 10 dollars de la cellule, en plus du matelas, du sceau, de la chaise en plastique, de l’alimentation journalière du « capita ».

« De plus, PPI dénonce la torture et autres traitements cruels, inhumains et dégradants dont sont victimes nombreux détenus à la cour centrale de la prison centrale de Bukavu. Cette cour où les prisonniers « faibles » et les nouveaux venus sont la proie des prisonniers plus forts qui y font la loi ».

Des investigations menées par PPI renseignent curieusement que ces faits sont l’œuvre d’un certain Jean-Claude Murhandikire, l’un des assassins de la religieuse Clara Kahambu abattue à son bureau à la paroisse de Mater Dei, dans la ville de Bukavu, le 29 novembre 2026.

« Condamné à perpétuité le 2 décembre 2016, par le Tribunal de Grande Instance de Bukavu en procédure de flagrance, Murhandikire est détenu à la prison centrale de Bukavu où il est devenu << Capita »>, ce qui veut dire « Chef des prisonniers », soumettant ses codétenus à la torture et à des actes cruels, inhumains et dégradants pour des fins pécuniaires. Des actes qui ont été à la base d’autres cas de décès imputés à la «  famine » dans cette prison au cœur du chef-lieu de la province du Sud-Kivu », indique l’organisation.

PPI indique que les détenus qui ne parviennent pas à totaliser la somme d’argent exigée par Jean-Claude Murhandikire, se voient châtiés. Ils sont fouettés ou contraints de toucher (mains-nues) des excréments humains entassés dans des sceaux. Le châtiment comprend également la privation de la nourriture, l’entassement en surnombre dans une petite cellule sans aération et sans lumière ou encore dormir sur le pavement, torse nu, en dessous des lits d’autres détenus et bien d’autres formes ! 

« Au regard de multiples cris d’alarme, PPI se lève, une fois de plus, et demande le transfèrement de ce Capita Général vers d’autres prisons sous haute surveillance dans d’autres provinces du pays afin d’épargner ceux de la prison centrale de Bukavu de la souffrance longtemps endurée », recommande l’organisation.  

Partenariat pour la Protection Intégrée (PPI) réitère enfin sa demande de suppression totale du système « Capita Général » (CG) dans les prisons de la RDC et demande au Gouvernement en général et au nouveau Ministre de la justice en particulier de bien vouloir mettre en place une unité spécialisée de la police chargée de la protection des prisonniers tant en dehors qu’à l’intérieur.

Suzanne Baleke 

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