Intervenons-nous

Le Gouverneur de la province du Sud-Kivu, Théo Ngwabidje Kasi a rencontré plusieurs chefs religieux, les dernières 72 heures. Une véritable « opération séduction » alors qu’il est acculé par une méfiance totale à l’Assemblée Provinciale et un rejet de la puissante Société Civile du Sud-Kivu.

Opération séduction, en effet car il n’a pas attendu qu’ils viennent chez-lui. Il s’est déplacé seul pour les rencontrer. Celui-ci est revenu il y a peu en Province et les actions se multiplient pour exiger sa démission. Il venait d’être réhabilité par la Cour Constitutionnelle après la destitution de son Gouvernement par l’Assemblée provinciale. 

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Le jeudi 17 mars, le Gouverneur Ngwabidje a rencontré le puissant Archevêque de Bukavu, François-Xavier Maroy.

L’autorité provinciale a déjà sa formule pour la cohésion sociale et le développement : Il a initié des « consultations » pour sortir le Sud-Kivu de la crise. Une crise liée en partie à sa gouvernance fortement décriée par les acteurs sociaux.

« C’est seulement dans la cohésion, l’unité et l’amour du prochain que nous pourrons bâtir une nation forte, une Province où règnent la paix, la sécurité et le développement, ainsi j’appelle les enfants du Sud-Kivu à mettre de côté les guéguerres et conflits pour le bien de notre Province », a dit l’archevêque, cité par la Cellule de Communication de Ngwabidje.

Ce vendredi 18 mars, l’homme fort de Nyamoma a encore une fois pris son bâton de pèlerin pour rencontrer d’autres chefs religieux.  C’est notamment les Musulmans et les Protestants.

Théo Ngwabidje a tour à tour été reçu par le responsable de l’Eglise 5ème CELPA Filadelfia, le Pasteur Bujiriri en sa résidence familiale, puis le Représentant de la Communauté Islamique, Imam Cheik Saleh Radjabu à la mosquée de Kadutu avant d’échanger avec le Président de l’Eglise du Christ au Congo (ECC), le Professeur Lévi Ngangura , à son bureau situé dans la commune d’ibanda en face de la Regideso.

Selon toujours les communicateurs du gouvernorat, à leur tour les responsables de l’Eglise du Christ au Congo, des Eglises de réveil et de la Communauté Islamique, ont appelé les fils et filles du Sud-Kivu à mettre fin aux « querelles » en privilégiant l’unité, la paix et la cohésion sociale pour le développement de la province tel que voulu par le Gouverneur, lit-on dans le compte rendu.

Les enjeux

Théo Ngwabidje est bien conscient de la situation plutôt tendue en Province à la suite notamment de sa réhabilitation. Fortement contesté par la Société Civile – Forces vives du Sud-Kivu, cet enfant chéri du Professeur Bahati Lukwebo tente de jouer le jeu. Nombreux analystes rappellent que c’est dans ses habitudes à chaque fois que « son pouvoir est menacé ».

Aussi, les confessions religieuses font partie intégrante de la Société Civile du Sud-Kivu, où elles sont représentées formellement à travers une composante. Les discussions pourraient également viser à négocier une certaine « largesse » de l’actuelle Coordination de la Société Civile qui consulte régulièrement les chefs religieux.

Ces rencontres pourraient donc aider le Chef de l’Exécutif Provincial à gagner du temps alors que la pression est quasi-permanente depuis son retour de Kinshasa. La Société Civile qui a saisi le Chef de l’Etat menace de décréter la « désobéissance fiscale » si elle n’obtient pas sa démission. Une désobéissance fiscale ferait certainement mal à son pouvoir dans une province où les autorités peinent à renflouer les caisses de l’Etat.

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Déjà, son pouvoir a réussi à s’allier à quelques acteurs sociaux pour fragiliser l’action visant son départ notamment pour mauvaise gestion.

D’autres discussions informelles ont commencé avec certains acteurs de la Société Civile pour négocier un « cessez le feu ». Des menaces sont également mises à contribution.

Les Chefs religieux peuvent-ils permettre au Gouverneur de « respirer » ? Acceptent-ils de cautionner les actions de mauvaise gouvernance décriées par des rapports parlementaires et des organisations citoyennes ? Pour l’instant, ce n’est qu’une première étape en attendant la suite des consultations.

Jean-Luc M.
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