La corruption et le trafic d’influence demeurent des facteurs qui concourent à la faible mobilisation des recettes de l’état dans le secteur minier en République Démocratique du Congo. C’est ce qu’ont décrié les participants au Forum Provincial sur la corruption dans le secteur minier, organisé à Bukavu, chef-lieu du Sud-Kivu ce vendredi 11 mars 2022, par l’organisation Justice Pour Tous (JPT).
Ce forum qui a rassemblé les experts de la Société Civile, de l’administration publique, des députés provinciaux, acteurs du secteur privé ainsi que des experts de l’Observatoire de Surveillance et de l’Ethique Professionnelle, visait à analyser et identifier les risques de corruption, leur probabilité et leur impact dans le secteur minier.
Pendant les échanges, les participants ont, ensemble avec des experts, analysé les engagements internationaux ratifiés par la RDC, le cadre institutionnel et légal et leur impact dans la mobilisation des recettes dans le secteur minier, avec un accent particulier sur les stratégies de lutte contre la corruption dans ce secteur.
Les participants ont démontré qu’au Sud-Kivu, il y a des statistiques qui prouvent la faible production et le faible niveau de contribution du secteur minier dans le budget. Pour eux, la corruption, l’impunité et le trafic d’influence dans ce secteur, impactent sur le rendement des mines en faveur de l’état.
«Nous avons senti qu’il y avait beaucoup des problèmes dans le secteur minier. Quand vous regardez les statistiques de production elles sont faibles. Cela nous a poussé à réfléchir sur comment identifier les causes, comment analyser l’impact ou la probabilité et comment en dégager les stratégies de reddition parce qu’on ne sait pas atteindre une corruption zéro. Dans le secteur minier il y vraiment assez des problèmes. Nous avons essayé d’analyser à quel niveau il faut agir. Pour certains, il faut commencer par la prévention et pour d’autres, il faut agir au niveau de la répression. Nous comme acteurs de la Société Civile on a trouvé qu’il faut commencer bien évidemment par la répression. Dans la salle on a trouvé qu’il y avait la corruption, l’impunité et le trafic d’influence dans ce secteur. Lorsqu’on arrête un opérateur minier il y a Kinshasa qui intervient pour étouffer les actions de la province. Nous voulons que cela change et pour y arriver il y a la conscientisation des acteurs pour que des telles pratiques cessent,» a déclaré entendre Raoul Kitungano, Coordonnateur de Justice Pour Tous.
Après avoir pris connaissance des méfaits de la corruption et les mécanismes de lutte contre ce fléau, les acteurs participant aux assises ont convenu qu’il faut travailler beaucoup plus sur la conscientisation des uns et des autres pour lutter efficacement contre la corruption dans le secteur minier au Sud-Kivu. Ils ont ensuite élaboré une feuille de route sur la lutte contre la corruption dans ce secteur.
Justice Pour Tous indique qu’elle compte mener d’autres activités, toujours dans le cadre de lutte contre la fraude et la corruption dans le secteur minier au Sud-Kivu.
Il sied de rappeler qu’en RDC, la fraude minière reste un défi majeur, au vu de la multitude des ressources naturelles que regorge le pays. Plusieurs rapports des organisations nationales et internationales illustrent la longue traduction de gestion abusive des ressources naturelles en RDC.
Ces organisations ont plusieurs fois démontré que les grandes richesses en RDC étaient dès l’origine exploitées au profit commercial d’un petit nombre d’entreprises, et d’acteurs politiques, au détriment de la majorité de la population qui malheureusement subit les impacts négatifs et croupit dans la misère. Les rapports de ces organisations dénoncent également la corruption généralisée à travers le manque de transparence lors des négociations des contrats miniers.
C’est dans ce cadre que l’ONG Justice Pour Tous, avec l’appui financier du Fonds des Nations Unies pour la Démocratie (FNUD), a tenu ce forum provincial en vue d’analyser avec différents acteurs, les risques de la corruption et les stratégies pouvant permettre de réduire, voire mettre fin à ce fléau dans le secteur minier.
Bertin Bulonza