Gouverneur élu du Sud-Kivu depuis quelques mois, Jean Jacques Purusi Sadiki vient d’avoir son premier baptême de feu. Les principaux partis de l’Union Sacrée au Sud-Kivu sont en colère contre lui après ses récentes nominations au sein de son cabinet et dans plusieurs services en province.
Le voile est levé, le mythe est brisé. Jean Jacques Purusi, l’ambitieux Gouverneur du Sud-Kivu est fortement contesté depuis quelques heures. Problème ? Ses récentes nominations dans le cabinet et dans certains services en province.
En effet, la colère n’a pas tardé, quelques heures seulement après la nomination de centaines des noms. Des cadres du parti politique Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS) n’ont pas caché leur colère à travers les réseaux sociaux. La colère s’est vite transportée dans la rue, brûlant des pneus et entonnant des chants hostiles à l’autorité provinciale et au Chef de son parti politique Modeste Bahati Lukwebo.
Les commentaires vont dans tous les sens. Certains dans des partis et regroupements de l’Union Sacrée de la Nation accusent le Gouverneur Purusi et Bahati Lukwebo d’avoir principalement privilégié leur parti politique et leur village, familles biologiques et territoire d’origine.
C’est d’ailleurs l’avis du député national Trésor Mutiki qui a réagi vivement en condamnant un cabinet qui n’est pas représentatif des autres territoires du sud du Sud-Kivu.
Pour l’UDPS qui a un Vice-Gouverneur, le Gouverneur Purusi et son autorité morale ont décidé de gouverner sans aucune concession alors qu’ils ne disposent pas de la majorité à l’Assemblée provinciale du Sud-Kivu.
A l’Union pour la Nation Congolaise, c’est également la colère. Même si le parti se prépare à faire une déclaration publique par rapport à la situation, certains cadres et militants ne cachent pas leur déception. Ils accusent Purusi et Lukwebo de vouloir la « mort » de leur parti en province.
Avec au moins 11 députés provinciaux, derrière l’AFDC-A (12), l’UNC estime que l’autorité provinciale ne peut pas gouverner sans tenir compte de sa force politique dans un contexte de coalition.
Comme pour l’UDPS, des militants ont brûlé des pneus protestant contre un cabinet et des nominations qui excluent les principales forces politiques au Sud-Kivu « au profit des familles et des amitiés ».
Des chefs des partis « dribblés »
Dans les coulisses, des responsables des partis, regroupements et autres acteurs se disent dribbles. Pourtant, certains reconnaissent avoir eu des assurances de l’autorité provinciale par rapport à la nomination des personnes sur des listes envoyées à Nyamoma.
Nombreux d’entre eux dénoncent « un manque de sincérité » de la part de leur allié et interlocuteur.
Certains qui se sont confiés à La Prunelle RDC réfutent totalement les allégations selon lesquelles le Gouverneur n’avait pas les mains libres pour désigner les personnes reprises sur les arrêtés.
« Il est juste le reflet de son maître Maradona [en référence au surnom donné à Modeste Lukwebo accusé de dribbler les autres sur le plan politique]. On peut alors comprendre pourquoi il l’a présenté à plusieurs reprises comme son unique candidat Gouverneur », dit un responsable politique au Sud-Kivu.
Dans les rangs de l’Assemblée Provinciale, la déception est également totale. Des députés décrient le « mensonge » et les « fausses promesses ».
En effet, plusieurs parlementaires du Sud-Kivu avaient reçu la certitude qu’ils pouvaient au moins proposer un ou deux noms sur les listes des personnes à nommer. Nombreux d’entre eux ont été désillusionnés.
Dans les réseaux sociaux, des messages audio, des déclarations de certains parlementaires affluent pour dénoncer la monture actuelle du Cabinet et d’autres services.
Le Sud-Kivu est une province très active politiquement. Plusieurs gouverneurs sont démis de leurs fonctions sur base de diverses accusations autour de leur gouvernance. A moins de cent jours de son mandat, le rejet affiché au cours de ces 24 heures contre Jean-Jacques Purusi dans les états-majors des partis politiques est un record alors qu’il y quelques temps, toutes les parties prenantes appelaient à lui donner une chance.
Purusi va-t-il tenter d’apaiser la situation ? Comment cela pourrait-il se faire ? Choisira-t-il d’ignorer les cris de détresse de toutes ces personnalités politiques en les mettant sur le compte de l’aigreur ? En tout cas, son comportement est scruté alors que les Sud-Kivutiens, eux, attendent que leurs conditions de vie soient améliorées. Le temps presse !
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