La situation sécuritaire sur l’ensemble du territoire de Fizi, au sud du Sud-Kivu, est restée relativement calme ce jeudi 18 décembre 2025, au lendemain de violents affrontements signalés le long de la Route nationale numéro 5 (RN5). C’est ce qu’a déclaré Samy Kalondji Badibanga, administrateur du territoire de Fizi, tout en alertant sur une situation humanitaire qu’il qualifie de dramatique en raison des déplacements massifs de populations civiles.
Selon l’autorité territoriale, des combats ont opposé, la veille, l’armée rwandaise soutenant le M23 aux Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), appuyées par les miliciens wazalendo. Les affrontements se sont déroulés sous la RN5, dans le groupement de Bagungwe Nord, secteur de Tanganyika, précisément dans le village de Makobola. À ce stade, aucun bilan officiel n’est encore disponible.
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Ces violences ont provoqué un déplacement massif de la population vers les villages voisins, notamment dans la partie Est du territoire de Fizi. Samy Kalondji Badibanga cite en particulier les villages de Kazimiya, Sombé, Mwayenga, Jine, ainsi que plusieurs localités situées le long du littoral du lac Tanganyika, où un grand nombre de déplacés internes ont trouvé refuge, souvent au sein de familles d’accueil.
L’administrateur du territoire décrit une situation humanitaire extrêmement préoccupante. De nombreux déplacés, démunis, sont hébergés dans des écoles et des églises, dans une zone déjà connue comme foyer endémique de choléra. Il lance un appel pressant aux partenaires humanitaires opérant à Fizi afin qu’ils interviennent d’urgence pour apporter une assistance à ces populations vulnérables.
Un appel similaire est adressé au gouvernement central ainsi qu’au gouvernement provincial du Sud-Kivu. Les autorités locales demandent une aide immédiate en faveur des déplacés répartis dans plusieurs entités, notamment à Sebele, Kongolo, Kazimiya et Karamba. Selon Samy Kalondji Badibanga, de nombreuses familles passent la nuit à la belle étoile, craignant l’avancée de l’armée rwandaise sur le sol congolais, dans un contexte marqué par la prise des villes de Bukavu et d’Uvira par le M23 depuis le 10 décembre 2025.
Cette crainte, explique-t-il, ravive de douloureux souvenirs au sein de la population de Fizi, marquée par des décennies de conflits armés depuis l’arrivée des FDLR en 1996, en passant par les guerres du RCD et du CNDP. Aujourd’hui, les déplacés manquent cruellement de nourriture, de vivres, d’abris et de services de base.
L’administrateur souligne également que le territoire de Fizi, déjà dépourvu de ressources fiscales suffisantes, est totalement débordé par l’ampleur de la crise humanitaire. Il met en garde contre un risque majeur de « génocide sanitaire » si aucune réponse rapide n’est apportée, le choléra sévissant dans cette zone où les infrastructures sanitaires sont quasi inexistantes. Faute de latrines, certaines populations utilisent directement les eaux du lac Tanganyika pour leurs besoins naturels et leur consommation quotidienne.
Malgré ce tableau sombre, Samy Kalondji Badibanga appelle la population au calme et encourage ceux qui le peuvent à regagner progressivement leurs habitations. Il affirme que l’armée congolaise est présente et assure la protection des populations. Il exprime par ailleurs son soutien aux efforts diplomatiques du président de la République, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, engagés sur plusieurs fronts pour le retour définitif de la paix dans l’Est de la RDC, une région en proie aux conflits depuis près de 30 ans, notamment en raison de la convoitise autour des minerais stratégiques.
Enfin, l’administrateur du territoire de Fizi présente ses condoléances les plus attristées aux familles ayant perdu des proches et exprime sa compassion à l’ensemble de la population affectée. « Je suis avec ma population, je suis à Fizi », a-t-il affirmé, réitérant son appel à une mobilisation collective pour venir en aide aux déplacés internes.
Trésor Wilondja et Appoline Kilauli