Une vague massive de déplacés internes est actuellement observée dans la zone de santé de Fizi, au Sud-Kivu, suite à la dégradation continue de la situation sécuritaire dans la région. Ces populations vivent dans des conditions humanitaires et sécuritaires extrêmement précaires, exposées aux noyades, aux bombardements, aux maladies et à la faim.
Selon des sources locales, de nombreux déplacés en provenance d’Uvira se retrouvent aujourd’hui dans l’incapacité de retourner dans leur zone d’origine. Bien que certains constatent une reprise progressive de la vie à Uvira, ils redoutent que les affrontements ne se déplacent désormais vers le territoire de Fizi. Cette incertitude et cette peur ont déjà gagné plusieurs familles des localités de Swima, Mboko, Baraka-centre et Fizi-centre.
Face à cette situation, des milliers de familles hôtes, désormais elles aussi en déplacement, ont pris la route avec les déplacés d’Uvira. Plusieurs empruntent des voies lacustres à bord de pirogues motorisées, espérant rejoindre Misisi, dans le fin fond du territoire de Fizi par la route, ou longer le lac Tanganyika pour atteindre Kabimba et ses environs, jusqu’à Kalemie, dans la province du Tanganyika.
D’importants mouvements de va-et-vient sont signalés à Baraka-centre, une ville fortement militarisée par la présence de soldats FARDC en provenance d’Uvira, ainsi que par l’afflux des combattants Wazalendo.
D’autres déplacements s’effectuent à pied, exposant les populations à un risque élevé d’épuisement. Des hommes sont aperçus transportant quelques vivres, des ustensiles et des matelas, tandis que des femmes, parfois enceintes, avancent avec des enfants à la main le long des routes menant vers les localités les plus reculées de Fizi.
La société civile locale se dit débordée par l’ampleur de la crise, soulignant que l’appel à l’aide peine à être entendu dans un contexte où chacun cherche avant tout à sauver sa vie et celle de sa famille en fuyant les zones de combats. Elle indique que certains déplacés ont pris la direction du Burundi ou de Kalemie via des pirogues motorisées, tandis que d’autres se dirigent vers Ubwari. Une grande masse de la population emprunte également l’axe Ubwari–Kazimia dans l’espoir de rejoindre Kalemie à pied.
Face à cette crise humanitaire et sécuritaire, la société civile lance un appel pressant aux autorités nationales et internationales afin qu’elles s’impliquent activement pour le retour de la paix.
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« Je demande à l’État de chercher une solution. Si c’est le dialogue, tant mieux, car cela pourrait alléger la souffrance d’un peuple innocent. Chaque année, les Congolais endurent des souffrances sans fin. Il est urgent de privilégier une solution pacifique », plaide un acteur de la société civile.
Pour rappel, malgré la détresse de la population, les affrontements entre l’armée régulière, les Wazalendo et leurs adversaires de la coalition AFC-M23 se poursuivent. Une situation qui accentue la peur des habitants et provoque des déplacements massifs, mettant en cause l’efficacité des FARDC et des Wazalendo à contenir et stopper l’avancée des rebelles soutenus par le Rwanda, selon l’ONU, en direction du territoire de Fizi.
Pacifique Lwaboshi

