Intervenons-nous

La question de la révision ou du changement de la Constitution en République Démocratique du Congo continue de faire l’objet d’un débat houleux à travers le pays. Les opposants politiques Moïse Katumbi Chapwe, président du parti « Ensemble pour la République », Delly Sesanga du parti « Envol », et Martin Fayulu, de « Ecidé » tous candidats à la Présidence de la République lors des élections de 2023, ont exprimé leur désaccord avec la proposition de révision ou du changement de la Constitution de la RDC.

Ils ont tous fait connaître leur position dans un message publié sur leurs comptes X (anciennement Twitter) la semaine dernière, un sujet sur lequel s’est penchée la rédaction de La Prunelle RDC ce lundi 18 novembre 2024.

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Delly Sesanga a exprimé ses préoccupations concernant le discours du Président Félix Tshisekedi, qui avait évoqué la révision de la Constitution à partir de Lubumbashi, après un précédent discours similaire à Kisangani.

Il a dénoncé ce discours qu’il qualifie de « mensonger et menaçant », accusant le Président de chercher à justifier ce projet de modification constitutionnelle par des menaces à l’encontre de ceux qui s’opposent à cette révision.

« Qui vous a dit, Monsieur le Président Tshisekedi, que vous avez la charge de limiter l’étendue du débat sur le projet funeste de changer la Constitution de notre pays en menaçant ceux qui expriment des opinions contraires, sous prétexte de manipulation ? », s’est interrogé Delly Sesanga.

Selon lui, la véritable manipulation consiste à faire croire à la population congolaise que la Constitution actuelle empêche le Président de lutter contre la corruption, le détournement des fonds publics et la gestion financière chaotique qui caractérisent son régime.

« Manipulation », a ajouté l’autorité morale du parti « Envol », « c’est quand on essaie de faire croire que ce sont les lois du pays et non les dirigeants eux-mêmes qui sont responsables des échecs du gouvernement ».

Pour Delly Sesanga, la révision de la Constitution risquerait de détourner l’attention des véritables enjeux auxquels le pays fait face.

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« Le Président devrait plutôt se concentrer sur l’amélioration des conditions sociales des Congolais : augmenter le pouvoir d’achat, créer des emplois pour les jeunes, fournir de l’eau potable et de l’électricité, construire des infrastructures comme des routes, des hôpitaux et des écoles de qualité pour tous. Il doit aussi mettre fin à l’insécurité dans l’Est et recouvrer la souveraineté sur les territoires occupés », a-t-il souligné, tout en rappelant que les moyens nécessaires pour lutter contre ces fléaux existent déjà, mais n’ont pas produit les résultats escomptés.

De son côté, Moïse Katumbi Chapwe, président du parti « Ensemble pour la République », a accusé le Président Tshisekedi d’utiliser la révision de la Constitution comme un moyen de rester au pouvoir au-delà de son second mandat.

« Décidément, Félix Tshisekedi ne reculera devant rien pour se maintenir au pouvoir, au-delà de ce second mandat usurpé, et assume fièrement son statut de dictateur », a déclaré Katumbi sur son compte X.

Il a ajouté : « Il prétend que pour mieux diriger, il doit changer la Constitution, qu’il accuse d’être responsable des souffrances du peuple. Sa déclaration stupéfiante concernant l’article 217 de la Constitution, qu’il qualifie de ‘concoctée à l’étranger par des étrangers’, ne fait que montrer son ignorance des principes juridiques fondamentaux. »

Katumbi a averti le Président.

« Félix Tshisekedi joue avec le feu. Il vient de déclarer la guerre au peuple congolais. Comme à Kisangani, il a réitéré sa position de vouloir changer la Constitution à Lubumbashi. Mais je vous le dis, il ne réussira pas. Je me tiendrai debout, aux côtés du peuple congolais, pour lui barrer la route. ».

Il a insisté sur le fait que la Constitution congolaise a été rédigée par les Congolais eux-mêmes et non par des étrangers, soulignant ainsi l’illégitimité d’un changement imposé.

Martin Fayulu, pour sa part, est revenu sur les élections de 2018, qu’il considère comme frauduleuses. Il a réaffirmé que le Président Tshisekedi n’a jamais été élu légitimement et l’a accusé d’usurper le pouvoir.

« Qu’il sache qu’il n’a jamais gagné les élections. En 2018, c’est moi qui ai remporté les scrutins avec 62,11 % des voix. Tshisekedi a usurpé le pouvoir », a déclaré Fayulu.

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Il a ajouté : « Le peuple congolais ne doit pas avoir peur de lui. Nous verrons ce que les Congolais lui réservent. Il parle de l’article 217, mais je lui demande d’aller le lire correctement et de le compléter avec l’article 214. »

Il est important de rappeler que de nombreux acteurs politiques, ainsi que des membres de la société civile, s’opposent également à la révision ou au changement de la Constitution. Ce débat semble prendre de l’ampleur à travers le pays et préoccupe un grand nombre de citoyens.

Pour l’instant, la question de la révision ou du changement de la Constitution continue de susciter de vives inquiétudes au sein de la population congolaise.

Suzanne Baleke

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