Un Consortium d’Organisations Non Gouvernementales des Droits de l’Homme en République Démocratique du Congo (ONGDH-RDC) a exprimé sa profonde inquiétude face aux nouvelles vagues d’arrestations de hauts gradés militaires opérées depuis le 22 mai. La dernière arrestation en date est celle du Général Pierre Banywesize. Ce Consortium appelle urgemment au respect des droits fondamentaux, à la transparence judiciaire et à la préservation de la cohésion nationale.
Parmi les personnalités concernées figure le général de brigade Pierre Banywesize, ancien Chef d’État-Major particulier du précédent président de la République et actuellement commandant adjoint des opérations à Dungu (Haut-Uélé). Il a été interpellé à Kinshasa par les services de renseignement militaire alors qu’il était en attente d’un transfert médical à l’étranger. Depuis, sa localisation est inconnue, et ni sa famille ni ses avocats n’ont pu le joindre.
Autre cas signalé : le Général Banza Kabulo Joseph, ancien commandant second du secteur Sukola 2 au Sud-Kivu, également arrêté à Kinshasa par les mêmes services, sans communication officielle sur les charges retenues contre lui.
Le Consortium rappelle qu’il avait déjà, dans une lettre ouverte au président de la République datée du 13 novembre 2024, dénoncé une série d’arrestations d’officiers supérieurs de l’armée et de la police. Le phénomène s’intensifie : au moins 29 généraux sont actuellement détenus, dont 27 seraient d’obédience swahiliphone, sans compter plus d’une centaine d’officiers et sous-officiers dans des conditions jugées contraires aux normes internationales relatives aux droits humains.
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Violations des droits : opacité, isolement, risques de torture
Le Consortium dénonce notamment :
- L’absence de communication sur les raisons des arrestations et le secret entourant les lieux de détention ;
- Le non-respect des garanties judiciaires, comme le droit d’être assisté d’un avocat, d’être informé des charges retenues, ou de comparaître rapidement devant un juge ;
- Le risque accru de torture, de traitements inhumains ou de détention prolongée sans procès.
Ces pratiques contribuent, selon les ONG signataires, à fragiliser la cohésion nationale, en alimentant un sentiment d’exclusion et de stigmatisation, particulièrement au sein de certaines communautés linguistiques et régionales.
Face à cette situation alarmante, le Consortium formule les recommandations suivantes :
- Localisation immédiate du Général Pierre Banywesize et garantie de son droit de visite par ses proches et son conseil ;
- Organisation rapide des procès pour établir les faits, ou libération des détenus en l’absence de preuves suffisantes ;
- Accès immédiat aux soins médicaux pour les détenus malades, particulièrement le Général Banywesize dont l’état de santé est jugé préoccupant ;
- Respect du droit à un procès équitable et digne pour tous les officiers détenus ;
- Accès aux lieux de détention pour les défenseurs des droits humains et les partenaires internationaux afin d’assurer un monitoring indépendant.
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Dans un climat politique et sécuritaire déjà instable, les ONGDH signataires OCIDC-RDC, CEC, Amis de la Paix, DJFV, DFFV, ABC, AJVK, ACADHOSHA, T-GL asbl, AID, ACDHN, ABM insistent : ce moment exige des signaux clairs d’unité nationale, de traitement impartial et de justice équitable, sans discrimination liée à l’origine régionale ou linguistique. Le Consortium réaffirme enfin son engagement indéfectible à la primauté du droit, y compris au sein de l’institution militaire.