L’arrivée prochaine de Félix Tshisekedi à Goma dans le cadre du mini-sommet des chefs d’États de la région des Grands-Lacs; semble diviser des membres et cadres du parti de Vital Kamerhe, l’Union pour la Nation Congolaise (UNC).
La semaine dernière, Aimé Boji Sangara, Secrétaire Général ai de ce parti, a conduit une délégation de l’UNC qui s’est rendue à Goma; pour préparer l’arrivée du chef de l’État.
Cette descente n’a pas été bien digérée par des membres et cadres de ce parti politique qui quelques jours avant; dès l’annonce de l’arrivée de Tshisekedi à Goma, s’étaient déjà mobilisés pour lui exiger d’amener avec lui leur leader; pourtant détenu à Makala après sa condamnation à 20 ans de travaux forcés par le TGI de Kinshasa/Gombe.
Réitérant les propos de ces militants, le porte-parole de l’UNC dans la ville de Kinshasa, Totshoumany Kisombe; a d’ailleurs estimé que leur Secrétaire Général ai et sa délégation séjournent à Goma pour leurs propres intérêts.
Celui-ci a été le premier à évoquer l’idée de trahison qui serait entrain de se préparer au sein du parti de Kamerhe.
«Je voudrais signifier qu’un délégation de l’UNC conduite par le Secrétaire Général ai de l’UNC Aimé Boji Sangara et l’honorable Mirindi; séjourne à Goma pour leurs propres intérêts. Il ne s’agit nullement d’engager l’UNC. Il y séjourne de sa propre volonté. Nous lui demandons de nous exhiber une feuille de route ou un ordre de mission signé par Vital Kamerhe. Nous n’accepterons pas la politique de trahison. Goma est le fief de Vital Kamerhe. Nous n’accepterons pas que ceux qui sont entrain de le vilipender et de le tuer politiquement; mettent leurs pieds à Goma. Aucune trahison ne viendra de l’UNC.» a dit le Porte-parole UNC/Kinshasa.
Deux camps au sein du parti de Kamerhe?
Les propos de Totshoumany ont vite été refoulés par la Direction politique Nationale du parti. Dans un communiqué signé par Aimé Boji le 20 septembre, celui-ci indique que le Bureau de la Direction politique Nationale de l’UNC; lui a demandé d’initier une procédure de la suspension préventive du Porte-Parole de l’UNC/Kinshasa; qui selon lui a tenu des propos «outrageants à l’égard de la hiérarchie; et tendant à créer des divisions au sein du parti. Problème : plusieurs membres de cette Direction Politique Nationale désapprouvent sa démarche.
Depuis la détention de Vital Kamerhe à la prison centrale de Makala au mois d’avril, deux camps semblent s’affronter à l’intérieur de son parti. D’un côté, les « radicaux » qui ne jurent que par la rupture avec Félix Tshisekedi qu’ils accusent d’humilier leur leader; et de l’autre, des « modérés » qui tiennent à conserver l’accord conclu à Nairobi entre l’UDPS et l’UNC, ayant donné naissance au Cap pour le Changement.
L’aile dure de l’Union pour la Nation Congolaise n’accepte pas que ceux qui sont en train de tuer politiquement son chef de file, mettent les pieds à Goma, l’un des fiefs de l’ancien speaker de l’Assemblée nationale.
Cette visite annoncée du président de la République à Goma est la goutte d’eau qui fait donc déborder le vase.
Aimé Boji soutenu par la haute hiérarchie?
Il est pour l’instant difficile d’affirmer que Aimé Boji bénéficie du total accord de la haute hiérarchie du parti dans ses initiatives; alors que même les plus proches de Kamerhe , de surcroît membres de la Direction Politique Nationale n’ont pas soutenu sa visite à Goma.
C’est le cas du député Amato Bayubasire, député national élu du territoire de Walungu dans la province du Sud-Kivu.
Même si celui-ci espère que le Secrétaire Général ne peut pas avoir trahi et «il ne peut pas»; il estime par contre que la caravane motorisée, le discours devant les militants à Goma et autres initiatives menées par sa délégation à Goma; ne devraient pas avoir lieu dans le contexte politique actuel.
«Je doute fort que certains actes ont été concertés avec la Direction politique nationale du parti. Notamment la caravane motorisée, le discours devant les militants à Goma et le Cinyabuguma. Si ce qui nous est reporté est vrai, tout ce qui est relaté devrait s’organiser ailleurs; mais au Kivu en ce moment, ce n’est pas facile. A Walungu où je suis, la population à l’unanimité sait vous designer qui a arrêté VK; et de qui elle attend sa libération. Elle est claire là-dessus, et n’attend aucune concession sur ce sujet. Je salue la vigilance de certains cadres du parti. On se surveille, et c’est une bonne chose pour recadrer notre comportement à nous tous» dit ce député, par ailleurs proche de Kamerhe.
De leur côté, les militants de l’UNC/Goma tiennent mordicus à ce que le Chef de l’État arrive avec leur leader; comme lors de la campagne de l’élection présidentielle de 2018.
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Ces derniers estiment que ceux qui leur disent de venir accueillir le Président de la République; ont été corrompus par lui, et insistent qu’ils ne céderont à aucune manipulation.
« De prime à bord, monsieur le Président, nous vous disons que nous les enfants de Goma nous ne vous souhaitons pas le bienvenu. Vous avez gagné ces élections avec votre partenaire le président Vital Kamerhe. Nous sommes au regret de vous dire que nous sommes habitués à vous recevoir à deux. Venir seul et laisser votre frère, votre beau-frère et partenaire en prison, est une pilule qui ne passe pas. Malgré qu’aucune preuve matérielle n’a été présenté par le procureur, 10 demandes de liberté provisoire rejetées, vous laissez faire ses bourreaux sans intervenir en votre qualité de magistrat suprême. » avaient écrit à Tshisekedi, des Gomatraciens qui s’identifient comme base de l’UNC de Vital Kamerhe.
A quoi donc joue Aimé Boji Sangara? Allons-nous assister aux scénarii Bitakwira, Ewanga ou encore Kangudia? Ce qui est sûr, est qu’à l’heure actuelle; nombreux au parti de Kamerhe sont tentés de mettre les pieds de l’autre côté; au nom des avantages dus au pouvoir. Est-ce le cas de cet homme connu comme fidèle à Vital Kamerhe ?
En attendant que la suite des événements détermine la situation réelle; il est parfaitement clair qu’au Kivu, l’arrivée de Tshisekedi est très mal vue; et certaines brebis galeuses pourraient tenter de « s’émanciper » de la tutelle de Kamerhe; pour penser se refaire une santé financière et politique en vendant du vent à leur allié l’UDPS. Malheureusement, ou heureusement, les derniers événements ont démontré qu’on peut encore compter sur Kamerhe.
Museza Cikuru