Les Nations Unies alertent sur une crise humanitaire d’une gravité exceptionnelle au Sud-Kivu. Jeudi, le Secrétaire général António Guterres a exprimé une profonde inquiétude face à la montée fulgurante de la violence dans cette province de l’Est de la RDC, dénonçant une offensive rebelle qui a provoqué plus de 200.000 déplacés depuis le 2 décembre.
Selon son porte-parole Farhan Haq, cette vague de déplacements massifs traduit l’ampleur d’une détérioration rapide et révèle l’incapacité des mécanismes de protection à endiguer les attaques qui frappent les civils.
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L’ONU accuse directement l’Alliance Fleuve Congo – Mouvement du 23 mars (AFC-M23) d’être à l’origine de cette escalade, en menant des offensives meurtrières dans des localités stratégiques telles que Kamanyola, Uvira et Luvungi. Les assauts ont coûté la vie à des civils et provoqué de nouveaux déplacements dans une région déjà éprouvée par des années d’instabilité.
Cette recrudescence survient sur fond de tensions diplomatiques persistantes. L’AFC a qualifié le récent accord de paix parrainé par Washington entre Kinshasa et Kigali de « limité, mais utile ». Pourtant, les accusations demeurent : les autorités congolaises et plusieurs pays de la région estiment que le Rwanda continue d’apporter un soutien militaire au M23 depuis 2021, des allégations que Kigali rejette systématiquement.
António Guterres appelle à une « cessation immédiate et inconditionnelle des hostilités », conformément à la résolution 2773 (2025) récemment adoptée par le Conseil de sécurité. Cette résolution condamne explicitement le soutien présumé du Rwanda au M23 et exige le retrait de ses forces des territoires congolais.
L’ONU exhorte également toutes les parties à respecter les engagements pris dans les Accords de Washington pour la Paix et la Prospérité (4 décembre) et dans le Cadre de Doha (15 novembre), deux processus diplomatiques considérés comme essentiels pour éviter l’effondrement total de la situation sécuritaire.
Pour l’organisation, la crise actuelle dépasse largement les frontières locales. Si les hostilités se poursuivent, l’Est de la RDC s’expose à un risque majeur d’embrasement régional, compromettant des années d’efforts diplomatiques pour stabiliser la région des Grands Lacs.
« La balle est désormais dans le camp des parties prenantes », avertit l’ONU, insistant sur la nécessité de traduire les engagements politiques en actions concrètes sur le terrain afin d’éviter l’irréparable.
Joseph Aciza

