Nous, professeurs de l’Université de Kisangani réunis en Association des Professeurs Kisangani (APUKIS); Profondément consternés et préoccupés par la violation des libertés académiques et le lynchage public dont a été victime notre collègue le Professeur Alphonse Maindo Monga Ngonga dans l’exercice de sa mission de service à la communauté en date du 10 juin 2022 vers trois heures du matin.
Pour rappel, le Professeur Alphonse Maindo Monga Ngonga, politiste de formation, est un intellectuel engagé en faveur de la paix durable et des droits humains dans son pays, la République Démocratique du Congo. Son interprétation et ses analyses des faits sociopolitiques n’enchantent pas certaines autorités politiques, militaires et sécuritaires de la province de la Tshopo qui ont décidé de s’en prendre à lui, en violation flagrante de ses droits fondamentaux et des libertés académiques.
Cette violation se traduit par l’assaut de plusieurs dizaines des militaires de la 31eme région militaire des Forces armées de la République Démocratique du Congo, sans mandat de perquisition sur instruction du commandant de la 31ème région militaire (Général Kabengele Kazadi), prétextant que ce dernier hébergerait des ADF et soldats rwandais dans sa résidence sise sur l’avenue Abamba dans la commune de la Makiso à Kisangani.
Le Professeur Alphonse Maindo avait refusé de leur ouvrir le portail de sa résidence, exigeant un mandat de la justice, le respect des heures légales de perquisition, la présence de ses avocats et des observateurs neutres.
Finalement, vers 8h du matin, ces conditions ayant été réunies, il avait finalement accepté d’ouvrir sa résidence pour la perquisition par les militaires conduits par le colonel Benjamin Kapiamba Kapios qui a été rejoints plus tard par le redoca Gustave Amuri de l’ANR, un officier de la DGM, un officier supérieur de la police nationale, en présence du Bureau conjoint des nations unies aux droits de l’homme et des avocats du professeur, en l’absence des officiers du ministère (civil ou militaire).
La perquisition méticuleuse s’est soldée par une absence totale de ce qui était recherché : aucun ADF trouvé, aucun soldat rwandais, aucun effet militaire. Le colonel Kapiambaa emporté les effets des gardiens du professeur (4 tenues, un imperméable, une paire de bottes), son matériel de vidéosurveillance, un fusil de chasse calibre dûment enregistré à la mairie de Kisangani depuis 2015 avec 25 cartouches. Pire, le prétendu élément ADF arrêté et qui serait passé aux aveux est un jeune de Mangobo, Bloc Mambiza, souffrant des troubles psychiques et connu comme tel dans la ville.
Il est clair que le professeur Alphonse Maindo Monga Ngonga est victime d’un montage grotesque visant à l’intimider, le dénigrer et le museler pour obtenir de lui un silence total sur la qualité de la gouvernance politique de la RDC.
Ce complot contre notre collègue va à l’encontre de la nécessaire indépendance des universitaires dans leurs domaines de recherche et d’enseignement. La liberté universitaire est la liberté que le personnel universitaire doit avoir en matière de recherche scientifique, d’enseignement et d’expression, sans subir de pressions économiques, politiques ou autres.
Rappelant que notre pays a souscrit à de nombreux textes juridiques tant internationaux que régionaux et sous-régionaux protégeant les droits humains, les libertés fondamentales, et les libertés académiques, considérant la triple mission de l’université (recherche, enseignement et service à la communauté qu’il faut éclairer par des opinions savantes), il incombe aux autorités tant civiles que militaires de les respecter.
Affirmant notre soutien total au Professeur Alphonse Maindo Monga Ngonga, nous demandons que la justice soit rendue pour mettre fin aux propos diffamatoires et nous réclamons aux autorités politiques, militaires et sécuritaires de :
-Procéder publiquement au démenti du complot mortifère à l’encontre de notre distingué collègue Alphonse Maindo dont le sens élevé de patriotisme n’est plus à démontrer; :
-Diligenter une équipe pour évaluer les préjudices matériels et psychologiques subies par la victime et ses proches afin de les réparer ;
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-Identifier les présumés auteurs de ce complot et les poursuivre devant les juridictions;
-Restituer les biens du Professeur qui ont été emportés par les éléments de la 31ème région militaire sous l’ordre du colonel Benjamin Kapiamba Kapios.
Fait à Kisangani, le 25/06/2022
Pour l’APUKIS,
Pr Ediba Yengeme, Vice President
Pr Ngute Novato, Président