Intervenons-nous

    Le Secrétariat général de la CENCO a fermement réagi aux propos tenus par le Vice-Premier Ministre Jean-Pierre Bemba à l’endroit de l’Église catholique de la République Démocratique du Congo. Dans une déclaration, l’Église a exprimé sa stupeur face à des accusations jugées fausses, menaçantes et irrespectueuses. La CENCO a dénoncé les attaques et les insinuations de Bemba, notamment ses propos sur des « politiciens en robes », jugés indécents pour un homme d’État.

    Jean-Pierre Bemba avait critiqué les projets financés par le gouvernement, suggérant que les fonds alloués aux diocèses pour les œuvres caritatives et de développement pourraient avoir été détournés.

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    Parlant de l’Eglise catholique, le ministre des Transports et Voies de Communication a commencé par affirmer que le Président de la République a accordé, à chacun des 47 diocèses de la RD Congo, la faveur de bénéficier d’un montant de 1.000.000$ pour la construction des œuvres caritatives et de développement. Une première dans l’histoire de notre pays, s’est-il exclamé. Ensuite il s’est interrogé si les ouvrages financés ont été réellement réalisés, insinuant par le fait même que les fonds octroyés pourraient avoir pris une autre destination.

    La CENCO a réagi en soulignant que les fonds avaient été attribués suite à un accord avec le gouvernement congolais, à la demande du Président Félix Tshisekedi, et que ces fonds avaient été utilisés pour des projets sociaux dans les 47 diocèses du pays. Elle a également rappelé que la majorité des diocèses avaient travaillé sur ces projets, malgré des retards dans le financement.

    La CENCO a insisté sur la transparence et la loyauté, précisant que toute malversation financière serait sanctionnée. Elle a invité Jean-Pierre Bemba à fournir des preuves concrètes des allégations qu’il a faites, notamment celles concernant les fonds et la prétendue collaboration avec des acteurs étrangers pour manipuler le processus électoral.

    « La vérité est qu’il y a plus de deux ans, à la demande personnelle et insistante du Président de la République, conformément à la mise en application de l’Accord-Cadre entre le Saint-Siège et la République Démocratique du Congo sur les matières d’intérêt commun, le Gouvernement de la RD. Congo et l’Église Catholique ont convenu de collaborer pour la mise en œuvre des projets sociaux et économiques à impact visible en faveur des populations locales à travers les 48 diocèses de la RD Congo. Sans jamais avoir été demanderesse, et surtout dans le souci de rendre service à la population, de bonne foi, l’Eglise s’est engagée. Auréolée de son expérience incontestable en matière de développement et des avantages de son omniprésence en territoire congolais, elle a accepté cette lourde charge en vue de contribuer au bien commun des Congolaises et Congolais qui, comme on le sait, est souvent compromis à cause de la mauvaise gouvernance et de la corruption. Signalons toutefois que, pour des raisons pertinentes, largement compréhensibles, l’Archidiocèse de Kinshasa s’est abstenu d’accéder aux fonds », explique la CENCO.

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    Elle a également rappelé que l’Église catholique, indépendamment du soutien gouvernemental, réalise chaque année d’importantes œuvres d’utilité publique, comme des écoles, des hôpitaux et des infrastructures essentielles pour le pays.

    « A ce jour, plus de deux ans après cet accord, seulement deux tranches de 300.000$ ont été données, la première en 2022 et la deuxième en 2023 ; soit 600.000 dollars par diocèse. Tous les diocèses se sont mis à l’œuvre. Certains ont même reçu la visite du Conseiller principal du Président de la République en charge des questions religieuses. De toute manière, un rapport en bonne et due forme des œuvres réalisées, avec des images à l’appui, a été remis en mains propres au Chef de l’Etat. Celui-ci n’a pas caché sa pleine satisfaction. Une copie de ces réalisations a été donnée aussi à Madame la Première Ministre. Par souci de loyauté et de transparence, en collaboration avec la presse de la présidence de la République, le Secrétariat général de la CENCO a réalisé une émission sur le travail accompli ».

    Tout en critiquant les accusations de Bemba, la CENCO a rappelé l’importance de la mission de l’Église, qui œuvre pour la paix, l’unité et la justice, et a appelé à un respect mutuel entre les institutions. Elle a également souligné que l’Église ne cautionne pas toutes les actions du gouvernement et que son rôle est de promouvoir la vérité et la justice.

    Enfin, la CENCO a remercié le gouvernement et le Président Tshisekedi pour la confiance accordée à l’Église dans la réalisation de projets à impact visible, précisant que l’objectif n’était pas d’acheter le silence de l’Église, mais de répondre aux besoins urgents du pays.

    Par ailleurs, la CENI dit avoir apprécié le fait que le VPM, ministre des Transports et Voies de Communication ait rappelé la mission des hommes de Dieu de rassembler tous les fils et filles de la RDC, de parler de la paix et de l’unité.

    « La question fondamentale est celle de savoir comment, lui et ses alliés, ont-t-ils accueilli les multiples appels de la CENCO, ces dernières années, au respect des principes démocratiques et des droits de l’homme, à la transparence du processus électoral, à l’organisation des concertations des représentants des forces politiques et de la société civile afin de renforcer la cohésion nationale et d’affronter ensemble les défis sécuritaires ? ».

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    Pour la CENI c’est au nom de la même paix sociale que la CENCO demande, dans les circonstances actuelles, de ne ni réviser, ni changer maladroitement et imprudemment la Constitution.

    « C’est toujours au nom de la paix que la même Eglise catholique avait demandé au VPM Jean-Pierre Bemba de ne pas s’engager dans un conflit armé post-électoral ; conflit qui a fait plus de 200 morts dont les enfants en uniformes en 2007, en pleine ville de Kinshasa. Où trouve-t-on la haine dans les messages de l’Eglise catholique ? Nous réclamons des preuves tangibles ! Aussi faut-il rappeler qu’aimer quelqu’un ne signifie pas applaudir même ses erreurs. A cet égard, nous souhaitons ardemment que le Vice Premier Ministre Jean-Pierre Bemba se souvienne que l’Eglise qu’il vilipende avec dédain depuis quelque temps est la même dont il avait bénéficié de deux précieuses visites pendant qu’il était en prison à la Haye. La vérité de l’histoire, renseigne la sagesse, résiste à la frivolité du temps ». 

    Elle a terminé en invitant Jean-Pierre Bemba à écouter davantage avant de prendre la parole, citant Confucius : « Si l’homme a deux oreilles et une bouche, c’est pour écouter deux fois plus qu’il ne parle ».

    Jean-Luc M.

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