Premier Vice-Président de l’Assemblée Nationale, le député Jean Marc Kabund vient de jeter l’éponge. La démission du président a.i de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS) est annoncée par lui-même ce vendredi 14 janvier 2022 sur son compte Twitter.
« En ce jour je prends la décision de démissionner de mes fonctions de 1er VP de l’AN. Ainsi s’ouvre une nouvelle page de l’histoire, qui sera écrite avec la sueur de notre front, qui coulera chaque jour qu’on affrontera les brimades, humiliations et tortures… » écrit JM Kabund.
La démission de celui qui dirige actuellement le parti présidentiel intervient plus d’un jour après le vandalisme dont a été victime sa résidence, de la part des éléments de la Garde Républicaine (GR).
Contexte
En effet, mercredi 12 janvier, la garde rapprochée de Jean-Marc Kabund a brutalisé physiquement un élément de la Garde Républicaine qui conduisait, rapporte-t-on, un des membres de la famille du Président de la République.
Sur la vidéo qui a fait le tour du web, on y voit un miliaire, membre de la garde républicaine, assis dans un véhicule et qui se dispute avec des policiers se tenant à la portière. Selon les premières informations, ce dernier s’opposait à l’interpellation des occupants de la voiture roulant à contresens. Paroles contre paroles, muscles contre muscles, le bras de fer n’a pas été long. Son arme lui a été ravie. La résistance n’avait pas duré trop longtemps. Il a été sorti de force du véhicule et a été embarqué.
Un acte qui a été suivi par une sorte de descente punitive de ces éléments de la Garde Républicaine, le même jour au domicile du premier vice-président de l’Assemblée nationale.
Les policiers commis à sa garde n’avaient pas tenu longtemps et n’ont visiblement pas fait preuve d’une grande opposition. Dans la nuit de mercredi, d’autres vidéos ont circulé sur la toile. Elles sont tournées à la résidence du dirigeant de l’UDPS. Tout ou presque est sens dessus dessous: meubles, portraits, tableaux, documents vandalisés, et d’autres objets à même le sol.
Silence à l’Assemblée nationale et à l’UDPS
Quarante-huit heures après ces malheureux événements, aucun animateur des instances officielles n’a daigné s’exprimer sur ces incidents qui ont sérieusement écorné l’Etat de droit que prône le parti tshisekediste au sommet de l’Etat. Des observateurs se demandent ce que signifie ce silence quand on sait que celui qui est au centre de cette affaire de bout en bout, en amont comme en aval, est l’un des hommes forts du pouvoir de Fatshi !
Ce mutisme amène les observateurs à se perdre en conjectures sur les tenants et aboutissants de graves incidents d’avant-hier. Des questions se bousculent. Simple coïncidence ? Règlement de comptes ? Version congolaise de la révolution qui bouffe ses propres enfants ? Ce qui est certain, les jours à venir apporteront un peu de lumière à ce questionnement. Même alors, il y aura un avant et un après «attaque de la résidence de Kabund».
Outre l’UDPS officielle, l’opinion ne s’explique pas que le Bureau de l’Assemblée nationale ou tout au moins son président tarde encore à réagir à l’attaque du domicile du premier vice-président de la Chambre. Car, il s’agit d’un cas de violation de domicile d’un citoyen, d’un élu, et qui, plus est, d’un membre du Bureau de la Chambre basse du Parlement.
Pour nombre de Congolais, quelle que soit la faute qu’aurait commise antérieurement Jean-Marc Kabund, rien ne pouvait autoriser les éléments de la Garde républicaine à violer son domicile. Si plainte devait y avoir, soutient-on, c’est au niveau de l’Auditorat militaire que le lésé aurait dû se plaindre pour d’éventuelles poursuites judiciaires.
Même là aussi, on s’interroge sur le silence de l’institution mère de l’Etat de droit qu’est le Parlement, en l’occurrence l’Assemblée nationale. Selon Forum des As, on pouvait s’attendre au minimum à un message de protestation contre la violation de la propriété du député Kabund, ou à un message de solidarité voire de sympathie par rapport au saccage de sa résidence, indépendamment des raisons qui ont conduit à ces incidents.
Peut-être que dans les deux situations, le cas Kabund est suffisamment sensible pour que l’on se prononce sans tourner sa langue 7 fois, l’homme étant un pilier du régime. L’implication d’un membre de la famille présidentielle d’une part, et du corps d’élite de l’armée de l’autre explique sans doute ce mutisme.
Pour rappel, Jean-Marc Kabund avait été démis de ce poste par ses collègues en mai 2020, lors que l’Assemblée nationale était encore dominée par les fidèles de l’ancien président Joseph Kabila. Il a été élu une nouvelle fois à ce poste en février 2021, à la suite de la fin de la coalition FCC-CACH.
Pour l’instant, il est difficile de dire avec précision ce qui a conduit à la démission de Kabund à son poste au sein du Bureau de l’Assemblée Nationale. Beaucoup attendaient sa démission plutôt au sein de l’UDPS, en cas de malentendu. Mais les prochains scénarios nous en diront plus certainement.
Bertin Bulonza