Intervenons-nous

Le 2 Janvier 2022 est le cinquième numéro de votre chronique « Mon point de vue » présenté par le Révérend Nicolas Kyalangalilwa et ce numéro, il revient sur les grands sujets qui ont marqué l’actualité en 2021 et faire quelques projections sur celles qui pourraient être les tendances en 2022.

« Sur le l’échiquier Politique

Trois évènements majeurs ont été observés au niveau national et ont marqué l’actualité. L’effectivité de l’Union Sacrée de la Nation- un président de l’AN a été choisi, un président de la chambre haute ainsi qu’une reconfiguration de la majorité. Un coup de force politique que d’aucun pensait impossible a été relise résultant en la démission du gouvernement Ilunkamba après une courte résistance. Mais que pouvait le vieux devant l’ouragan de changement politique en RDC et le silence de son protecteur, le sénateur à vie ? Ce qui avait commencé comme une rumeur est devenue une réalité.

Lire aussi: Instabilité provinciale : que Kinshasa laisse les provinces en paix ! (« Mon point de vue » Ep.3)

Bien que constituée des transfuges, l’USN est devenue une réalité politique incontournable. De cette majorité politique un nouveau gouvernement conduit par Mr Sama Lukonde a été mis sur pied. Ce gouvernement sera suivi de la désignation et mise en place des animateurs de la CENI. Un processus qui a connu beaucoup des secousses et casses mais qui s’est parachevé en décembre avec la désignation des trois délégués de l’opposition.

La libération de Vital Kamerhe, président National du parti UNC et ancien Directeur de cabinet du Chef de l’Etat, aura été un des évènements politiques (ou judiciaires selon le cas) le moins attendu et le plus révélateur des tendances politiques actuelles au niveau national qui nécessitent une attention particulière.

Au niveau provincial, l’actualité politique aura été dominée par la chute du gouverneur Théo Ngwabidje après deux motions (mars et décembre). La dernière motion aura eu le mérite d’avoir glané suffisamment des voix pour voir le gouvernement Ngwabidje tomber. Ce gouvernement qui n’avait que trois mois était pourtant sensé calmer les tensions politiques en province. Décidément, il aura été le déclencheur de la chute du Gouverneur et de son équipe, même si celui-ci ne s’avoue pas vaincu et multiplie les stratagèmes pour se maintenir au pouvoir. L’avenir nous dira s’il réussira ou si son sort est définitivement scellé.

Sur le plan sécuritaire, 2021 a été dominé comme les années précédentes par l’activisme des groupes armés avec comme conséquences des tueries et des déplacements massifs des populations particulièrement à l’Est de la république. Il est plus que certains maintenant qu’une branche djihadiste s’est installée dans le Nord-Kivu causant désolation de tout genre.

Les villes de Goma et de Bukavu n’ont pas été épargnées des attaques. Et cela malgré la proclamation de l’Etat de siège sur les deux provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri. On notera aussi l’entrée des troupes étrangères (Kenya, Uganda, Burundi et Rwanda) pour entre autre aider les forces de sécurité congolaises à mater ces groupes armés et cela malgré la présence de la MONUSCO qui, du reste, a une brigade d’intervention avec mandat de protéger les civils.

Tous les signes démontrent de la difficulté à laquelle fait fasse le gouvernement congolais pour faire taire les armes dans la partie est. A ceci, il faut ajouter l’insécurité urbaine qui est quasi-permanente et continue à être nourrie par cette masse des jeunes désœuvrés qui ne savent à quel saint se vouer pour nouer les bouts du mois.

La polémique sur le Coronavirus ainsi que la disponibilité des vaccins a dominé les débats sur le plan sanitaire. La troisième vague s’est montrée plus meurtrière que les vagues précédentes. Et pourtant la vaccination avance à pas de tortue. Il y a eu quelques cas du virus Ebola et du choléra ainsi que du monkeypox qui ont été signalés çà et là.

Dans le domaine du social, les grèves à répétition dans presque tous les secteurs sous tutelle de l’Etat congolais ont été observées. Des tensions communautaires sur fond des enjeux politiques ont été notées çà et là au travers la république avec des discours de haine de plus en plus violents et courants. L’exploitation illicite des minerais à Mwenga (Chinois) a été un sujet qui a dominé les esprits aussi bien en province qu’au niveau national et international pendant un temps.

Perceptives pour 2022

Les perspectives pour 2022 ne sont pas trop intéressantes. D’un point de vue général, il n’y aura pas des grands changements sur tous les plans. Des petites avancées çà et là mais 2022 risque de finir comme 2021 avec un gout mi- amer, mi- sucré.

Sur le plan Politique, il faudra s’attendre à une reconfiguration (ou élargissement) de l’USN ou carrément la création d’une nouvelle coalition qui va ratisser large afin de permettre un « glissement » paisible et non tumultueux.

Il est plus que clair que les élections n’auront pas lieu en 2023. Le Président Felix devra donc négocier ce virage avec grande dextérité.

Je ne sais pas encore comment il va rassembler tous ces extrémistes, mais on se souviendra tous du FCC-CACH et donc c’est une entreprise qui a ses chances de réussite.

Cette large coalition sera la résultante des négociations politiques pour un glissement, et comme toujours, il y aura un partage du « gâteau », un nouveau courant et un nouveau gouvernement.  

Quel rôle les leaders emblématiques du Sud-Kivu joueront dans ces nouvelles configurations, je donne ma langue au chat. Il y aura aussi une reconfiguration en province avec l’élection d’un nouveau Gouverneur et son adjoint ainsi que la formation d’un nouveau gouvernement en province du Sud-Kivu sur fond des tractations et accord au niveau national.

Lire aussi: RDC : Tshisekedi et la Justice (Mon Point de vue Ep.2 )

Il sied de noter qu’il y a des provinces où les intérimaires sont en fonction depuis plus de dix-huit mois. C’est cela l’actualité. Espérons que tel ne sera pas le cas pour le Sud-Kivu ! Mais cette option n’est pas à exclure.

2022, verra aussi le début du processus électoral avec la désignation des animateurs en province, la publication d’un calendrier, ainsi que la définition d’un cadre légal devant conduire aux élections.

Sur le plan de la Santé, la fin du Covid-19 serait envisageable si la 4ème vague ne vient pas tout gâcher surtout à cause du faible taux de vaccination et de la résistance accrue au Vaccin par la population. Comme toujours, on verra une crise d’une maladie surgir ça et là à moins que des mesures drastiques ne soient prises pour rendre le système de sante plus efficace et moins onéreux.

Sur le plan de la Sécurité, je ne m’attends pas à trop de changement. Il y a aura peut-être une accalmie apparente et de courte durée si les opérations sur terrain portent des fruits et le programme de désarmement travaille efficacement. Mais ce ne seront là que des résultats de courte durée si les réformes profondes de l’armée, des services de sécurité ainsi que de la justice ne sont pas initiées. Il faudra aussi des initiatives non militaires pour trouver des solutions aux vraies causes de l’instabilité (problèmes fonciers, questions identitaires, chômage des jeunes, etc.) si on veut que ces résultats durent.

Sur le plan de Développement et Social, on observera la fin temporaire de grèves avant qu’elles ne reviennent encore 12-18 moins plus tard. La prime fait son retour petit à petit dans les écoles primaires consacrant ainsi la mort et l’abandon de la gratuité de l’enseignement pourtant censée être une mesure phare du quinquennat du President Felix. Au moins si le projet de développement des 145 territoires est lancé avec objectivité et sérieux, un début de changement pourra s’opérer. Mais qui sait si cela est possible quand on se souvient du fiasco d’un autre programme, celui de 100 jours ?

« L’histoire nous apprend le passé afin de nous aider à comprendre le présent et ainsi éviter de commettre les mêmes erreurs dans le futur » dit-on. C’est le sens de cette analyse. Je ne suis pas prophète mais c’est comme ça que je vois 2022, et vous quelles sont vos projections sur base de l’analyse de 2021? »

Rév Nicolas Kyalangalilwa

Acteur de la Société Civile

A propos de « Mon point de vue » 

« Mon Point de vue » est une chronique d’analyse de l’actualité provinciale, nationale et régionale animée par Nicolas Kyalangalilwa, célèbre, fervent acteur de la Société Civile et diffusée sur la radio Jambo FM émettant sur 92.0 MHz à Bukavu au Sud-Kivu. Elle est diffusée tous les lundis, jeudis et dimanches à 20 heures 15. La rediffusion de ces épisodes se fait les mardis, vendredi et lundi à 8 heures du matin. LaPrunelleRDC vous les proposera également en écrit et en audio.

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