Intervenons-nous

La République Démocratique du Congo traverse en ce moment une situation plutôt inédite et digne d’un pays des théâtres au sommet de l’État.

En effet, s’il n’est l’ombre d’aucun doute que pour accéder à la magistrature suprême, un opposant a besoin des foules, des millions de personnes, il cesse cependant d’être ce militant, ce personnage clivant en devenant le président de tous.

Mais en République Démocratique du Congo, c’est visiblement le contraire : le président a choisi d’haranguer les foules, de nourrir la polémique depuis une semaine au point de sacrifier les besoins essentiels des habitants.

Il faut dire que depuis le vendredi de la semaine dernière, les médias Kinois ont rapporté un incident au cours d’un Conseil des ministres. Tshisekedi aurait claqué la porte quand il a découvert que le ministre de la justice a déjà transmis unilatéralement les avis du gouvernement sur les 3 propositions des lois des députés Minaku et Sakata qui suscitent des vives protestations particulièrement chez les militants UDPS.

Ce vendredi 3 Juillet, c’est un autre incident qui a été créé par le même Chef de l’État en demandant, selon les médias kinois au ministre concerné de se déconnecter de la visio-conférence au cours du traditionnel Conseil des ministres. Il lui aurait demandé de demander à « Ye meyi » de lui trouver un remplaçant à cette réunion du gouvernement.

Émotion et populisme

L’attitude de Tshisekedi, si elle est vue, comme une décision « béton » par ses partisans qui veulent l’amener à la rupture avec le camp Kabila, laisse transparaître les attitudes d’un Chef d’État instable émotionnellement et qui peut agir brutalement pour « imposer » sa voix dans un gouvernement de Coalition.

Il s’agit pour l’ancien président intérimaire de l’UDPS de donner un signal chez ses camarades « combattants » que c’est lui qui tient les commandes et pas l’ancien Président Joseph Kabila.

Des gestes qu’il multiplie pour également, apprend-ton, rassurer Washington, à qui il donnerait rapport tous les jours via son ambassadeur en RDC ; qu’il a la situation en mains et qu’on peut compter sur lui.

Des opérations de comm qui se conçoivent et s’exécutent malheureusement avec brutalité et pas digne d’un Président du pays-continent qu’est la RDC.

Des solutions institutionnelles

Célestin Tunda, Kabiliste prêt à tout pour défendre son boss de Kingakati a été interpellé le samedi dernier sur ordre du Procureur près le Conseil d’État. Une interpellation qui avait créé des véritables incidents au sein des institutions avec notamment la correspondance du premier ministre Ilunga Ilunkamba rappelant pratiquement le président à l’ordre.

Un dossier qualifié par plusieurs connaisseurs des rouages politiques et judiciaires comme étant de l’ordre administratif avant le pénal aurait été classé sans suite, selon l’avocat de Tunda.

Depuis, les partisans de Tshisekedi s’étaient sentis « humiliés » surtout comme le ministre a déclaré que « ye meyi » [référence à Kabila] lui a demandé de ne pas avoir peur. Tel un wewa, ou un « taliban » [surnom donné à un combattant violent de l’UDPS] qui veut en découdre avec son adversaire sans connaître vraiment la raison, Tshisekedi attendait sa revanche.

La Constitution de la République Démocratique du Congo lui donne la possibilité de nommer et de révoquer mais tout cela avec le Premier ministre qui est de l’autre camp dans un contexte d’une coalition contre-nature. A ce point, il sait qu’il n’a pas trop les mains libres.

Alors que la justice a été saisie pour y apporter une réponse, Félix-Antoine Tshisekedi, chantre de « l’État de droit » où chaque institution doit faire son travail ne devrait-il pas se remettre à la décision des magistrats et laisser son ministre siéger s’il a été décidé ainsi ? Pourtant, en se débarrassant de son allié Kamerhe, sur injonction des États-Unis, apprend-ton, Tshisekedi avait loué le début d’un État de droit. Ne devrait-il pas également accepter qu’il peut perdre une bataille en justice ? Ou ne peut-il pas suivre des procédures administratives pour arriver à la sanction contre un membre du gouvernement? Faut-il nécessairement créer des incidents à médiatiser?

Malheureusement, quand c’est lui, notre président choisit la manière forte : l’intimidation, l’émotion aux allures d’une dictature naissante mais cette fois couronnée de la bénédiction des partisans de Kinshasa qui pensent que tout est permis pour se débarrasser des alliés après des accords pour une gestion consensuelle.

Lui, le fils du défunt sphinx de Limete peut se réjouir de lire sur les réseaux sociaux, les acclamations des partisans et courtisans et passera sûrement une nuit paisible après un tour sur Twitter. Content d’avoir agi par des méthodes dictatoriales et dans l’émotion ! La polémique vient cette fois du sommet de l’État. On peut d’abord s’en contenter pour ces années d’avant 2023 !

LaprunelleRDC

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